Chapitre 12

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La meilleure candidate avait descendu le slalom en une minute et dix-huit secondes. Dans la vie de tous les jours, une seconde n'est rien. Ce n'est qu'un court instant, une inspiration, un geste. Les secondes passent sans que l'on ne s'en rende compte, et il arrive que l'on en regrette certaines sans même les avoir vues passer. Cependant, en ski une seconde est un temps immense. Une seconde fait toute la différence, et peut décider de notre réussite, ou de notre échec. Malgré tout, me dire qu'à moins de deux secondes près, j'aurais pu rafler la première place me fait enrager.

Le baiser entre Marc et moi a naturellement fait avancer les choses entre nous. Il m'a demandé, cette fois clairement et sans détours, de me remettre avec lui. Après une longue nuit blanche de réflexion, j'ai fini par accepter. Parce que j'ai envie de le croire lorsqu'il me dit qu'il a fait des erreurs qu'il ne commettra plus.
Cependant, le regard fixe et douloureux que Tristan m'a lancé lorsque j'ai quitté ses bras pour ceux de Marc me fait indéniablement culpabiliser.

Pourtant, je ne vois pas où est le problème. Nous sommes amis, donc j'ai le droit d'être avec qui je veux sans que ça lui pose problème. Peut-être est-ce qu'il est blessé que je n'en fasse qu'à ma tête malgré son avis et celui des autres. Je n'en sais rien, mais toujours est-il que Michaël n'a pas réagi de cette façon.

Mon téléphone entre les mains, les pouces en suspens au-dessus de l'écran, comme figés au moment d'écrire, je fixe d'un œil désespéré ma conversation avec Tristan. Le clignotement de la barre de saisie sur laquelle mes yeux louchent depuis dix bonnes minutes semble résonner à l'intérieur de mon crâne, encore et encore.

Nous ne nous sommes pas parlé depuis le jour des qualifications, et cela me manque déjà, même si je le connais depuis peu de temps. Enfin si, bien sûr, nous avons bien échangés quelques mots, quelques sourires, comme deux amis, mais cela n'a rien à voir avec la relation privilégiée et complice que nous entretenions encore il y a quelques jours. Et cela me fait du mal, je ne peux pas le nier. Premièrement parce que même si je sors avec Marc, Tristan reste mon petit rayon de soleil, ainsi qu'une des personnes que j'aime le plus au monde, donc il me manque terriblement. Deuxièmement, parce que la seule éventualité de l'avoir blessé me rend malade.

Pourtant, je n'ai aucune idée de quoi écrire. Je ne lui ai pas écrit de messages depuis ce jour-là, ne sachant pas quoi faire. Je prend enfin mon courage à deux mains et me décide à taper.

Tristouneeeeettt? :)

Je reste quelques instants plantée devant mon portable, le cœur battant, avant qu'une réponse ne s'affiche.

Oui Alice au pays des Merveeeeeeeilles?

Je souris en lisant ce surnom, avant de paniquer. Ok, il m'a répondu, maintenant je fais quoi? Parce que je n'avais pas vraiment prévu qu'il me réponde aussi vite, moi! Est-ce qu'il vaut mieux continuer sur ce ton léger et reprendre contact sans vraiment régler quoi que ce soit, ou plutôt jouer la carte de la sincérité, et lui dire ce que j'ai vraiment sur le cœur ?

Après quelques secondes de tergiversations, je décide finalement d'opter pour un mélange des deux.

Mon nounours en guimauve d'amour me manque... :(

C'est qui ça?

Baaahhhhh à ton avis?

Marc?

Mon cœur rate un battement. Quoi ? La froideur de sa réponse et l'amertume que je sens poindre d'ici dans son message me frappent de plein fouet, et mon cœur se comprime dans ma cage thoracique. Est-ce qu'il pense sincèrement que Marc l'a remplacé ? Ou est-ce de la provocation? Toujours est-il que mélanger colère et désespoir en moi ne fait pas bon ménage.

SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant