Un silence pesant me répondit.
Je retentai ma chance mais cette fois, je m'adressai à l'un des Elémentaires d'eau qui se trouvait près de la porte. Ce n'était pas celui qui m'avait parlé la dernière fois, ses écailles étaient trop claires, mais il ne faisait aucun doute qu'il faisait partie du même groupe.
— Qu'êtes-vous ?
Je vis dans ses yeux qu'il m'avait reconnus, il savait que j'avais eu une conversation avec l'un des leurs, et donc qu'il ne servait plus à rien de jouer les muets.
— Noerie.
— Quoi ?
— C'est ce que nous sommes. Toi, tu es l'humaine qui nous a capturés, tu dois nous libérer.
Sa voix était rêche et empreinte d'une certaine innocence. Je l'avais capturé donc je devais me libérer, c'était une évidence à ses yeux. Pourtant je voyais bien une dizaine de raisons qui me confirmaient que les choses n'étaient pas si simples.
— Ce n'est pas vrai ! protestai-je. Je n'ai jamais voulu ça... Je suis désolée, je ne peux pas faire une chose pareille.
— As-tu trouvé notre cœur ? demanda un autre Elémentaire.
Cette fois-ci, je le reconnus, c'était bien lui. Assis dans une cage trop petite pour lui, il me fixait de ses yeux jaunes avec attention. Son corps paraissait plus faible que la dernière fois, affamé, desséché. Il pouvait vivre hors de l'eau, mais visiblement il ne pourrait pas le faire indéfiniment. Il était dans un piteux état.
— Oui, j'ai vu votre pierre. À quoi sert-elle ? demandai-je en m'avançant vers lui, devant le regard curieux des autres créatures.
— C'est un cœur, pas une pierre, et comme tous les cœurs il assure la vie.
J'étais suffisamment calée en anatomie pour savoir que l'objet que j'avais vu dans cette boîte n'avait rien d'un cœur à proprement parler.
— Je ne comprends pas.
— Sans lui, nous mourrons, se contenta-t-il de répondre.
Devant mon air perdu, il se contenta de soupirer, fatigué à l'idée de m'expliquer quelque chose d'aussi élémentaire à ses yeux.
— Les Noeries d'eau puisent leur magie et leur vie dans cette pierre. Elle est le cœur de chacun d'entre eux. Sans elle, ils ne peuvent survivre qu'un temps. Pourquoi voulait-il que tu le trouves ? me demanda un enfant aux yeux violets adossé aux barreaux de sa cage.
Je me perdis une seconde dans son regard irréel. On aurait dit que les étoiles étaient venus se perdre au fond de ses iris, tachetant le violet profond de ces derniers d'une nuée scintillante.
— Il voulait que je comprenne que je me battais dans le mauvais camp, répondis-je un peu surprise que cet enfant ose me parler.
Il sourit, hocha doucement la tête et se redressa. Ses cheveux, d'un noir d'encre, tombaient paresseusement devant ses yeux.
— Et tu as compris ? s'enquit-il en me souriant.
— Oui, mais ça ne change rien. Je ne peux pas leur rapporter leur pierre et je ne peux pas non plus vous libérer, soupirai-je en m'agenouillant près de lui.
Mon cœur se déchirait à l'idée que cet enfant d'à peine douze ans puisse finir sur la table de torture de ces chercheurs. Je voyais bien qu'il n'était pas humain, mais ça n'avait aucune importance. C'était un enfant et par définition, il était innocent. J'ignorais même comment il avait pu se retrouver dans cette cage, à ma connaissance les Elémentaires qui nous attaquaient n'avait jamais été humanoïdes.
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Aloys (Tome 1) : lightning and shadow
Science FictionLa guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immenses portails luminescents avec un seul objectif : tout ravager sur leur chemin, détruisant jusqu'à la plus faible lueur d'espoir. Ils ne sont...