HOT CHILI - saison 6 ✥ volume 2/2

S06 (vol 2) - EP 23 ✥ part IV

Partie 4/4

— J'en veux à Vince, Daniel-Ritchie et Meister. Je me servirai des uns pour taper sur les autres. Dans ce but, White Enterprise© doit figurer dans mes possessions. Si je ne peux m'arroger le trône de l'empire Leblanc par voie de succession, je l'achèterai. Toute chose a un prix. Quel est le tien, pour faire fructifier mes gains ?

Épaules tendues, Aymar prit une forte inspiration. Il échangeait avec un fou ! Un fou fort de sa lucidité. Le regard qui l'épinglait dans son fauteuil ressemblait à celui d'un sniper ayant verrouillé sa cible. Un regard de tueur à qui l'État avait octroyé un permis d'ôter la vie. D'assassiner. Aymar connaissait ces yeux. Il les avait côtoyés dans son unité militaire : ceux d'un homme déterminé à l'emporter. Que gagnait-on à entraver son chemin ? Une piste jonchée de cadavres. Dean piétinerait tout ce qui le séparerait de son objectif lubrique.

— Tu es prêt à vendre ton âme, murmura-t-il, plus perturbé qu'il ne voulut l'admettre.

Après un ricanement lugubre, Dean lui asséna sa vérité.

— Un Leblanc n'en possède pas. Pourquoi crois-tu qu'il achète l'âme de son prochain ? Enfin, le seul qui en soit pourvu est mon fils. Un ange, celui-là. Tu verras en faisant sa connaissance.

Son sourire tendre trancha avec son précédent visage. Néanmoins, il ne plut pas à Aymar, qui voyait un père aveugle, à l'instar de tout parent gaga de sa progéniture.

— Ton ange fréquente des démons ! rumina-t-il.

Perplexe, Dean saisit le hors-série de la Gazette de Darney qu'on lui tendit. La couverture représentait le doyen sous son meilleur profil.

— Que dois-je comprendre ?

— Qu'il est mêlé à cette mascarade. Page cinq. Dans l'encadré.

Dean découvrit un long article réalisé par des Darneyens et lut la déclaration dans l'encadré susmentionné :

『« Leur portefeuille est intéressant, mais ces stars traînent leur popularité à la manière d'un boulet de forçat. Ils sont esclaves de leur succès et prétendent l'accepter comme la rançon de la gloire. J'ai en horreur cette soi-disant résilience face au joug des médias. Ils signent pour le succès, puis chouinent derrière ou tombent dans la dépression, l'alcool ou la drogue, l'air d'être surpris des dérives de la pipolisation. Cette notion m'est antipathique, mais pas autant que l'hypocrisie intrinsèque des peoples. Je veux dire, qui de nos jours ignore encore le prix à payer du succès médiatique ? »』

En poursuivant sa lecture, il comprit qu'il s'agissait d'une déclaration d'Aymar, rapportée par des journalistes en herbe.

— Cette source qui a choisi de taire son identité, commença Aymar, aigre, je la connais. Je me souviens du jour où je me suis ouvert à elle, dit-il en se massant la joue de façon inconsciente. J'ignorais alors tenir ce discours face à une future star du cinéma. Hors contexte, mes mots ont complètement perdu leur sens premier. Ceci est un parfait quiproquo !

Il s'en rappelait parce que sa joue avait brûlé toute la soirée, et les vingt-quatre heures suivantes, d'une gifle bien envoyée. Une claque administrée du revers d'une main baguée d'anneaux punks, à la suite d'un malentendu. Sans l'intervention de son petit frère, le frère de la furie lui aurait cassé le nez dans la foulée. Depuis, Aymar avait appris à modérer ses discours. Les Sainsbury étaient des sauvages !

— Tu insinues que ç'a un lien avec mon fils ? récapitula Dean, perdu.

— Je n'insinue pas, j'affirme. Cette « source » est l'actrice Hannah Sains, la sœur aînée de Mikael Sainsbury qui, ô surprise, est le garde du corps de ton fils.