HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 31 ✥ part I

Partie 1/3

Samedi

Surpris par l'arrivée de son petit-fils à la réception, Vince avait été arraché aux festivités et enfermé dans un petit salon avec son héritier et... Rey Lee-Cooper. Il toisa ce dernier, froid.

— Je peine à voir ce qui justifie ta présence en ces lieux, Rudy. Mais je vois encore moins la raison de sa présence à cet aparté.

— Tu te fais vraiment vieux pour avoir autant de difficulté de vue, Grand-père. Rey est le principal sujet de cet aparté.

Rudy sourit au concerné, encourageant. Rey se força à se détendre. Il se sentait des affinités avec une marchandise source de litige entre deux négociants. L'un vantait ses qualités, l'autre refusait de se laisser convaincre. Pourtant la négociation n'avait pas encore débuté. Son petit-ami se planta devant une fenêtre et contempla le paysage nocturne à travers les lames horizontales des stores vénitiens.

— Dis, grand-père, tu sais pourquoi j'ai été enlevé ? (Question rhétorique, car il enchaîna :) On n'a plus eu l'occasion de poursuivre notre discussion à ce sujet. Celle commencée au centre médical de Biel.

— Pourquoi ici ? Non que je veuille l'éviter, mais ce soir... je suis un peu pris.

Rudy lui fit face.

— Ce ne sera pas long. Pour commencer, rappelons que Chayton a avoué qu'on ne voulait pas de moi à la tête de White Enterprise©.

— Chayton n'étant pas le rédacteur de mon testament, il va de soi que son avis n'a aucune valeur.

Vince considéra Rey, indisposé par la présence de cet intrus que Rudy lui imposait. Il n'aimait pas le fil de cette conversation.

— On est d'accord, dit Rudy. De toute façon, Chayton n'était qu'un messager. Je déduis que je figure toujours dans ton testament, contre toute attente.

— Pourquoi « contre toute attente » ? releva Vince.

— Normalement, c'est Oncle Danny qui devrait hériter.

— Je décide.

— Non, tu ne décides pas de mon avenir, statua Rudy. Je suis libre d'accepter ou d'envoyer valser tes clauses testamentaires. (Une tension électrique à friser le cheveu s'installa.) J'ai toujours trouvé le mot « testament » lugubre, maugréa-t-il. Et si j'en crois la longévité de Ritchie, t'as de beaux jours devant toi. Cessons de parler de testament, ça me donne l'impression de parler de ton prochain décès.

Vince peina à décrire son sentiment. L'ingénuité et le cynisme du garçon constituaient un sacré cocktail. Au fond, que savait-il de Rudy ? Il avait idéalisé ce petit-fils, qui pouvait se faire la voix d'une influence extérieure. Peu disposé à poursuivre cet échange en présence de Rey, Vince s'impatienta. En outre, Rudy choisissait mal son moment.

Ne ratant rien au spectacle, Rey jurerait que Rudy menait la danse. Plutôt déroutant, face à un mastodonte. Brusquement, le ton changea.

— Je pense que tu te complais dans le déni, Vince. Ça apaise ta conscience.

Le vieil homme tressaillit. L'attitude, l'intention, évoquaient Dean. Une grande part de l'évolution de son petit-fils lui échappait. Il ressemble de plus en plus à son père en quittant l'enfance. À la surprise de Vince, cela l'effrayait, car il craignait un second Dean. Il redoutait un autre échec. Mais en fin de compte, son fils s'avérait hypocrite ; Dean aussi avait « formaté » sa progéniture.

— Je sais que tu en as appris suffisamment au cours de ton existence pour nourrir les cauchemars d'une vie entière, poursuivit Rudy. Alors ce que je vais te dire sera le moindre de tes maux. Ton père ne veut pas de moi à la tête de l'empire qu'il a bâti. J'imagine qu'il pense encore que ça lui appartient. Il comptait se servir de Chayton pour arriver à ses fins, mais ses projets ont été contrariés quand ce connard l'a joué cavalier seul. Veux-tu savoir la véritable raison derrière les actes extrêmes de Ritchie ? Je pense que tu t'en doutes déjà.