Chapitre 7

126 16 17
                                    


Assise sur une chaise dans le couloir, j'attends patiemment que mon proviseur daigne m'ouvrir. J'ai pris rendez-vous avec lui pour parler de cette histoire d'horaires aménagées. J'y ai longuement réfléchi, et même si je ne suis pas enthousiaste à cette idée, je m'y suis résolue. Cependant, il faut d'abord que j'en parle avec le directeur, car je ne sais même pas si c'est possible.

Finalement, la porte en bois s'ouvre sur un grand cinquantenaire aux allures strictes, vêtu d'un costume gris foncé. Il se décale pour me laisser entrer dans son bureau avant de m'inviter à m'installer sur un des deux fauteuils postés devant son bureau. Il s'assoit sur sa chaise et pose ses avant-bras sur la table, entrelaçant ses doigts. «Mademoiselle LeBlanc, je suis navré mais je crains fort qu'il me soit impossible de répondre à votre demande.»

Aussitôt, mon sang se glace dans mes veines. Quoi?

«Je vous demande pardon?

-J'en suis vraiment désolé, car je connais votre potentiel et la seule idée d'empêcher une future skieuse professionnelle d'accéder à son rêve m'est intolérable. Et pourtant, le corps enseignant et moi-même avons longuement délibéré, et il s'est avéré qu'aménager vos horaires de cours pour vous laisser les après-midi libres est impossible. Vous feriez l'impasse sur un trop grand nombre de notes et de matières, ce qui n'est pas envisageable en sachant que les épreuves du baccalauréat ont lieu à la fin de l'année.»

Mon cœur bat à tout rompre, alors que les murs de la pièce semblent se resserrer autour de moi. Qu'est-ce que cela veut dire? Que je vais devoir faire une impasse sur ma carrière sportive. Impossible. Je n'en suis pas capable.

«Mais... ma gorge se noue et il m'est soudain impossible de continuer.

- Cependant, d'autres alternatives sont possibles! Je sais que ce n'est pas facile, et que cela pourrait vous rapporter des points supplémentaires au bac, mais vous pourriea arrêter le latin... Croyez-moi, je vous propose cela à contre-cœur, étant professeur de lettres classiques, je considère l'apprentissage du latin fondamental. Cependant, à chaque problème ses solutions... Cela vous libérerait tout de même quelques heures sur votre emploi du temps... Aussi, il me semble que vous parlez l'anglais, votre LV2, depuis votre plus jeune âge. Vous pourriez demander à passer les épreuves d'anglais LV1 et d'allemand LV2, ce serait sans doute plus simple...»

Je l'écoute sans rien dire, dégoutée. Je ne peux même pas lui en vouloir, il a raison, et puis il n'y peut rien. Alors que je baisse les yeux, résignée, une terreur sourde s'empare de moi. Et si Laurent refusait de continuer à m'entraîner? Et s'il me disait d'abandonner, que de toute façon c'était mort? À ces pensées horribles je sens les larmes pointer le bout de leur nez, et me fait violence pour les retenir. Non, ça n'aurait aucun sens, Laurent n'est pas comme ça. Cependant, mon estomac reste noué.

Le proviseur m'observe d'un œil compatissant, presque paternel.

«Alice, sachez que quoi qu'il arrive, le lycée, personnel, enseignants, élèves et moi-même, croyons en vous. Votre talent peut passer outre des horaires difficiles, j'en suis certain.

-Merci monsieur.»Il me sourit avec bienveillance et me raccompagne jusqu'à la porte. Une fois dehors, je relâche toute la pression accumulée ces dernières minutes. Mes yeux se remplissent de larmes, et j'en laisse couler quelques unes. Je rehausse mon sac sur mon épaule et me dirige vers la salle d'anglais. Cependant, en arrivant près de la porte, je me retrouve face à face avec Marc. Tiens, mais c'est une première! Il est là, devant moi, mais Morgane le petit chien n'est nul part en vue. En aurait-il eu assez d'elle aussi? L'aurait-il larguée comme une vieille chaussette elle aussi? J'ai presque de la peine pour elle. Presque. De toute façon qu'est-ce que tu en as à faire? Je me réprimande mentalement, exaspérée.

SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant