Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 18 (1/2)

Depuis qu'Aaron m'avait annoncé la nouvelle, je n'avais plus qu'une idée en tête, sauter dans cet avion et décoller pour l'Angleterre. Je me voyais déjà là-bas, observant la mer en trouvant un moyen de fausser compagnie à mon unité. J'avais déjà imaginé une dizaine de manières de m'enfuir, Bran m'avait bien aidé, nous en avions parlé toute la nuit ! Pourtant ce dont j'étais le plus impatiente c'était de sentir l'air marin, voire même plus généralement l'air frais... Ma dernière sortie remontait à cette nuit où Aaron m'avait emmené sur cette tour de guet, une éternité plus tôt.

J'avais reçu la visite d'Arthur et de sa sœur la veille du départ et les avais rapidement informés de ce que je savais en passant sous silence la mort d'Alice. Cette histoire ne les concernait pas. Ils avaient paru intéressés par ma mission, mais je n'avais pas vraiment pu satisfaire leur curiosité et ils étaient repartis très vite, légèrement frustrés. Après ça, je n'avais pas réussi à fermer l'œil et j'étais une nouvelle fois retourner dans le parc, seule. Puis le soleil s'était levé et j'avais rejoins le réfectoire avec le reste de l'escouade.

Je n'étais pas la seule à être enthousiaste à l'idée de quitter le centre, tout le monde semblait monté sur des ressorts. La seule chose qui semblait calmer un peu l'atmosphère était la mort d'Alice et le regard vide qu'affichait Eren en permanence. Même Nao n'osait pas faire de blagues et se contentait de lancer quelques regards compatissants à Eren. En ce qui me concernait, ils avaient tous vite compris que je n'avais pas plus envie de discuter avec eux de la mort de mon amie, que de subir leur pitié permanente, et ils se contentaient de m'ignorer.

Lors du trajet pour se rendre aux hangars, j'avais pour la première fois pu constater à quel point le centre était immense. Il disposait d'une dizaine de bâtiments gigantesques uniquement dédiés à l'entraînement des troupes. Seul le bâtiment des nouvelles recrues et des escouades d'élites était pourvu de chambres. Tous les autres soldats s'entassaient dans de petits bâtiments éparpillés dans le centre et devaient partager leur dortoir avec une dizaine d'autres personnes. Une clinique était encastrée entre deux bâtiments administratifs d'où sortaient et entraient des hommes et des femmes habillés avec classe. Au centre du complexe se trouvait une sorte de d'arène aux proportions démesurées, encadrée par un immense parc. De chaque côté du complexe, se trouvaient un hangar et une longue piste de décollage.

Celui dans lequel nous nous trouvions était gigantesque et contenait plus d'une dizaine d'avions de toutes les tailles et de toutes les formes. Allant de l'avion-cargo, au furtif en passant par d'étranges appareils aux formes aérodynamiques inédites. Des centaines de gens s'affairaient dans tous les sens pour permettre à chacun d'entre eux de décoller en toute sécurité, donnant des allures de ruches au bâtiment métallique. Une quantité déraisonnable de caisses de ravitaillement et d'armement était entassées dans un coin de hangar, me démontrant que les armes à feu n'avaient pas totalement disparu bien qu'elles étaient très largement remplacées.

Ce ne fut que lorsqu'on se retrouva tous à attendre devant un immense avion militaire en compagnie d'une cinquantaine d'autres soldats aux uniformes vert sapin que les langues se délièrent enfin. Notre présence faisait courir quelques murmures parmi eux tandis qu'ils jaugeaient nos uniformes ébène avec une pointe de jalousie.

— Tu as déjà vu la mer Aloys ? me demanda soudain Horace d'une voix un peu tendue, interrompant au passage mes pensées.

— Oui, quand j'étais petite. Je vivais dans le sud de la France avec mes parents, près du littoral. Mais c'était il y a longtemps, je ne m'en souviens plus vraiment...

Quelques regards convergèrent vers nous, un peu surpris qu'après deux jours de silence, Horace tente une approche avec moi plutôt qu'avec Eren. Visiblement rassuré par mon ton dépourvu de toute animosité, il ajouta un peu plus détendu :