Ma mère conduit, tout en me jetant de petits coups d'oeil dans son rétroviseur. Elle est aussi stressée que moi, je crois bien. Nous sommes en route pour les sélections, enfin. J'ai du mal à y croire, à vrai dire. Dans quelques heures à peine, j'aurai concouru, et je serai sélectionnée, ou non, pour les championnats nationaux. Alors que nous arrivons, elle se tourne vers moi et me sourit doucement.«Quoi qu'il arrive, je serai fière de toi, Alice.»
Je hoche la tête et sort de la voiture. Plusieurs dizaines de personnes sont déjà présentes: participants, entraîneurs, familles, photographes et quelques spectateurs.
«Alice!» retentit une voix derrière moi.
Je me retourne pour voir Laurent marcher dans ma direction. Il porte son éternel anorak noir aux couleurs des Arcs, et un bonnet à pompom blanc orné d'un poussin. Malgré le stress, j'éclate de rire à la vue de ce couvre-chef. Il rit aussi légèrement avant de m'expliquer:
«C'est mon jeune neveu qui me l'a offert pour Noël!»
Je ris de nouveau. Bien qu'il n'aie pas d'enfants, Laurent les adore et passe son temps libre à s'occuper de ceux de sa petite soeur. Il rit aussi légèrement avant de reprendre la parole:
«Tu as ton équipement?
-Oui, il est dans le coffre, dis-je en désignant la voiture par-dessus mon épaule.
-Très bien, on va le chercher.» Il hoche la tête et nous nous dirigeons vers le véhicule.
Ma mère nous ouvre le coffre et nous sortons mes affaires: j'attrape mes skis, les pose sur mon épaule et prend mes bâtons de compétition dans l'autre main. En effet, les bâtons de compétition sont différents des classiques : ils sont tordus au milieu, pour des raisons d'aéro-dynamie, me semble-t-il. Je possède aussi un fusain de compèt': un pantalon moulant et un blouson près du corps également.
Laurent attrape quant à lui mon casque à mentonnière, qui possède une sorte de grille devant la mâchoire, un peu comme ceux des joueurs de football américain, et mes protège-tibias.
Ensuite, il m'entraîne jusqu'à une sorte de chapiteau abritant d'autres jeunes habillés comme moi. Mon entraîneur me tend un dossard orné du nombre cent-trente-six et s'assoit face à moi.
«Tu passes cent-trente-sixième, c'est-à-dire avant dernière. Toutes les filles passent aujourd'hui, les sélections masculines auront lieu la semaine prochaine. Quand la numéro cent-dix passe, nous irons au télésiège et nous continuerons d'attendre en haut, c'est clair?
-Oui.
-Très bien. Ça commence dans une heure et demie, tu veux faire une descente avant?»
Je réfléchis quelques instants. D'un côté il serait judicieux de m'être échauffée avant la grande descente, mais ce n'est vraiment pas le moment de me faire mal! Cependant, je finis par hocher la tête : qui ne tente rien n'a rien. Il me sourit et part chercher ses skis.
Nous montons sur le télésiège en silence et enchaînons deux descentes. La première, tranquille, pour s'échauffer. J'enchaîne quelques godilles à une vitesse raisonnable en équilibre sur la jambe gauche, puis quelques autres sur le jambe droite. Je tente quelques sauts à trois-cent-soixante degrés, avant de me retourner et de finir la piste dos à la pente, alors que Laurent skie à mes côtés en rigolant et en me lançant, je cite, qu'il est "trop vieux pour ces conneries".
La seconde descente, en revanche, je la vie à fond et descend le plus vite possible. Je sème facilement Laurent, qui n'est visiblement pas branché sur le mode compétitif aujourd'hui.

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Snow
Fiksi Remaja|EN COURS| A dix-sept ans, Alice est passionnée de ski depuis toujours. Elle rêve de faire de ce sport son métier, et il occupe d'ores et déjà une place importante dans sa vie. Sa voie lui semble déjà toute tracée: s'entraîner dur pour concourir aux...