Chapitre 19 (1/2)

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Les yeux braqués sur la vague qui grandissait à l'horizon, je dévalai la rue principale en direction de la plage. Nous n'avions plus beaucoup de temps avant qu'elle n'atteigne la côte, six, sept minutes tout au plus. Aussi affolée que tous ceux qui se ruaient dans la rue après avoir entendu l'alarme, je tentais au mieux de leur montrer le centre de recherche. Je leur criais de courir, de se dépêcher, d'abandonner leurs affaires et de rejoindre le seul bâtiment susceptible de les protéger. Remontant peu à peu la rue à mesure que les gens sortaient de chez eux, j'avais presque atteint la place quand j'entendis des cris dans mon dos.

Craignant qu'un élémentaire n'ait déjà atteint la ville, je pivotai d'un bond, prête à me défendre. Le souvenir de l'attaque de Paris était encore vif dans mon esprit et l'idée de revoir l'une de ces créatures me donnait la nausée. Je regrettai d'avoir laissé mes armes dans ma chambre, pour une fois qu'elles auraient pu mettre utiles ! Heureusement pour moi, ma meilleure arme n'était pas l'une d'entre elles. Les mains crépitantes de minuscules éclairs bleutés je fis face au problème.

Rien. Aucun élémentaire en vue. Quelque peu rassurée, je m'avançai en direction du cri et découvris des dizaines de personnes qui se dirigeaient vers nous en claudiquant. La plupart étaient âgés, mais il y avait aussi quelques enfants, maladroitement accrochés à leurs parents. Je restai un moment immobile, horrifiée d'avoir pu les oublier. Je n'étais pas entrée dans chaque maison pour vérifier que tout le monde en était sorti, je n'avais pas eu le temps, et de toute évidence j'avais fait une erreur. Ces gens avaient été trop lents. Les portes du centre seraient fermées avant qu'ils ne l'atteignent et je ne pouvais absolument rien y faire.

— Aloys ! tonna une voix dans mon dos.

Je me retournai, apeurée et vis Aaron et les autres au milieu de la place qui se ruaient vers le centre de recherche en me faisant de grands signes. Les portes allaient se refermer d'une minute à l'autre. Je pouvais déjà voir les volets en métal coulisser sur chacune des fenêtres et la porte se mettre en mouvement. Hésitante, je jetai un œil autour de moi, priant pour trouver une solution, mais la seule chose que je vis, c'était des dizaines d'autres personnes, provenant de toutes les directions courir dans ma direction. Certains atteindraient le centre, mais d'autres, trop lents ou trop loin n'en auraient pas le temps.

— Aloys ! répéta Aaron en me lançant un regard furieux.

Il voulait que je les abandonne. Je le savais, et je savais aussi que c'était la seule chose sensée à faire, mais j'en étais incapable. Pendant un instant, je vis Alice, et je m'imaginai ce qu'elle ferait à ma place. Ce qu'elle avait d'ailleurs probablement fait. Ce n'était pas la faute de Neven si elle était morte et ça ne serait pas celle d'Aaron non plus. C'était simplement nous. Nous étions trop faibles... Pas assez endurcies pour pouvoir prendre les décisions qui s'imposaient.

Pourtant, j'avais une chose qu'Alice n'avait pas. Même si ça m'irritait de l'admettre, j'étais une P-gêne puissante et l'une de mes capacités me permettait de générer un bouclier. Chose que je n'avais jamais réussi à faire sur commande. Je n'avais même jamais essayé de m'en servir depuis le début de mon entraînement, mais j'avais écouté Horace parler de son propre pouvoir. Il l'avait comparé à une extension de lui-même. Comme une couche protectrice qu'il s'étendait hors de son corps pour faire barrage. À l'entendre, la résistance du bouclier ne dépendait que de l'énergie qu'on y mettait et de l'énergie, j'en avais à revendre. Quant à sa taille, peut-être pouvait-elle être modifiée également, jusqu'à maintenant, mon bouclier s'était toujours adapté à la menace. Ce n'était qu'une supposition bien sûr, car je n'avais jamais vu le bouclier d'Horace dépasser la taille de son propre corps à moins d'utiliser un de ces équipements de l'armée qui boostait ses capacités. La seule certitude que j'avais c'est que ce bouclier ne se manifestait que lorsque j'étais en danger.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant