Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 24 (2/2)

Pas le moins du monde effrayé par ma menace il combla les quelques mètres qui nous séparaient. Je laissai mon énergie s'écouler dans mon corps et elle s'échappa sous la forme de petites étincelles qui dansèrent sur ma peau en guise d'avertissement. Ses yeux les suivirent du regard un instant, comme s'il essayait de jauger le risque qu'il prenait. Puis il planta ses yeux dans les miens et mes jambes défaillirent sous la pression du désir que j'y discernais. J'étais comme paralysée. Lorsqu'il se pencha vers moi, mon corps refusa de bouger, mais à l'instant où il posa ses lèvres sur les miennes, je mis mes menaces à exécution et abattis mes éclairs sur lui. Contrairement à ce que j'avais prévu, il ne cilla pas, au contraire. Il passa l'une de ses mains dans mes cheveux et se servit de l'autre pour me plaquer contre lui. Incapable de lui résister davantage, j'entrouvris les lèvres et il s'y engouffra avec avidité. Je lui rendis son baiser, les deux mains posées sur son torse. J'aurais voulu avoir la volonté de le repousser, mais dès qu'il me touchait je perdais tout contrôle sur mon corps.

J'étais hypnotisée par le contact de ses mains sur mon corps. Ses doigts s'enfonçaient dans ma peau, me poussant à me cambrer encore davantage dans ses bras. Il mordillait mes lèvres, et fit courir sa bouche le long de ma mâchoire pour finir par se nicher dans mon cou. Sa peau semblait si froide en comparaison de la mienne que cela me fit frissonner. Mon pouvoir s'éveillait doucement, transformant ma peau en un véritable brasier et curieusement, cette sensation était tout bonnement délicieuse.

Il s'écarta légèrement pour récupérer son souffle et j'en profitai pour prendre un peu de distance. De petits éclairs couraient toujours sur ma peau, mais Aaron ne semblait pas avoir été touché. Pourtant j'étais certaine d'avoir atteint ma cible. Je levai la main et la posai doucement contre sa joue. Aussitôt les éclairs se concentrèrent autour de mes doigts et fondirent sur lui, mais encore une fois, il ne bougea pas, insensible à l'assaut incessant de mon pouvoir.

— Comment tu fais ça ? demandai-je sans lâcher le phénomène des yeux.

— J'absorbe l'énergie des autres, quelle que soit sa forme, dit-il simplement en posant sa main sur la mienne.

— Mais, la dernière fois, je t'ai blessé... protestai-je.

J'étais même certaine de l'avoir fait, je me souvenais des marques sur son avant-bras et de la joie mauvaise que j'avais ressentie à ce moment-là.

— Je ne suis pas invulnérable, au-delà d'une certaine puissance, le coup fini par m'atteindre même si j'arrive à réduire ses effets. Ce jour-là, tu m'aurais probablement tué si je n'avais pas été capable d'absorber ton énergie. C'est pour cette raison que je voulais que tu apprennes à t'en servir. Une puissance pareille est bien trop dangereuse pour être laissée hors de contrôle.

Je hochai la tête, toujours fascinée par les petits éclairs qui jaillissaient de ma peau pour venir mourir contre la sienne.

— Arrête de me fixer comme ça, je vais finir par rougir, lâcha-t-il d'un ton moqueur.

Je détournai le regard, mal à l'aise et tentai de calmer le flot d'énergie qui me cinglait les veines. Sa remarque et son petit air taquin me donnait envie de rire, mais je me mordis sauvagement la lèvre pour ne pas le faire. Je ne pouvais pas encore une fois lui céder aussi facilement. Si je voulais le repousser une bonne fois pour toutes, il fallait que je me montre ferme. J'ouvris la bouche, prête à lui servir un long discours pour mettre les choses à plat quand la porte de la pièce s'ouvrit. Bran se trouvait de l'autre côté et nous fixait, la bouche entrouverte par la surprise. Enlacée comme ça, les lèvres encore gonflées par son baiser, j'avais peu de chances de lui faire avaler qu'il ne s'était rien passé.

Le regard noir que lui jeta Aaron sembla le ramener sur terre et Bran se racla bruyamment la gorge avant de lâcher d'une voix étranglée :

— Désolé, je ne... J'ai ce que tu m'as demandé Aloys. Alors eh, je vais t'attendre dehors... Dans le parc. À tout à l'heure.