Snow

Chapitre 31

« Arrête de bouger, je vais devoir recommencer! » peste Cath pour la énième fois.

Elle se redresse et me pointe du bout de l'eye-liner qu'elle tient entre ses doigts d'un air sévère.

« Si tu bouges encore une fois je te préviens tu finis toute seule.

- Ok, ok, ok. » je consens et lui montre ma bonne volonté en posant mon portable sur le bord du lavabo.

Cependant, je me mords la lèvre lorsqu'il vibre à nouveau après une seconde à peine, m'indiquant la réception d'un nouveau message de Tristan.

Catherine pousse un long soupir exaspéré en levant les yeux au ciel, avant d'attraper mon téléphone. Elle le déverrouille, ayant connaissance de mon code depuis toujours et, après quelques manipulations, le coince entre son épaule et son oreille en penchant la tête. Alors qu'elle rassemble divers pinceaux de maquillage dans ses mains, les yeux mis-clos, elle patiente quelques secondes en silence.

« Oui allô? clame-t-elle enfin. Écoute mon coco, je suis en train de maquiller ta meuf et elle bouge à chaque fois que tu lui envoies un message. Donc si tu veux pas qu'elle ressemble à une citrouille de Halloween ce soir, tu ferais mieux d'aller faire des crêpes. »

Sur ce, elle raccroche et repose mon téléphone sur le rebord du lavabo, sous mon regard à la fois surpris, admiratif et amusé. Un grand sourire étire ses lèvres.

« Bon, reprenons. »

Après quinze minutes supplémentaires, elle recule enfin d'un pas, m'observant d'un œil satisfait. Avec trop de panache et une révérence ridicule, elle me désigne le miroir. Je jauge rapidement mon reflet et souris. C'est réussi, comme toujours. Elle a appliqué du fard à paupières rosé et doré qui fait ressortir à merveille mes yeux clairs, un trait fin d'eye-liner et du mascara. Un peu de couleur sur mes pommettes et un léger gloss, et le tout s'accorde parfaitement avec ma robe simple bleue pâle. Cath passe quelques coups de brosse dans mes longues boucles blondes et les laisse tomber en cascade sur mes épaules. Satisfaite, elle tape dans ses mains plusieurs fois, s'applaudissant elle-même avec un grand sourire.

Elle est, quant à elle, déjà prête, vêtue d'une robe fourreau prune, ses yeux noirs parés d'un maquillage charbonneux, et ses longs cheveux auburn lissés attachés en queue de cheval.

« On y va? » demande mon amie en se frottant les mains.

Je hoche la tête et me lève de mon tabouret, réajustant ma robe. Benoît nous a demandé d'arriver un peu avant tout le monde, pour l'aider à préparer la soirée. Nous sortons de la salle de bain de Cath' et rejoignons l'entrée pour enfiler nos talons aiguilles. Sa mère nous rejoint dans l'entrée avec un grand sourire.

« Vous êtes ravissantes les filles! Tu ressembles tellement à Laure dans cette robe, Cathy! »

Laure, la grande sœur de Cath', âgée de vingt-cinq ans. Il s'agit de sa demi-sœur en realité. La famille de mon amie est assez complexe, en effet, le père de Laure et leur mère se sont séparés lorsqu'elle n'avait que trois ans, et le père de Cath' est lui aussi parti juste après la naissance de cette dernière, et elle ne l'a jamais connu. Lise, la mère de ma meilleure amie, vit à présent seule avec Catherine. Cette femme est un véritable cœur d'artichaut, bien qu'incroyablement gentille, mais une éternelle romantique, amoureuse de l'amour. Cela ne lui a malheureusement pas toujours réussi.

Elle enfile son manteau et nous descendons dans la rue pour prendre la voiture. Après cinq minutes de route, nous arrivons devant le chalet du père de Ben, et sortons de la voiture en saluant Lise. Je balaye rapidement du regard la demeure, qui m'est familière depuis toujours. C'est une grande bâtisse, assez luxueuse, et qui a abrité la plupart de nos fêtes au cours du collège et du lycée. En bois et en pierre mêlés, la façade est découpée de grandes baies vitrées. C'est d'ailleurs à travers l'une d'elles que j'aperçois Benoit en train d'installer le buffet nous faire signe en nous apercevant. Nous montons la volée de marche jusqu'à la porte d'entrée rapidement, frissonnantes de froid à cause du vent frais soufflant sur nos jambes nues. Le blond nous ouvre avec le sourire et nous laisse pénétrer chez lui.