ALICELe regard vide et fixé sur l'âtre de la cheminée, j'essaie de me détendre, couchée sur le canapé, la tête reposant sur les cuisses de Tristan. Il me caresse doucement les cheveux depuis un bon quart d'heure, durant lequel je suis restée silencieuse. J'inspire à fond son odeur citronnée qui m'avait tant manquée, savourant la sensation de ses doigts dans mes cheveux.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé, Alice ? »demande-t-il finalement avec douceur.
Je ne dis rien pendant quelques secondes.
« Je suis pas sûre de vouloir en parler... »je souffle, la voix rendue tremblante par les larmes.
Il soupire doucement, et je le sens un peu perdu.
« Pourquoi est-ce que tu m'as appelé, Alice? »
Je sens mes yeux se remplir de larmes à nouveau, ne sachant même pas pourquoi, et la boule dans ma gorge empêche ma voix de résonner correctement.
« J'avais besoin de toi, Tris' »je murmure.
Un sanglot m'échappe et aussitôt, il attrape ma main et la serre.
« Pardon, Alice, pardon. Ne pleure plus, s'il te plaît. Ce n'est pas grave, si tu ne veux pas en parler, je comprends. Mais... je veux juste...je veux seulement t'aider, ok? Et ça me rend malade de savoir que cet en...que cet abruti t'a fait du mal, mais de ne pas savoir quoi faire. J'ai juste besoin que tu me parles, Alice. Je suis vraiment perdu là, j'ai eu tellement peur, j'ai cru... j'ai cru... »
Je me redresse d'un coup. Ses yeux sont luisants de larmes. Il est perdu, il est désespéré, et je sais qu'il a eu peur, vraiment peur. Peut-être à raison d'ailleurs, je ne sais pas. Je suis perdue moi aussi, et il y a quelques dizaines de minutes à peine, s'il n'était pas arrivé, qui sait ce que j'aurais pu envisager. Je suis tellement fragile. Tellement naïve. Tellement influençable. Marc m'a blessée profondément avec tellement de facilité que c'en est inquiétant. Je suis pitoyable.
Je jette mes bras autour de son cou et me blottis sur ses genoux. Il est incroyable. Je n'en reviens pas d'être capable de le faire autant souffrir, alors que lui n'a fait qu'être adorable avec moi. Ses bras se referment autour de moi et il me sert contre lui avec force.
« J'ai eu tellement peur, Alice, répète-t-il au creux de mon oreille.
-On a rompu »je le coupe en serrant sa main.
Il se tait, attendant la suite.
« Il voulait... Il a essayé de... Je ne voulais pas... » je bégaye, cherchant mes mots, alors que ma voix monte dans les aigus à mesure que la panique s'immisce en moi.
« J'ai compris, dit-il doucement, les dents serrées.
-Je lui avais déjà dit que je n'étais pas prête pour cela, il le savait. J'ai résisté mais il m'ignorait, alors je l'ai poussé du canapé, et je lui ai crié dessus. Alors il a pété un plomb, et il a dit toutes ces choses... »
Ma gorge se noue et je me tais quelques secondes.
« Il a dit que je n'étais rien pour lui, qu'un pari, que je devais être vraiment désespérée pour l'avoir cru, que...
-Je jure que je vais le tuer, gronde Tristan.
-Ne t'attires pas d'ennuis pour moi, s'il te plaît...
-UN PARI? TOI? Un pari? s'écrie-t-il, tremblant de colère. N'a-t-il donc aucune notion d'à quel point il avait de la chance d'être avec une fille comme toi? »
Je resserre mes bras autour de son cou et souris tristement. Je crois que ce gars est une des meilleures personnes que la Terre aie porté.
« Surtout, Alice, ne crois jamais ce qu'il a dit. Ça n'a rien à voir avec être désespérée, ou naïve, ou stupide. Vraiment. Tu l'as cru parce que tu vois toujours le meilleur dans les gens, et c'est lui qui n'était juste pas à ta hauteur! »
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Snow
Ficção Adolescente|EN COURS| A dix-sept ans, Alice est passionnée de ski depuis toujours. Elle rêve de faire de ce sport son métier, et il occupe d'ores et déjà une place importante dans sa vie. Sa voie lui semble déjà toute tracée: s'entraîner dur pour concourir aux...