Chapitre 17

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Point de vu Aaron


Dire que j'étais sur les nerfs en ce moment aurait été un euphémisme. Depuis qu'Aloys avait piqué sa crise au beau milieu du réfectoire, j'avais toutes les peines du monde à étouffer cette affaire. Non seulement l'ensemble de ce fichu centre semblait déjà au courant que cette fille était la seule imbécile à oser me tenir tête en public, mais en prime, ils avaient tous vu mon manque de réaction. J'aurais pu l'arrêter, la forcer à se taire, voire même à s'excuser, mais au lieu de ça, je l'avais laissé me filer entre les doigts. Sans compter la crise qui avait suivi dans la salle d'entraînement. Elle voulait fuir ? C'était ça l'idée fantastique que lui avait vendu cet imbécile de Bran pour qu'elle accepte de s'entraîner ? Malgré mon envie de fracasser le crâne de ce crétin, j'avais pourtant ravalé ma fierté, et j'étais allée lui demander de réconforter cette tête brûlée avant qu'elle ne décide réellement de s'attaquer à Neven.

Au vu de la tête que Bran avait fait à ce moment-là, lui au moins avait conscience qu'il ferait mieux de ne pas faire le malin avec moi. Il était devenu livide, presque autant qu'Eren lorsqu'il se retrouvait confronté à un obstacle. Lui au moins n'avait pas fait de crise à cause de cette Alice, bien qu'il semblait entretenir une relation plutôt particulière avec elle selon les dires du reste de l'équipe. Cali, à grand renfort d'illusions apaisantes l'avait aidé à gérer la disparition de son amie si bien qu'il gérait plutôt bien la situation.

Pourtant ce n'est que lorsque je compris que l'incident avait capté l'attention de mes parents que j'avais décidé d'écarter temporairement mon escouade du centre. La mission était censée durer plusieurs jours, durant lesquels nous serions simplement responsables du transport de certains colis de l'armée. Ça me donnerait suffisamment de temps pour gérer les retombées de ma famille sur cette histoire et ça n'avait rien d'une mission difficile pour les deux nouveaux. Ils avaient beau avoir fait des progrès, les emmener sur une vraie mission revenait à les donner en pâture aux Elémentaires.

Une fois les questions relatives à notre future mission réglée, je me dirigeai droit vers le bureau de ma mère. Contrairement à mon père qui se terrait dans son bureau situé dans le plus grand des bâtiments administratifs, elle préférait travailler du côté des labos dont elle gérait une grande partie des expériences. L'accès à ces locaux était sécurisé par un scanneur que seule une poignée de pass était capable de déverrouiller. Le mien en faisait évidemment partie, ma mère avait régulièrement besoin de moi lorsqu'elle s'adonnait à ses expériences personnelles. Je détestai ça, mais il était assez difficile de ne pas céder à la moindre exigence de mes parents. Impossible en réalité.

Je saluai rapidement les chercheurs qui croisèrent ma route et montai les escaliers menant à son bureau sans jeter un regard à ce qui déroulait en contrebas dans les laboratoires. J'entrai sans prendre la peine de frapper et me retrouvai nez à nez avec un Eren au teint maladif dont la mâchoire sembla se décrocher en m'apercevant.

— Eren ? lâchai-je trop surpris pour faire une véritable phrase.

Il émit une sorte de couinement apeuré en se tassant dans son siège et lança un regard suppliant à ma mère. Cette dernière, assise derrière son bureau, le regardait avec un sourire carnassier qui ne laissait rien présager de bon. Elle avait troqué sa sempiternelle blouse de labos pour un tailleur blanc ajusté à sa taille de guêpe. Ses yeux gris, semblable aux miens, brillaient d'une lueur calculatrice qui me fit présager le pire. S'il y avait bien une chose qu'il fallait éviter avec mes parents, c'était tout simplement de les approcher. Il n'en ressortait jamais grand-chose de positif... Et au vu de la manière qu'elle avait de scruter Eren comme s'il était un dessert des plus appétissants, c'était déjà trop tard pour lui.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant