Chapitre 16

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D'instinct, mes pieds me guidèrent vers la salle d'entraînement que j'avais mis en morceaux lors de mon premier jour dans l'escouade. La vitre avait été changée, et le plafond réparé. Seul le sol portait encore les marques de mes éclairs. Je m'emparai de l'un des arcs de l'armurerie sans me préoccuper de s'il était adapté ou non à ma taille, ramassai quelques flèches et me plaçai face à l'un des murs en béton. Il n'y avait pas de cible, mais je n'en avais pas besoin, ma cible c'était le mur, et je voulais simplement le réduire en miettes. Je bandai l'arc, chargeant ma flèche de toute ma colère et tirai. La corde claqua sur mon avant-bras, mais je sentis à peine la douleur et m'emparai d'une deuxième flèche. J'enchaînai les tirs les uns après les autres, tandis que morceau par morceau le mur s'écroulait. Il avait beau être épais, j'en étais venu à bout en cinq flèches. Créant un énorme trou qui donnait sur la salle d'entraînement adjacente. Je vis le regard surpris d'un petit groupe de soldats qui devaient tout juste sortir de l'examen à en croire leurs visages juvéniles.

— Dégagez ! sifflai-je d'un ton menaçant en bandant de nouveau mon arc vers eux.

Ils ne se le firent pas dire deux fois et s'échappèrent en vitesse, me laissant à loisir détruire le mur d'en face. Étrangement, mon énergie avait beau gronder, je ne ressentais qu'une douleur ténue, même mes mains ne brûlaient pas sous les décharges. Comme si pour une fois mon pouvoir et moi étions du même côté. Je ne luttai pas contre le déferlement d'énergie qui cinglait mon corps et en retour, cette énergie ne cherchait pas à me blesser.

— Tu comptes faire tout le bâtiment comme ça ? demanda soudain une voix dans mon dos.

Je pivotai vivement, une flèche tendue vers le nouvel arrivant dont je ne connaissais que trop bien la voix. Je ne l'avais pas entendu entrer, mais j'aurais dû me douter qu'il me suivrait.

— Va-t'en ! grondai-je tandis que de petits éclairs s'enroulaient autour de ma flèche.

Il levait les mains devant lui en signe de paix. Je voyais du chagrin dans ses yeux ou peut-être de la tristesse et cela me donna une furieuse envie de lui arracher les yeux. De quel droit se permettait-il d'être triste !

— Je veux seulement t'aider...

— Je ne t'ai rien demandé, cinglai-je. Laisse-moi.

— Je ne peux pas faire ça...

Aaron s'avança, hésitant.

— Je comprends ce que tu ressens, je l'ai souvent vécu, mais il faut que tu te calmes maintenant.

— Je ne veux pas me calmer !

— Je t'ai prévenu, la guerre fait des morts. Il ne sert à rien de chercher un coupable ou de s'énerver, la seule chose que tu peux faire c'est pleurer ton amie et t'arranger pour que ce genre de chose ne t'arrives pas.

— Le coupable c'est Neven ! Cet enfoiré l'a abandonné ! hurlai-je en jetant mon arc sur le sol avec violence.

— Il a donné des ordres et elle n'a pas obéi. Ce qui est arrivé est sa faute, elle aurait dû obéir à son supérieur. Neven est un bon chef, il donne rarement des ordres sans raison.

— Oh je t'en prie ! Ne prend pas sa défense ! m'écriai-je exaspérée.

Je le vis froncer les sourcils devant mon manque évident de respect pour son grade. Le fait que je le tutoie sonnait faux à ses oreilles, mais en cet instant peu m'importait qu'il soit un simple soldat ou un grand général.

— J'aurais fait la même chose. On ne peut pas risquer la vie de toute l'unité pour une tête brûlée qui décide de prendre des risques insensés.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant