HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 18 ✥ part II

Partie 2/3

Bien chanceux qui sortirait une idée fixe de la tête d'Isadora Heidi Meiridies. Will avait tenté, en vain. Puisqu'elle se rendait à Balmer, en visite à son lutin, elle avait décidé d'embarquer le créateur dans ses bagages. Le cahier de charges de W.M ? Broutille. Les deadlines des projets de Will et ses rendez-vous professionnels ? Bagatelle. Heureusement, Will Malroy était son propre patron. Mais depuis qu'il « allouait » la moitié de son loft à la jeune femme, il vivait de quiproquos et perplexité.

— Princesse, tu ne peux pas balayer d'un revers ce qui ne te convient pas. Tu apprends à respecter mon agenda, si tu veux que je suive le tien. C'est un échange.

Il tentait de lui inculquer des notions sur lesquelles ses éducateurs s'étaient montrés laxistes. Le politiquement correct échappait à Heidi. L'imputer à son syndrome d'Asperger revenait à prendre un raccourci erroné. Parfois, elle en abusait sciemment. À force d'échecs, Will commençait à saisir l'équation de sa psyché. Il ne fallait pas attendre d'elle de l'empathie et de l'altruisme, comme on l'attendrait de n'importe quel quidam bien élevé. Heidi suivait une mélodie plus autocentrée, néanmoins sans les notes de l'égocentrisme. Sa puérilité s'invitait à la symphonie, et ce côté enfant la lui occultait, heureusement, les vilénies nées de la polémique autour par leur « couple ».

À ce sujet, tout n'était que mensonge. Un mensonge qui profitait aux journaux peoples et alimentait les réseaux sociaux. En dépit de son penchant pour la rousse délurée, Will ne toucherait jamais à une gamine de dix-huit ans. Le baiser de cinéma publié par Wassup'Mag® servait à créer la zizanie, booster leur popularité et détourner les projecteurs des squelettes dans le placard.

Les abus sexuels dont avait été victime Heidi constitueraient du pain béni pour la presse à sensation. Dans l'éventualité d'une fuite sordide dans les médias, le créateur se sentait investi de la mission de parfaire l'initiation de la virtuose à la réalité du monde adulte. Ne serait-ce que pour affuter ses armes, endurcir sa carapace afin de protéger la gemme de ses dons.

La vie d'Heidi chez les Meiridies l'avait cantonnée dans la peau d'une poupée musicale talentueuse et bourrée de lacunes. On lui avait donné peu d'occasions d'interagir avec la société. De se faire sa propre idée du monde. Cela avait exacerbé ses manies, ancré ses routines obsessionnelles et réduit le spectre de ses intérêts.

Sur le plan cognitif, Heidi était éveillée ; des aptitudes dénotant le génie dans l'expressivité artistique. Passé outre son langage atypique, elle comprenait l'essence de ce qu'on lui disait. Seulement, elle ne l'intégrait pas comme le commun des mortels. Will abhorrait l'idée de la placer sur une échelle de « normalité ». Il le lui disait assez pour qu'elle se sente à l'aise :

— Tu es juste branchée sur un autre système, Impératrice.

Et Heidi de rétorquer :

— Sur un système féérique !

Elle en était si convaincue que Will se demandait parfois si une vérité échappait au reste de la planète. Peut-être que le genre « fée » existait bel et bien. Et les fées avaient réussi le prodige de dissimuler leur existence au genre humain. Quoi qu'il en soit, si la jeune femme était « anormale », alors Will aussi. Parce qu'il n'avait jamais appréhendé la société comme ses congénères. Il estimait qu'un fêlé du bulbe possédait des atomes crochus avec une foldingue.

Au fil du temps, Will comptait sur la réceptivité d'Heidi pour lui inculquer quelques artifices utiles de savoir-vivre. Sa jeunesse faisait d'elle une éponge à l'apprentissage. Afin de ne pas se foirer, il se documentait sur son autisme, en se gardant de croire qu'une étude ou de la littérature suffirait à le comprendre.