Chapitre 8

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Étendue sur mon lit je ressasse cette dernière semaine. Après ma discussion avec Tristan, nous avons passé absolument tout notre temps ensemble, et je crois bien que la bande s'est sentie délaissée. Non, en fait je le sais: Cat' me l'a dit elle-même l'autre jour, qu'elle ne comprenait rien et qu'elle avait beau énormément apprécier Tristan, cela ne lui plaisait pas vraiment. D'après elle, ce serait mieux d'inclure totalement Tristan dans le groupe, d'en faire un membre à part entière, pour que je n'aie pas à me partager entre lui et eux. D'un côté, je suis d'accord avec elle, de l'autre, comment lui expliquer que Tristan est différent d'eux. Je les aime depuis ma naissance ou presque, et je ne les échangerais pour rien au monde. Mais lui, lui c'est tellement différent. On ne se connaît même pas depuis un mois et pourtant, j'ai l'impression qu'il a toujours été là. Notre relation est allée très vite et n'a ni queue ni tête, puisque nous sommes devenus un vrai duo avant même de vraiment nous connaître mutuellement. Et en même temps, ils s'entendent tous tellement bien avec lui: Michaël adore rire avec lui, puisqu'ils ont à peu de choses près le même humour.
Benoît, sans même s'en rendre compte, est en crush total sur lui.

Catherine, elle, c'est plus compliqué que ça,mais je crois bien qu'il lui plaît aussi, sans qu'elle ne veuille bien se l'avouer.
Ça alors, mais quel tombeur!

Pendant cette semaine, Marc est revenu vers moi, à deux reprises. Il s'est excusé pour ce qu'il a dit, ce qui est déjà une bonne chose, même si j'aurais préféré qu'il le fasse auprès de Tristan. Il m'a aussi dit qu'il était désolé de m'avoir trompée, et d'avoir joué avec moi. S'il pense que je vais lui pardonner aussi facilement, il se fourre le doigt dans l'œil! Parce que non, je ne veux plus de lui. Enfin, je crois. C'est difficile de dire que vous ne voulez plus être avec une personne que vous avez autant chéri, si vous en avez l'occasion. Parce que non, je ne sais pas, si Marc me demandait de tout reprendre à zéro entre nous, quelle serait ma réaction. Est-ce que je choisirais la raison, et refuserais? Ou est-ce qu'au contraire, j'écouterais cette part de moi qui est, au fond, toujours aussi amoureuse de lui?

De toute façon, toutes ces hypothèses sont inutiles, puisqu'à aucun moment il ne m'a demandé de sortir à nouveau avec lui.

J'ai bien remarqué cependant son petit air satisfait lorsqu'il a capté le regard brûlant que Tristan posait sur nous, ses yeux ambrés animés par la fureur et un autre je ne sais quoi que je ne saurais nommer.

Je soupire et ferme un instant les yeux en me massant les tempes, les neurones en compote après avoir vaincu un problème de mathématiques particulièrement récalcitrant.

«Aliiiiiiiiiiiiiiiice? braille Théo depuis la chambre voisine.

-Quooooiiiiii? maugrée-je, maussade, la voie étouffée par un oreiller.

-Tu peux venir s'il te plaît ?» hurle-t-il.

Poussant un gémissement déchirant, je me redresse avec lassitude et sors de ma chambre. J'ouvre la porte de la sienne et passe ma tête dans l'embrasure, pour le découvrir assis à son bureau, le visage écrasé sur son cahier, avec l'air d'agoniser. Si ce sont encore des maths, je jure que je tue quelqu'un. Cela dit, il n'est qu'en quatrième, cela devrait être faisable.

«Qu'est-ce qu'il y a?»

Il tourne la tête vers moi, sans pour autant la relever, et pose ses yeux gris sur moi.

«Je comprends rien à la physique», geint-il.

Je soupire et m'assoie près de lui pour me pencher sur son cahier.

«T'aurais pas de l'éco, plutôt?» je grogne tout de même. Il tourne la tête vers moi, sans pour autant la relever, et darde son regard sur moi.

SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant