Chapitre 23 (1/2)

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Un frisson me réveilla en sursaut. Je me redressai vivement, en alerte alors qu'un frémissement désagréable dévalait mon dos. Quelque chose clochait. Ma chambre était plongée dans une sorte de crépuscule, baignée d'un silence pesant. Les arbres qui bordaient ma fenêtre étaient d'une immobilité dérangeante, et plus un son ne perçait l'épaisse frontière de la forêt. Il ne me fallut pas longtemps avant de comprendre qu'il s'agissait de l'un des rêves durant lesquels les jumeaux venaient me rendre visite. J'avais beau avoir apprécié ça pendant longtemps, maintenant j'avais beaucoup de mal à feindre de la joie lorsque je les voyais passer la porte. Ils ne venaient pas pour moi. Ils étaient là pour me soutirer des informations, encore et toujours en me faisant miroiter une promesse qui ne se réalisera sûrement jamais. Je n'étais pas stupide et même si j'avais voulu me bercer d'illusions pendant longtemps, maintenant je savais pertinemment que leur chef ne renoncerait pas à un espion infiltré. J'étais trop précieuse pour que l'armée me relâche et trop précieuse pour que les rebelles me libèrent, voilà la réalité. La seule personne qui voulait me voir libre c'était moi-même et il était temps que j'arrête de me faire manipuler comme une enfant crédule.

Dès qu'ils m'aperçurent leurs visages prirent un ton grave. De toute évidence, ma détermination à les envoyer se faire voir se lisait dans mes yeux. Arthur approcha néanmoins, cherchant l'affection que je lui offrais à chacune de ses arrivées, mais cette fois-ci je ne bougeai pas de mon lit.

— Ça ne va pas ? s'enquit-il en se plantant devant moi.

— Ça va très bien, me contentai-je de répondre en tentant de tenir ma colère en laisse.

— Tant mieux, intervint Elena. Alors cette mission ?

— Intéressante...

Voyant que je n'ajoutai rien, la jeune femme se rapprocha et croisa les bras en me toisant avec autorité.

— Tu pourrais être plus explicite ?

— Non, je ne peux pas. Pas tant que je ne saurais pas quand, au juste, vous comptez venir me sortir de là. À moins bien sûr que ça ne soit déjà plus dans vos plans.

Ils échangèrent un regard comme ils le faisaient chaque fois qu'ils étaient confrontés à un problème. À croire qu'ils communiquaient par télépathie, ce qui eut le don de m'agacer encore davantage.

— Ce n'est pas si simple Aloys... soupira Arthur.

— C'est très simple au contraire. Soit vous remuez votre chef pour qu'il me sorte de là, soit il peut s'asseoir sur ses infos, lançai-je d'un ton tranchant.

— On fait ce qu'on peut, tu le sais bien, mais tu es dans l'un des endroits les plus protégés au monde, tant que tu resteras ici, on ne pourra rien pour toi. De toute manière ça ne te coûte rien de nous dire ce que tu sais en attendant qu'on trouve un moyen de te sortir de là, rétorqua Elena.

— Va voir ton chef, demande-lui de trouver une solution et quand il en aura une, on pourra discuter.

— Sérieusement Aloys, tu nous fais quoi là ? On est de ton côté ! s'exclama Arthur en me dévisageant.

— Si j'ai appris une chose ici, c'est que la seule personne de mon côté c'est moi-même. Mes infos ont de la valeur, alors je compte bien en tirer quelque chose.

Elena plissa les yeux, visiblement peu impressionnée par mon petit numéro. Comme d'habitude, elle cherchait à lire entre les lignes.

— Tu as découvert quelque chose d'important, conclut-elle finalement.

Je hochai la tête. J'avais découvert quelque chose, ça c'était une certitude et je n'allais pas tarder à découvrir tout un tas d'autres choses, mais pour le moment il était hors de question que je partage ces informations.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant