On resta un long moment dans le couloir à parler de tout et de rien. En passant par la séance de rééducation passablement ennuyeuse de Bran, les repas de la cafétéria, les nouveaux P-gènes qui avaient rejoint le centre, les rumeurs en tout genre et bien évidemment ma séance d'entrainement. Lorsqu'on eut fini, la nuit était tombée depuis longtemps et il ne nous restait plus beaucoup de temps pour aller manger.
Comme d'habitude à la sortie du réfectoire, il y avait énormément de monde, certains, comme nous étaient en retard, mais la plupart sortaient et restaient simplement là pour discuter. Puis, d'un coup, la foule se sépara, créant une sorte de haie d'honneur qui nous obligea Bran et moi à nous écraser contre le mur. Lorsque je vis le regard apeuré des soldats se fixer sur l'homme qui fendait la foule, je compris qu'il ne s'agissait pas d'une raie d'honneur mais plutôt d'une mesure de sécurité. C'était la première fois que je voyais ça. C'était Aaron, il paraissait en colère, voire même furieux. Totalement le genre de situation qui pouvait dégénérer quand on avait le genre de don qu'il possédait. À peine avait-il fait deux pas dans le hall que son regard se braqua sur moi. Ses yeux n'avaient jamais semblé si noirs et même moi qui n'avais pourtant jamais eu peur de lui, fus secouée d'un frisson.
— Où étais-tu ? gronda-t-il en jetant un regard assassin à Bran.
— Eh... Dans les couloirs, pourquoi, il y a un problème ?
— Rejoins les autres, ordonna-t-il d'un ton glacial.
Je n'appréciai pas du tout son ton et fus presque tentée de lui dire d'aller se faire voir, mais entre la foule qui nous observait et son regard mauvais, je me contentai simplement d'hocher la tête en m'avançant vers lui. Les gens s'écartèrent sur mon passage pour me permettre de le rejoindre tout en nous épiant avec une curiosité malsaine, comme s'ils s'attendaient à être témoin de quelque chose de particulièrement intéressant. Lorsque je me retrouvai à son niveau je me rendis compte que Bran ne m'avait pas suivi.
— Quel est le problème ? soufflai-je quand je fus suffisamment proche de lui pour qu'il soit le seul à m'entendre.
Contrairement aux rumeurs qui courraient sur lui, Aaron n'était pas vraiment le genre de type à s'énerver facilement, son pouvoir ne lui permettait pas ce genre de faux pas. Il baissa les yeux vers moi, toujours furieux.
— Qui a dit qu'il y avait un problème ?
— J'en sais rien moi, devinez un peu, lâchai-je en désignant l'espace que la foule avait mis entre elle et nous.
Comme s'il venait tout juste de s'apercevoir de la présence des autres, il fronça les sourcils et s'écria d'une voix forte.
— Ce n'est pas un spectacle, dégagez de là !
Aussitôt, la foule se dispersa, comme une bande de poules effrayées. Il ne restait plus que Bran, Aaron et moi dans le hall.
— Tu ne m'as pas entendu peut-être ? ajouta-t-il à l'adresse de mon ami qui me regardait avec inquiétude.
— J'ai très bien entendu, mais j'aime autant de pas la laisser seule avec vous.
La voix de Bran tremblait légèrement, mais il était évident qu'il continuerait à tenir tête à Aaron si je n'intervenais pas.
— Pardon ? gronda-t-il en s'approchant de lui d'un air menaçant.
Il avait beau ne pas être beaucoup plus grand que Bran, en cet instant il paraissait beaucoup plus impressionnant que mon ami. Aaron n'était plus qu'à quelques centimètres de Bran ce qui me rappela soudain ce qui arrivait aux gens qui se rapprochaient trop de lui. Paniquée à l'idée qu'un autre « accident » n'arrive, je repoussai Bran contre le mur et me plaçai entre eux.
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Aloys (Tome 1) : lightning and shadow
Science FictionLa guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immenses portails luminescents avec un seul objectif : tout ravager sur leur chemin, détruisant jusqu'à la plus faible lueur d'espoir. Ils ne sont...