Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 28 (2/2)

Lorsque je rejoignis Eren, il était prêt. Il me dévisagea un moment, puis finit par se reprendre et baissa les yeux. Lui aussi avait beaucoup changé depuis notre rencontre. Il avait perdu cette innocence enfantine qui le caractérisait tant avant la mort d'Alice. Aujourd'hui il ressemblait davantage à un homme qu'à un adolescent, surtout dans cette tenue. Son corps était plus musclé et même les traits de son visage semblaient avoir perdu leurs rondeurs. Il me détestait ouvertement et je ne comprenais pas exactement pourquoi. Je l'avais mis dans une situation délicate c'est vrai, mais sa haine était déjà là bien avant. On aurait dit qu'une partie de lui me reprochait la mort de notre amie. Pourtant je n'y étais pour rien.

L'attente fut interminable et plus le temps passait, plus le stress montait. J'en tremblai presque, bien que je n'arrivai pas à déterminer si ces tremblements étaient dus à la peur, ou à l'impatience. Puis la porte s'ouvrit et le stress reflua dans mes veines, remplacé par la chaleur rassurante de mon pouvoir.

Nous n'avions pas encore atteint le haut des marches que déjà mon corps était fin prêt au combat. À mes côtés Eren avait subtilement gonflé le torse. Il avait dû décider qu'il ne passerait pas pour un lâche aujourd'hui finalement. Notre premier pas dans le sable de l'arène fut accueilli par un brouhaha assourdissant, des cris fusèrent partout autour de nous. L'arène était bondée. Il n'y avait pratiquement aucune place libre dans les gradins et ils hurlaient tous leur impatience à plein poumons.

Je repérai rapidement mon équipe, droit comme des i à quelques mètres d'Aaron qui lui, était sur une petite estrade en compagnie de ses parents. Nao agitait les bras dans tous les sens dans l'espoir d'attirer notre attention jusqu'à ce que Swann agacée lui donne un coup derrière le crâne. Bran était au premier rang loin de mon escouade et non loin de là j'aperçu également Don sa voisine dont quelques mèches bleues s'échappaient de la capuche de son sweat. D'ici je ne distinguais pas son visage, seulement son étrange proximité avec Don dont le regard ordinairement froid était davantage tourné vers mes adversaires que contre moi.

Ce couple était définitivement un mystère pour moi. Je pensais connaître Don, mais sa proximité avec cette femme étrange attisait ma curiosité sur la nature de leur relation. Il avait parlé de vengeance, et elle de sa sœur, rien de tout ça n'aurait dû les attirer ici, à ce défi ridicule orchestré par cette sorcière de chancelière.

Je tournai la tête vers elle un instant. Le sourire mauvais qu'elle m'adressait ne me fit ni chaud ni froid. Toute mon attention était désormais focalisée sur les deux adversaires qui faisaient eux aussi leur entrée.

En face de nous, Kasia et son frère Lech firent de grands signes à la foule. Ils devaient bien avoir une dizaine d'années de plus que nous. Tous deux avaient une peau de porcelaine et des cheveux d'un blond presque blanc. Leurs yeux d'un bleu glacial nous toisaient avec un mépris évident. Leurs regards étaient aussi mauvais que celui de leur chef, mais j'y lus également une pointe d'amusement. Ils étaient convaincus qu'ils nous écraseraient facilement.

— Je sais qu'entre toi et moi les choses ont beaucoup changé ces derniers temps, mais aujourd'hui on va devoir faire équipe alors tu vas devoir mettre tout ça de côté, lançai-je sans lâcher la fratrie des yeux.

Eren ne répondit pas mais il hocha la tête et s'avança. Il avait compris. Une fois au centre de l'arène, chacun d'entre nous s'arrêta pour se saluer d'un bref signe de tête. Puis sans attendre un quelconque signal, nos armes se retrouvèrent dans nos mains et chacun s'éloigna de quelques pas. Le silence s'installa tant bien que mal dans les gradins.

J'entendais le cœur d'Eren battre à toute allure tandis que celui de nos ennemies étaient d'un calme impressionnant. Leurs expériences dépassaient de loin la nôtre, c'était une évidence. Ce fut Kasia qui engagea le combat en lançant un couteau dans ma direction. Je ne cherchai pas à l'esquiver et me servis de ma lame pour dévier sa course. Sans grande surprise, mes réflexes étaient excellents.