Chapitre 13

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Lundi matin arrive plus tôt que je ne l'ai prévu, et lorsque mon réveil sonne j'ai la boule au ventre. J'appréhende déjà de voir Tristan après notre échange de SMS ce weekend. Je me lève donc à contre-coeur et m'habille rapidement d'un jean bleu et d'un chemisier blanc en flanelle.

Je descend les escaliers quatre à quatre pour rejoindre la salle à manger, où mes parents et mes deux petits frères et sœurs prennent déjà le petit-déjeuner. Ma mère m'adresse un léger sourire en soufflant sur son thé fumant. Mon père, en revenant de la cuisine son café à la main m'embrasse sur le front. En passant derrière ma sœur et mon frère, je leur claque à chacun un baiser sur la joue, prenant le temps de passer mes doigts dans les boucles ébouriffées de Théo, un geste qui, l'agaçant lui, a un effet rassurant sur moi. En m'asseyant, je me sers un bol de céréales et un verre de jus d'orange, et les engloutis rapidement.

Une fois cela achevé, nous débarrassons tous nos assiettes et je remonte pour me laver les dents. Je brosse également mes cheveux et tire les mèches de devant vers l'arrière, les fixant avec une pince. Avant de redescendre, j'attrape un gilet long crème et mon sac de cours, et dévale les marches au pas de course.

Une fois en bas, j'attends que les autres soient prêts en enfilant mes chaussures, mon manteau et mon écharpe, avant de les attendre dans l'entrée. Au bout de quelques minutes, Théophile, Camille et ma mère m'ont rejointe et nous partons pour l'école.

Lorsque nous arrivons, Théo part de son côté comme tous les matins et ma sœur et moi nous séparons quand elle s'oriente vers l'étage des secondes et moi celui des terminales. Je cherche aussitôt la silhouette de Tristan partout où je passe, sans vraiment savoir si cela serait une bonne idée d'aller lui parler, sans succès. Je finis donc par me rendre dans ma salle de classe dépitée, sans avoir trouvé les autres non plus.

Je vais m'asseoir seule au fond sur une rangée vide et, au moment où la sonnerie retentit, le vois passer le seuil de la porte, suivi de mes trois autres amis. Benoît m'adresse un sourire amical et timide et vient s'installer près de moi, Cat' lève les yeux au ciel, Michaël pince les lèvres d'un air désolé et Tristan se contente de m'ignorer, passant devant moi sans m'adresser un regard, comme si je n'existais pas. Les trois derniers s'installent devant moi, Michaël au milieu, alors que Ben pose ses affaires à ma droite. Avant que je n'aie eu le temps de faire ou dire quoi que ce soit, le professeur entre dans la salle et referme la porte derrière lui.

Cela doit faire un bon quart d'heure que nous sommes là, pourtant, je n'ai toujours pas commencé la prise de notes. À vrai dire, je ne sais même pas dans quel cours nous sommes. Trop occupée à fixer la nuque de Tris' avec frustration, je n'ai pas remarqué que mon cerveau a visiblement cessé de fonctionner.

Finalement, je me décide à agir, enfin. Je déchire un morceau de papier, et y griffonne quelques mots :

Tris', parle moi stp... Je suis tellement désolée

Je le chiffonne et, jette un coup d'œil circulaire pour vérifier que le professeur ne peut me voir. Il est tourné vers le tableau, en train d'écrire je ne sais quoi. Décidant par conséquent que la voie est libre, je lance le papier sur Tristan. Il atterrit sur sa table, contre sa main. Pendant quelques secondes, il reste immobile, et j'attends patiemment qu'il le prenne pour le lire, ou qu'il se retourne, mais il n'en fait rien. Au bout de quelques instants, il bouge simplement son poignet et, du dos de la main, chasse la boulette vers le bord de la table, jusqu'à ce qu'elle bascule dans le vide. Je la suis des yeux jusqu'à son atterrissage sur le sol, sonnée. Je fixe longuement le minuscule bout de papier au pied du grand tabouret, le cœur en miettes.

Puis, au bout de quelques minutes, mon regard remonte vers sa nuque. J'ai à la fois envie de l'attraper et de le serrer fort contre moi, et de fracasser son joli minois contre sa paillasse.

SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant