Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 14

Don était repassé dans notre bloc à plusieurs reprises, mais curieusement, il n'avait rien fait de plus que de m'assassiner une ou deux fois du regard avant de prendre un air blasé et de disparaître. Eren l'avait remarqué lui aussi, et même s'il ne disait rien, la situation le rendait nerveux. Etrangement il semblait me mettre la présence de Don sur le dos, ce qui avait pas mal altérer notre relation ces derniers jours. Qu'est-ce que j'étais supposé faire au juste ? Chasser Don à coup d'éclairs ? Aux dernières nouvelles il avait parfaitement le droit d'être ici et il n'avait rien tenté qui justifie une telle chose. Aussi me contentai-je de me concentrer sur mon interminable entraînement, même s'il me paraissait évident que je ne parviendrai jamais à faire quoi que ce soit avec un arc et des flèches.

Le bras engourdi à force de tirer depuis des heures, je baissai mon arme et balayai la salle du regard. Aaron avait l'air occupé avec Eban, il ne risquait pas de me tomber dessus dans l'immédiat. Je posai l'arc contre l'un des carquois métalliques mis à ma disposition et observai Swann. Elle dansait autour de Soen dans la minuscule arène prévu pour les duels, des lames luminescentes émergeant de ses bras à mesure que le doyen les lui brisait. Peu de choses était capable de traverser la peau de cette montagne de muscles, mais Swann persistait à essayer, affutant et solidifiant les armes lumineuses qu'elle générait. Elle y parvenait par moment, arrachant une grimace surprise à Soen.

— Soit plus précise, la morigéna-t-il alors qu'elle fondait sur lui, une longue lame étincelante au creux de la main.

Il esquiva de justesse, mais l'arme lui coupa l'épaule juste assez profondément pour lui voler une goutte de sang. Déçue, Swann baissa la main et sa lame s'enfonça dans le bois dont était constituée l'arène sans la moindre difficulté. Les autres, plus courtes étaient hérissée le long de ses bras, mais aucune d'entre elles n'avaient réussi à passer la défense de Soen.

— J'y suis presque, siffla-t-elle.

— Non, tu en es encore loin, ma petite, tu te focalises trop sur ta vitesse de tes attaques et tu négliges leur puissance. Si tu veux passer au travers de ma peau ou d'un obstacle semblable, débarrasse-toi de tout ça, dit-il en désignant ses bras. Et concentre toute ta force dans une seule lame. Là tu auras peut-être une chance.

Si j'étais bien sûre d'une chose c'est qu'elle finirait par réussir, lorsque cette fille décidait quelque chose, peu de choses étaient en mesure de l'arrêter. Elle avait même réussi à passer la défense d'Horace, dont le don consistait à faire naître un bouclier. Contrairement au mien, le sien était visible, d'un blanc immaculé et incinérait immédiatement tout ce qui venait à le toucher. Swann avait passé des mois avant de réussir à faire passer ses lames au travers.

— Arrête de rêvasser Aloys ! s'exclama Nao en s'asseyant lourdement à côté de moi.

— Je ne rêvasse pas, je me repose.

— Ah oui ? Et moi qui croyais que tu me reluquais, dit-il en m'adressant un clin d'œil taquin.

— Va donc embêter quelqu'un d'autre crétin, intervint Jin en nous rejoignant.

Ses yeux étaient encore étrangement pâles, signe qu'elle n'avait pas encore tout à fait relâcher son emprise sur les animaux et insectes qui vivaient aux alentours du centre. Ce devait représenter un sacré effort d'être à la fois, ici, avec nous, et dans l'esprit de ces créatures.

— Tu pourrais peut-être tester ton charme sur Aaron, ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu te mettre une raclée, ajouta Horace en lui donnant une tape amicale dans le dos.

Nao renifla et une moue boudeuse remplaça son air jovial. En conséquence, la température chuta de plusieurs degrés et un vent étrange balaya la salle. Evidemment... Il ne pouvait pas s'empêcher de faire ce petit numéro à chaque fois que quelqu'un s'attaquait à son orgueil.