Chapitre 8

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Lorsque je repris connaissance, la lumière vive du soleil inondait la pièce. Je plissai les yeux, à la fois gênée et ravie de revoir enfin l'astre brûlant qui faisait tant défaut au quartier des aspirants. Je me redressai lentement, le corps encore endolori et la tête lourde et analysai l'endroit dans lequel je me trouvai. Il s'agissait d'une chambre dont l'un des murs était entièrement vitré et donnait sur une immense forêt de pins. Le lit, plus large et plus confortable que celui du dortoir ne ressemblait pas à un lit d'infirmerie. D'autant plus que la petite pièce baignée de lumière disposait également d'une salle de bain, d'une large armoire et d'un bureau en métal. J'aurais presque pu croire que je n'étais plus dans le centre de l'ANH si leur emblème n'avait pas été dessiné au-dessus de la porte. J'envisageai un instant de lancer la chaise de bureau sur la vitre et de m'enfuir, mais le triple vitrage et les dix mètres de chute me refroidirent très vite. Agacée, je me laissai tomber sur le lit et enfouis ma tête dans l'oreiller en gémissant. J'avais espéré être recalée, voire virée de l'armée après l'examen, au lieu de ça, j'avais de toute évidence été promue à je ne sais quel grade qui m'offrait tout ce confort.

J'aurais voulu rester allongée dans ce lit pendant encore plusieurs heures, et oublier ma situation, mais j'étais incapable de rester immobile. Il fallait que je bouge, que je trouve une solution et désormais la seule qui s'offrait à moi, c'était l'évasion. Comment s'évader d'un centre militaire gardé par des centaines de soldats aux compétences paranormales ? Ça c'était une autre histoire. Je ne pouvais pas uniquement me reposer sur Arthur et sa sœur, d'autant que rien ne me garantissait qu'ils finiraient par trouver leurs fameux rebelles et qu'ils soient prêts à me venir en aide.

Je me rapprochai de la fenêtre, posai mon front sur le verre froid et soupirai longuement. De ce que je pouvais en voir, le centre était au milieu de nulle part. Une forêt épaisse me bouchait la vue mais je pouvais discerner la pointe de plusieurs des montagnes au-dessus de l'épais manteau émeraude.

Un petit mot en papier était posé sur ma table de chevet. Il y était écrit que je devais rejoindre mon unité dans la salle vingt-deux du bloc D. Je n'avais pas la moindre d'idée d'où cette salle pouvait bien se trouver, mais ça n'avait pas une grande importance. Bien décidée à perdre le plus de temps possible je pris une douche et laissai l'eau chaude ruisseler sur mon corps et détendre mes muscles un à un. De longues traces rouges retraçaient mes veines de mes mains jusqu'à mes épaules. On aurait dit les branchages d'un arbre mort, mais étrangement ça ne me faisait pas aussi mal que la première fois. Ou peut-être étais-je encore anesthésiée par le don de mon nouveau supérieur.

Je dénichai dans l'un de mes nombreux placards de quoi m'habiller et jetai mes vêtements grisâtres d'aspirant dans la poubelle. À la place, j'avais le droit à un assortiment de pantalons, débardeurs, T-shirt, vestes et bottines noires. Sur certains vêtements, des plaques en métal venaient renforcer les parties sensibles. J'optai plutôt pour ce que je trouvai de plus décontracté, c'est-à-dire un débardeur et un pantalon dépourvus de protections. De toute évidence il ne fallait espérer aucune originalité vestimentaire dans cette armée.

Puis, à grand regret, je laissai mon petit havre de paix superficiel derrière moi, et me mis à la recherche de cette fameuse salle vingt-deux. Contrairement au bloc E dans lequel se trouvaient les aspirants, celui-ci était incroyablement lumineux. Tous les murs étaient peints en blanc, de larges baies vitrées inondaient le couloir de lumière. Des escaliers en verre me menèrent jusqu'au rez-de-chaussée du bloc. Ce dernier organisé en un immense rectangle, possédait en son centre une sorte de parc miniature entouré de tous côtés par des vitres et quelques portes en verre qui donnaient sur les autres parties du bâtiment. Sur les côtés extérieurs se trouvaient les différentes salles, chacune numérotée de un à trente. De petites lumières vertes placées au-dessus des portes indiquaient si elles étaient libres ou non, tout comme dans mon ancien bâtiment. L'endroit ne semblait pas particulièrement gardé, mais je remarquai sans mal la présence d'une dizaine de caméras qui auraient vite fait de me repérer si je tentais de m'enfuir. Je m'arrêtai devant la porte vingt-deux dont le spot était rouge et m'avançai. Le système détecta ma présence et enclencha l'ouverture automatique des battants métalliques.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant