Chapitre 30 (1/2)

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Quand les lumières s'éteignirent je compris que le moment était venu. Je sautai du lit, fis quelques pas vacillants jusqu'à l'armoire et m'emparai de la tenue que m'avait préparée Bran. C'est-à-dire un simple treillis noir et un débardeur ample de la même couleur. J'en avais assez de porter du noir sans arrêt, mais je balayai rapidement ce détail de mes pensées. Ce n'était pas le moment de se disperser.

Abandonnant la chemise de l'infirmerie sur le lit, je me glissai dehors. Comme je m'y attendais le couloir était vide, et les caméras disséminées un peu partout fixaient le sol. Vod avait réussi. Ma dette envers elle ne faisait que croître, cette fille était un génie. D'après Bran elle ne parviendrait à maintenir les caméras dans cet état qu'une dizaine de minutes avant que quelqu'un de s'en aperçoive. Je devais faire vite. La porte des laboratoires s'ouvrit devant moi et le nom d'Aaron Melchior apparut au-dessus du scanneur. Priant pour que jamais personne ne s'aperçoive que le pass d'Aaron avait été utilisé pour entrer dans les laboratoires, je me glissai à l'intérieur.

Je suivis un couloir blanc aseptisé pendant un moment jusqu'à arriver à une large passerelle donnant sur le laboratoire. Devant moi, derrière une large vitre en verre s'étendait une pièce gigantesque où une dizaine d'hommes en blouse blanche s'affairaient derrière des machines et des ordinateurs. Je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi tout ce matériel pouvait servir, mais à la seule vue des bras mécaniques et des instruments qu'ils agitaient, j'en eu des frissons. Ross en avait un semblable dans son infirmerie et je me souvenais parfaitement de la sensation désagréable des centaines d'épines que cette maudite machine avait planté dans ma chair pour me tatouer. Je m'empressai de déguerpir avant que l'un des scientifiques ne se retourne et me voit. L'ensemble des portes qui longeaient la passerelle semblaient identiques à l'exception d'une seule à laquelle on accédait via un petit escalier circulaire. Je les gravis au pas de course, présentai mon pass au scanneur et entrai. Sans grande surprise, la pièce était vide.

Il était à peine cinq heures du matin, et d'après Vod c'était le moment idéal pour venir fouiner ici. Il avait surveillé les caméras du laboratoire pendant deux jours avant de me trouver le créneau parfait. J'avais beau ne jamais avoir vu cette fille, j'avais, tout comme Bran, une confiance aveugle en elle. La seule condition qu'elle avait émise pour me venir en aide était que si je parvenais à découvrir quelque chose et à ressortir d'ici vivante, je devais lui faire part de mes découvertes. J'avais évidemment accepté et nous nous étions mis d'accord via l'intervention de Bran, d'un signal. Elle devait éteindre toutes les lumières de l'infirmerie en même temps que les caméras pour me faire comprendre que c'était le moment d'agir.

La pièce comportait des vitres teintées qui donnait sur la grande salle du laboratoire ainsi qu'un bureau recouvert de paperasse et de trois armoires remplis de dossiers. Pas d'ordinateurs comme s'en doutait Vod, autrement elle n'aurait pas eu besoin de mon intervention pour se procurer ces informations.

Je commençai par parcourir les dossiers présents sur le bureau, mais il ne s'agissait que de comptes rendus sur des expériences auxquelles je ne compris absolument rien. J'avais fait des études, de biologie qui plus est, mais rien dans ces cours ne me permettaient de comprendre le charabia étalé sur ces pages. Je me rabattis donc sur l'une des armoires et découvris avec soulagement que les dossiers y étaient rangés par ordre alphabétique. Mes doigts filèrent sur la reliure de chacun d'entre eux avant de s'arrêter à P pour Phoenix. Il n'y avait rien à ce nom. En revanche, je mis la main sur un épais dossier dénommé « P-gène ». Je l'ouvris, ne sachant pas trop à quoi m'attendre et découvris un nombre incroyable de noms. Nous étions des centaines... et chacun d'entre nous disposait d'une fiche qui lui était propre. Je ne savais même pas qu'il y avait autant de P-gène dans l'armée, mais ce n'est qu'en parcourant plus en détail ces fiches que je compris que ce n'était pas le cas. De grosses croix rouges barraient le nom des nombreux P-gènes décédés. « Mort en service », « incompatibilité des gènes », « Inapte au combat », « Inapte à la recherche », « supprimé pour comportement agressif _ conservation des cellules-souches en salle A4 » voilà ce qui était écrit en bas de la majorité des pages.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant