Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 10 (1/2)

Pendant les deux semaines qui suivirent mes blessures me dispensèrent d'entraînements, si bien que tout le monde oubliait bien vite que je me trouvai dans la salle avec eux. Aaron ne tenta plus de me sermonner, d'ailleurs il ne me disait pas grand-chose. Il s'intéressait de temps en temps à mon état ou à mon humeur, mais devant mon agressivité permanente, il renonçait rapidement.

Bien sûr ça ne durerait pas, le docteur Ross m'avait fait subir un traitement de choc qui consistait à m'utiliser comme cobaye pour trois P-gène possédant des dons de guérison. Ils n'étaient pas encore très habiles en raison de leur manque d'expérience, mais je sentais après chacune de nos séances un net progrès qui me rapprochais jour après jour du moment fatidique où on attendrait de moi que je m'entraîne.

J'avais donc rapidement atterri en rééducation où j'avais, pour mon plus grand bonheur, retrouvé Bran qui apprenait à grande peine à se servir de son nouveau bras. Nous passions nos mâtinées ensemble à effectuer nos exercices en grimaçant, puis je rejoignais mon escouade et lui la sienne et nous nous retrouvions le soir dans le parc. Sa présence me détendait, elle me permettait pendant quelques heures d'oublier la colère et l'angoisse que cet endroit faisait naître en moi. Il ne perdait jamais l'occasion de me rabrouer quand j'avais tendance à trop me plaindre, ce qui malheureusement m'arrivait souvent. Pour autant la chose la plus précieuse qu'il me donnait c'était cette impression de pouvoir être moi-même avec lui. Il savait qui j'étais et ce que je voulais, je n'avais pas besoin de me taire quand l'envie m'en prenait de faire des reproches à l'armée ou à mes supérieurs. Bien sûr, tout le monde connaissait mon avis sur la question, mais si j'avais parlé de mes plans d'évasion avec les membres de mon escouade, Eren y compris, j'aurais probablement eu des ennuis. Bien que parler de « plan » était peut-être un peu prématuré étant donné qu'ils provenaient davantage des chimères issues de nos conversations nocturnes que de véritables idées. La majorité venait de Bran et supposait que je démolisse des murs et des bâtiments ou encore que j'apprenne à voler. C'était toujours plaisant d'évoquer mon évasion avec quelqu'un qui arrivait à en rire, même si j'allais sérieusement devoir réfléchir à un meilleur moyen de me sortir de là.

La graine qu'il avait plantée dans ma tête ne cessait de croître et l'envie de m'enfuir était de plus en plus tenace. Chaque matin lorsque je me réveillais et que je voyais la forêt s'étaler à perte de vue je m'imaginais dehors. J'étais restée trop longtemps inactive, attendant vainement qu'on me libère, alors même que je savais que ça n'arriverait pas. Maintenant, je ressentais le besoin de faire quelque chose, et la seule option à ma portée était bien évidemment celle de Bran. Apprendre à me défendre, à survivre, à utiliser mes dons et à m'en servir contre ceux qui chercheraient à m'enchaîner de nouveau. Ma décision était donc prise, j'accepterai l'entraînement d'Aaron dès que mon bras me le permettra. J'imaginai déjà son petit air victorieux et je tentai de me convaincre qu'il sourirait moins lorsque je lui filerais entre les doigts.

Au cours de ces dernières semaines j'avais même appris à apprécier mon équipe. Ce n'était pas des petits soldats modèles qui ne juraient que par les lois et l'armée. C'était plutôt une bande de grands gamins à l'humour espiègle qui passaient leur temps à se battre et à se taquiner. Eren y avait rapidement trouvé sa place même si leur humour le faisait rapidement rougir et qu'il n'était pas toujours à l'aise lorsqu'il s'agissait d'utiliser ses poings. Quant à moi, je restai souvent en retrait la journée, assise sur un banc à les observer de loin. Malgré-ça, ils m'accueillaient toujours lors des repas avec bienveillance et s'assuraient de m'expliquer tout ce que j'avais pu manquer de drôle lors de leurs entraînements. Aujourd'hui ne faisait d'ailleurs pas exception.

— J'ai bien cru qu'il allait se trancher un bras, s'exclama Soen en tapant vigoureusement dans le dos d'Eren, dont le visage habituellement blafard était devenu écarlate.