Chapitre 26 (1/2)

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— Bien ! C'est décidé, nous nous reverrons dans une semaine alors. Profitez bien de la soirée les enfants !

Elle pivota gracieusement, sa robe blanche glissant sur ses hanches et attrapa son mari par le bras et se dirigea vers un autre groupe sans plus nous accorder un regard.

J'entendis quelqu'un pousser un juron tandis que la prise de Soen se relâcha soudainement. Je sentis tous les regards peser sur moi, comme un rappel cuisant de ce que je venais d'accepter. C'était stupide, parfaitement irresponsable et en prime j'avais embarqué Eren dans cette histoire alors qu'il était clair que ni lui ni moi n'étions au niveau. Les protégés de la chancelière étaient probablement aussi doués que n'importe quel membre des escouades d'élites et nous ne leur arrivions pas à la cheville. On allait se faire botter les fesses dans une arène bondée de monde et en plus de ça, cette vipère aurait exactement ce qu'elle voulait. Elle m'avait amené dans son piège et j'avais beau en avoir eu conscience j'avais été suffisamment stupide pour m'y précipiter. Ma bêtise n'avait visiblement pas de limite...

— Il me faut un verre, lâchai-je en soupirant.

À ma grande surprise ils me laissèrent m'éloigner sans protester. Je slalomai dangereusement entre les couples qui dansaient et rejoignis le bar où des centaines de verres avaient été préparés en avance sur une grande table recouverte de petits fours et de verres à pied. Des coupes de champagne à en juger par la couleur et les bulles qui remontaient doucement à la surface. J'attrapai un verre et le vidai d'une traite. Puis un autre, et encore un autre. Pourtant je savais que ça ne réglerait pas mon problème. Premièrement parce qu'un verre de whisky ou de rhum seraient plus adéquat et deuxièmement parce que me saouler ne ferait que m'attirer davantage de soucis.

Quelques personnes me jetèrent des regards curieux, comme si la présence d'une ivrogne à leur gala était tout à fait déplacée, mais aucun n'osa m'interrompre. De temps à autre, un serveur venait remplir son plateau et se remettait à déambuler dans la salle pour distribuer ses coupes. La musique était entraînante et l'air m'était familier, mais totalement métamorphosé par un orchestre qui jouait à la perfection. Je me surpris même à taper du pied en rythme. Pendant un instant j'envisageai de me débarrasser de mes chaussures et de m'élancer sur la piste. Heureusement pour moi, je n'étais pas encore assez imbibée d'alcool pour faire une chose pareille.

— Ça suffit, tu en as assez bu, trancha Aaron en me volant mon énième verre des mains.

Je ne l'avais pas vu arriver, mais j'aurais dû m'y attendre. C'était le moment parfait pour me faire la morale. Voyant que je m'apprêtais à le lui reprendre, il le vida et le posa sur le bar, un mince sourire satisfait aux lèvres.

— Ce n'est pas à toi de décider du nombre de verres que j'ai le droit de boire, grommelai-je en jetant mon dévolu sur une autre coupe qui traînait non loin de là.

— Je ne pensais pas que tu étais du genre à noyer tes problèmes dans l'alcool.

— Mon seul problème dans l'immédiat, c'est toi. Tu m'empêches de profiter de cette merveilleuse soirée... grinçai-je en m'adossant au bar.

Il m'imita, mais contrairement à moi il paraissait décontracté, parfaitement à l'aise dans son beau costume. Moi, je n'étais qu'un paquet de nerfs crispés tandis que lui était l'image même de la perfection sereine de celui qui a trouvé sa place. Tout chez lui était magnétique, de la courbe de ses lèvres, à ses yeux d'un bleu gris si unique en passant par sa mâchoire carrée. Même son corps était honteusement parfait dans ce smoking hors de prix.

— Ma mère ne t'apprécie pas beaucoup on dirait... dit-il après un moment.

J'attrapai un autre verre et le reposai l'instant d'après, vide.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant