Le jour de la création de l'ANH étant un jour très spécial au sein de l'armée, tous les entraînements étaient annulés et les règles abolies pour vingt-quatre heures. Plus de couvre-feu, plus de code vestimentaire, ni même de règles de conduite et plus étonnant encore. Plus d'horaires fixes au réfectoire ! J'en profitais donc pour m'adonner à l'une de mes activités favorites. C'est-à-dire, dormir, dormir pendant des heures sans me soucier du réveil qui traînait sur ma table basse. Il n'y avait que moi et mon oreiller et pendant un bref instant, j'aurais pu m'imaginer dans mon petit appartement parisien. À l'exception près du bruit de la circulation et des cris enfantins des rejetons de mes voisins de paliers. Au lieu de quoi j'étais bercée par le bruit devenu familier de la forêt.
Alors que je m'apprêtai à retomber une nouvelle fois dans les bras de Morphée après un petit réveil-éclair qui m'avait menée jusqu'aux toilettes, quelqu'un frappa sauvagement à ma porte. D'abord un coup sec, bientôt suivi d'une multitude de coups légers qui me rendirent folle. Je plaquai mon oreiller sur ma tête dans l'espoir de faire taire le vacarme qui menaçait ma grasse matinée.
— Aloys ! s'écria la voix fluette de Cali. Dépêche-toi !
Je fus tentée un moment de la laisser poireauter devant la porte en espérant qu'elle en déduirait que j'étais sortie, mais elle tambourina de nouveau et la voix de Swann se mêla à la sienne. Agacée, je repoussai ma couverture et me dirigeai d'un pas traînant jusqu'à la porte. Lorsque j'ouvris, les visages de Swann, Cali et Jin me fixèrent avec des yeux ronds qui me firent aussitôt regretter d'avoir quitté mon lit.
— Quoi ? croassai- je en me frottant les yeux.
— Comment ça quoi ? Il est treize heures Aloys ! s'écria Swann en me repoussant dans ma chambre.
Elles s'engouffrèrent toutes les trois à l'intérieur et refermèrent la porte. Coupant ainsi court à mes idées de fuites. Je savais bien pourquoi elles étaient là. J'avais déjà vu cette expression sur leur visage la veille lorsqu'elles m'avaient exposé leurs magazines sous le nez.
— Le gala commence dans six heures, leur fis-je remarquer tandis qu'elles inspectaient ma chambre avec minutie. Qu'est-ce que vous me voulez ?
— Eh bien, pour commencer on aimerait que tu ailles prendre une douche. On n'a que quelques heures pour se préparer alors ne t'avises pas de nous mettre en retard.
J'ouvris la bouche pour protester, plus attirée par la chaleur de mes draps que par une douche dans l'immédiat. Avant que je n'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, Jin déposa une grosse mallette sur mon lit, l'ouvrit et commença à en sortir un tas de brosses, de palettes de maquillage et de crayons en tout genre. Swann frappa dans ses mains à quelques centimètres de mon visage.
— Dépêche-toi ! Je vais aller te chercher quelque chose à manger au réfectoire, tu as intérêt d'avoir fini avant que je ne revienne.
Devant son air menaçant je fus obligée d'obtempérer. Elle m'avait si souvent mis une raclée ces derniers jours que je savais très bien à quoi m'attendre si je tentai de protester. Laissant Jin et Cali transformer mon bureau en atelier de relooking, je m'enfermai dans la salle de bain. Je profitai le plus longtemps possible de ma douche, laissant l'eau brûlante rougir ma peau et rider mes mains. Je savais très bien que je n'aurais sûrement pas une minute à moi avant la fin de la journée, alors j'en profitai au maximum. Lorsque je coupai l'eau, la pièce était plongée dans un brouillard humide qui lui donnait vaguement l'air d'un sauna. Enroulée dans ma serviette, j'inspirai un long moment avant de trouver le courage d'ouvrir la porte et de me livrer aux trois tornades qui avait élu domicile dans ma chambre.
Swann m'attendait, un jogging dans les bras.
— Qu'est-ce que tu fichais Aloys ? Ton déjeuner va être froid ! dépêche-toi un peu ! Enfile ça.
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Aloys (Tome 1) : lightning and shadow
Science FictionLa guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immenses portails luminescents avec un seul objectif : tout ravager sur leur chemin, détruisant jusqu'à la plus faible lueur d'espoir. Ils ne sont...