À mon réveil, je trouvai Nao assis à ma droite sur un lit identique au mien. Nous étions visiblement à l'infirmerie mais contrairement à moi, lui, paraissait en pleine forme. Il jonglait paresseusement avec trois petites boules métalliques, les yeux fixés dans le vide. La pièce était nimbée de lumière si bien que les murs blancs étaient presque douloureux à regarder. Seule la petite lumière rouge qui clignotait dans un coin et la présence de Nao ajoutait une touche de couleur.
— Enfin ! s'exclama le jeune homme sans s'interrompre. Ça fait plaisir de te voir ouvrir les yeux ma belle. Ta mauvaise humeur commençait à me manquer.
Je souris et tentai de me redresser en grimaçant de douleur. On aurait dit que mon corps était passé sous un camion. Il n'y avait pas une articulation, pas un muscle qui ne me faisait pas souffrir le martyre. J'avais beau commencer à m'habituer à ce genre de réveil douloureux, ça ne m'aidait pas vraiment à mieux les supporter. J'étouffai un juron.
—Tout doux championne. Les médecins ont fait ce qu'ils ont pu, mais tu risques d'avoir mal encore un moment, dit-il en reposant ses balles sur la table de chevet.
Aussitôt, ces dernières, attirées par un quelconque magnétisme se collèrent les unes aux autres.
— Depuis combien de temps je suis là ? demandai-je d'une voix pâteuse.
— Tu dors depuis quatre jours.
Voyant que je tentai de me redresser une nouvelle fois, il s'empressa de venir m'aider, les lèvres pincées par l'inquiétude.
— Je ne suis pas en sucre Nao, détends-toi, soupirai-je alors qu'il plaçait un oreiller dans mon dos.
— Désolé, je ferais mieux d'aller chercher Aaron. Il a demandé à être prévenu dès que tu ouvrirais les yeux.
Peu emballée par l'idée de le voir débarquer dans la chambre, je ne pus réprimer une grimace. Nao le remarqua et reprit sa place sur l'autre lit en se grattant la tête.
— Bon d'accord, peut-être plus tard. J'imagine que se prendre la tête dès le réveil n'est pas l'idéal.
Je le remerciai d'un sourire.
— Il est toujours en colère ?
— En colère ? Pourquoi il serait en colère ? s'étonna-t-il.
— Il l'est toujours...
Nao s'esclaffa.
— Oui bon d'accord tu n'as peut-être pas tort, il est particulièrement grognon en ce moment. J'irais le chercher un peu plus tard.
— Merci... soufflai-je.
Comme promis, Nao me laissa un moment tranquille. Se contentant de me changer les idées avec les derniers ragots tout en s'attachant à éviter tous ceux qui me concernaient de trop près. Il m'arracha même un rire que je regrettai amèrement en sentant la douleur me transpercer les côtes.
— Eren t'en doit une belle, on est passé à quelques secondes du drame, lâcha-t-il finalement. Cali était folle de rage et je ne te parle pas de Swann. Elle était à deux doigts de se jeter dans l'arène lorsqu'on a compris qu'ils s'opposaient à ton abandon.
Le drame avait pourtant eu lieu, même si ce n'était pas la mort d'Eren ou la mienne qui en était la cause. J'avais tué deux personnes. Le fait que j'ai agis pour sauver ma vie ou celle de mon compagnon ne me déchargeait pas du poids accablant de la culpabilité.
— Ils ne t'ont pas laissé le choix, intervint Nao d'un ton sec.
Je relevai les yeux vers lui et chassai d'une main tremblante les larmes qui venaient brouiller ma vision. Non, je n'avais pas eu le choix et alors ? Était-ce censé me soulager ? Ce défi, cette humiliation publique c'était transformé en massacre et ces morts-là, on ne les devait pas aux élémentaires. C'était juste moi, et les intrigues de cette vipère de chancelière. Merde, comment on avait pu en arriver là ?
VOUS LISEZ
Aloys (Tome 1) : lightning and shadow
Science FictionLa guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immenses portails luminescents avec un seul objectif : tout ravager sur leur chemin, détruisant jusqu'à la plus faible lueur d'espoir. Ils ne sont...