Snow

Chapitre 24

TRISTAN

La fête bat son plein, et, assis sur un canapé, je fais une pause entre deux danses. Ma tête tourne légèrement, et je sens mon sang pulser dans mes tempes. Une petite brune que je connais bien s'approche de moi, et s'assoit à mes côtés.

« Fatigué? »demande Estelle d'un air moqueur.

Je hausse un sourcil et, relevant son défi, je me lève d'un bond et lui tend la main.

« Jamais! »

Estelle ricane et attrape la main que je lui tends. Nous dansons quelques minutes, avant que ma fatigue ne se rappelle à moi.

« Viens, on sort un peu! » je lui crie dans l'oreille pour qu'elle m'entende.

Elle hoche la tête et m'entraîne dehors. Une fois dans le jardin, j'inspire avec soulagement une grande goulée d'air frais. Nous commençons à marcher, côte à côte, en silence. Après quelques instants, Estelle s'arrête cependant à côté de moi. Je l'imite, surpris.

« T'as l'air vraiment crevé. » me chuchote-t-elle après quelques secondes de silence où elle semble chercher ses mots.

Je hausse les épaules en détournant le regard. Oui, je suis crevé. Mais je n'ai pas envie d'en parler, même avec toi. Estelle soupire, inquiète, et s'approche de moi pour saisir mon visage entre ses mains avec douceur. Vaincu, je plonge mes yeux dans les siens. J'observe ses traits familiers à peine éclairés de la lumière dispensée par les fenêtres de la maison. Son petit nez retroussé, ses joues rebondies, ses grands yeux bleus, ses longs cheveux noirs. Son visage habituellement si espiègle est pourtant grave et inquiet à l'heure actuelle.

« Qu'est-ce que t'as, Tristan? »

C'est à mon tour de soupirer, et je prends ses mains dans les miennes pour les retirer de mes joues, avant de lever la tête pour observer les étoiles.

« Je dors pas bien. »

Estelle m'observe d'un air soucieux, avant de me prendre par le bras pour m'entraîner vers un banc un peu plus loin.

« Pourquoi, qu'est-ce qu'il t'arrive? me demande-t-elle. C'est à cause de ta nouvelle vie dans les Alpes? Tu ne t'y plais pas? »

Je l'observe, mi-triste, mi-amusé. Elle a beau avoir seulement un mois de plus que moi, cette fille a toujours agit comme une grande sœur avec moi. Depuis notre plus tendre enfance.

« Si, je m'y plais, Estelle. J'ai rencontré des gens vraiment géniaux. Mais en ce moment, c'est un peu plus...compliqué. »

Mon amie d'enfance m'écoute, accoudée au banc, complètement tournée vers moi. Et cela me fait du bien. D'avoir quelqu'un à qui vraiment me confier sur la situation actuelle. Bien sûr, je peux aussi me confier à Michael, Cath ou Benoit, mais ce n'est pas la même chose.

« C'est à cause d'une fille? » me demande-t-elle simplement.

Je lâche un petit rire amer. Elle devine toujours tout, en ce qui me concerne.

« Oui. »

Oui, c'est à cause d'une fille. D'une belle skieuse blonde, adorable et maladroite à la fois, que je n'arrive pas à sortir de ma tête depuis quelques temps déjà.

« Tu veux en parler? »

Je soupire à nouveau. J'ai besoin d'en parler, mais je n'ai pas envie d'y penser encore plus.

« J'ai vraiment quelque chose pour elle, mais nous ne sommes qu'amis, donc je prends sur moi. j'explique. Mais ça m'épuise. »

La brune continue à m'observer, en pleine réflexion.