Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 11

Depuis que j'avais accepté de coopérer, je passais le plus clair de mon temps dans la salle d'entraînement. La plupart du temps le reste de l'escouade était là aussi et l'ambiance était légère, il était même parfois difficile de rester concentré, mais le soir venu, alors que les autres avaient le droit de partir, Aaron me gardait une ou deux heures de plus jusqu'à ce que la fatigue ait raison de moi et que je m'écroule. Petit à petit, mes éclairs avaient cessé de me brûler les mains, je ne ressentais que de petits picotements désagréables, du moins quand je me contentais de petits éclairs.

Lorsque, agacée ou fatiguée je commençais à perdre le contrôle, les décharges devenaient plus intenses et mes mains brûlaient, dégageant une horrible odeur dans la pièce. J'avais constamment des bandages et je passais chaque jour à l'infirmerie accompagnée d'un membre de l'escouade en guise de garde du corps pour que les P-gène de Ross remettent mes mains en état. Grâce à l'aide d'Aaron qui pouvait capter les flux d'énergie de mon corps avec son don, chaque crise se soldait simplement par un court évanouissement. Il réagissait si vite que je n'avais même plus le temps de ressentir la douleur, qu'il était déjà en train d'absorber le surplus d'énergie.

Comme chaque jour, lorsqu'on arriva dans la salle d'entrainement, Aaron était déjà là, les cheveux encore ébouriffés et des cernes énormes sous les yeux. À croire qu'il n'avait pas dormi depuis des jours. La salle était séparée en plusieurs zones qui contenaient chacune un ensemble d'armes et d'objets qui permettaient de s'entraîner à différents exercices. Nao et Swann se dirigèrent immédiatement dans la zone de combat, tandis que les autres lançaient déjà les paris sur le vainqueur. La majorité des votes étaient en faveur de Swann, comme d'habitude. Seul Aaron était capable de rivaliser avec elle.

Jin se sépara du groupe pour venir se placer devant la vitre et assise en tailleur, elle se mit à méditer comme elle en avait l'habitude. Ses yeux d'un noir d'encre prirent soudain une teinte blanchâtre, signe qu'elle faisait appel à son don. D'après ce que j'en avais compris, elle était capable d'entrer dans la tête de n'importe quel animal et de le contrôler. Elle passait donc ses journées à s'entraîner sur les animaux de la forêt qui entouraient le centre pour maintenir un contrôle total le plus longtemps possible. Je ne voyais pas bien en quoi un tel pouvoir pouvait être utile face à des Elémentaires, mais si elle se trouvait dans cette escouade, il y avait forcément une raison. Peut-être était-elle capable de les contrôler eux aussi ?

Horace et Soen optèrent plutôt pour une séance de renforcement musculaire grâce aux innombrables haltères et machines qui se trouvaient dans un coin de la salle. Tandis qu'Eban s'entraîna à réduire en bouillie des briques grâce à l'acide qui s'échappait de ses doigts. Le liquide visqueux qui s'écoulait de ses mains avait une teinte argentée et avait la capacité de dissoudre à peu près n'importe quoi. Il y avait quelque chose de vraiment répugnant à voir cette substance s'échapper de sa peau, mais ça avait au moins le mérite d'être efficace. Même le sol commençait à en faire les frais. Son objectif était de réussir à dissoudre une dizaine de brique en moins de cinq minutes, alors il s'acharnait, grattant quelques secondes supplémentaires chaque jour.

— Cali, tu vas aider Eren aujourd'hui. Vos pouvoirs fonctionnent à peu de chose près de la même manière. Il faut qu'il apprenne à s'en servir sur le terrain, dit Aaron en adressant à la jeune femme un regard entendu.

Les yeux d'Eren s'écarquillèrent, plus il dévisagea Aaron avec nervosité.

— Je ne pense pas être capable de m'en servir en combat...

— Il va bien falloir que tu y arrives pourtant. Allez au boulot. Aloys, toi, tu viens avec moi.

Je levai les pouces en signe d'encouragement à Eren et suivis Aaron jusqu'à une zone de tir récemment aménagé. Chaque jour, c'était lui qui demandait à ce que la salle soit aménagé selon les entraînements dont nous avions besoin et durant la nuit, des petites mains invisibles venaient préparer les salles pour nous. Une immense cible était peinte au mur et plusieurs arcs étaient posés sur un support à quelques mètres de là. C'était la première fois que j'en voyais une aussi grande. Toutes les salles d'entraînement de ce bloc étaient différentes les unes des autres, mais aucune ne disposait d'un champ de tir aussi grand que celui-ci.