Chapitre 24 (1/2)

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Vod avait planché sur mon pass magique toute la nuit. Elle avait envoyé un message à Bran pour l'en informer il y avait moins d'une demi-heure. En réalité, le message se limitait à une lettre et deux chiffres, F24, et avait été envoyé depuis un pass non répertorié. Bran, qui devait avoir l'habitude, avait compris qu'il s'agissait du message de son amie et qu'elle lui demandait de la rejoindre dans la salle vingt-quatre du bâtiment F. Bâtiment auquel je n'avais évidemment pas accès. Du moins pour le moment.

Tu n'auras qu'à danser avec lui au gala et le tour sera joué ! Ensuite tu pourras profiter du reste de la soirée pour aller fouiner où ça te chante, ils seront tous à la soirée, s'exclama-t-il alors que nous empruntions l'un de ces interminables couloirs pour rejoindre le réfectoire.

Pour une fois, je devais convenir que son plan était plutôt bon. Ce serait le moment idéal pour me rendre où je voulais sans avoir à craindre de croiser quelqu'un. Il y aurait sûrement toujours quelques personnes en service qui surveilleraient les caméras ou qui travailleraient au laboratoire, mais ça réduisait considérablement le risque de tomber sur l'un des instructeurs, des aspirants qui vivaient dans le E. Je m'apprêtais à répondre quand plusieurs personnes se plaquèrent subitement au mur. Le visage de Bran vira au blanc et en suivant son regard, je compris pourquoi.

Je le vis arriver de loin. Sa colère était palpable, si bien que tous s'écartaient sur son chemin, il fendait littéralement la foule en deux. Ses yeux gris lançaient des éclairs et même si je m'étais peu à peu habitué à ses sauts d'humeurs, je ne pus m'empêcher de trembler. Bran me lança un regard inquiet, partagé entre l'idée de prendre ses jambes à son cou et celle de m'épauler. N'ayant aucune envie d'écourter la vie de mon ami, je lui fis signe de partir. Il me remercia vaguement, jeta un dernier regard inquiet sur l'orage qui me fonçait dessus et tourna les talons. De toute manière il ne pouvait pas faire grand-chose. Quel que soit le problème qu'Aaron avait avec moi, la présence de Bran ne ferait qu'envenimer les choses.

— C'est parti...

Persuadée qu'il allait me hurler dessus sans même se préoccuper du fait d'être au beau milieu d'un couloir bondé, je poussai la première porte que je vis et m'engouffra dans la salle vide. C'était une salle d'entraînement, comme toutes celles qui se trouvaient à cet étage à ceci près qu'elle ne donnait pas sur la forêt qui bordait le bâtiment mais sur le parc qui se trouvait devant l'entrée de ce dernier. Je ne le vis pas entrer, mais l'air se chargea soudain d'électricité et la seconde d'après, je me retrouvai plaquée contre le mur, le visage a quelques centimètres du sien. Ses yeux gris étaient si sombres qu'ils en paraissaient presque noirs.

— Je t'avais donné un ordre ! gronda-t-il en resserrant la prise de son avant-bras sur ma gorge.

Je le dévisageais un peu perdue, ne sachant pas trop de quoi j'étais accusée. J'avais désobéi a tellement de règles depuis mon arrivée que j'étais bien incapable de savoir ce qu'il me reprochait exactement.

— Eh bien, quoi, tu as perdu ta langue ?

— Je ... Je ne comprends pas, bégayai-je difficilement.

Comme s'il venait de s'apercevoir qu'il m'étranglait il retira son bras et frappa violemment dans le mur.

— Qu'est-ce que tu foutais à l'infirmerie de Ross ? Comment es-tu entrée dans ce putain de bâtiment ?

Ah ! Donc c'était ce traître de docteur qui m'avait vendue. D'un autre côté je ne m'attendais à rien d'autre de sa part, ce type était une fouine et il vouait un culte aux Melchior.

— Problème de fille, mentis-je en me frottant la gorge.

— Tu me prends pour un con ?

— Je n'oserais pas...

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant