Chapitre 15

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En rentrant dans le chalet, je retire rapidement mon anorak et mes chaussures, avant de tomber comme une masse sur le canapé. Marc disparaît dans la cuisine, avant de revenir quelques instants plus tard, deux tasses fumantes de chocolat chaud dans les mains.
Je le remercie d'un sourire et prend un des mugs, enroulant avec délectation mes doigts froids autour du récipient brûlant, tout en soufflant légèrement sur la boisson. Marc s'installe à mes côtés et trempe ses lèvres dans le lait chocolaté. Je le détaille du regard, n'en perdant pas une miette. Ses cheveux châtains légèrement ébouriffés, ses yeux bleus verts ourlés de longs cils noirs ombrant ses joues, son nez long et un brin pointu, sa peau claire et uniforme, sa mâchoire anguleuse. Il relève les yeux vers moi et me surprend à l'observer.

Son regard se fait plus intense et est traversé par plusieurs émotions contradictoires en l'espace d'une seconde, et il pose sa tasse sur la table basse. Sans vraiment savoir pourquoi, j'en fais de même. Nous nous observons quelques instants, puis il s'incline vers moi et m'embrasse. D'abord avec douceur, me laissant apprécier sa tendresse envers moi, puis il introduit plus de passion dans notre étreinte. Mon rythme cardiaque s'accélère, mais je le laisse faire, alors que mes sens s'enflamment. Il appuie sur mon épaule pour me forcer à m'allonger sur le dos, et se penche au-dessus de moi. Je m'écarte doucement de lui pour reprendre mon souffle, sa respiration lourde s'écrasant sur mon visage.

« Marc...non » je murmure.

Cependant il feint de n'avoir rien entendu et plonge à nouveau sur mes lèvres. Sa main descend sur ma taille et je me tends, tentant de le repousser. La panique s'immisce petit à petit en moi alors qu'il ignore mes rejets. Lorsque sa main se glisse sous mon t-shirt et commence à le remonter, je réagis au quart de tour et le repousse violemment. Surpris, il tombe du canapé et se cogne la tête contre la table basse. Je me redresse d'un coup et ramène mes genoux contre ma poitrine, dans une attitude défensive.

« Mais qu'est-ce que tu fous?! je lui crie dessus. On en a déjà parlé Marc, t'es pas bien ou quoi?!

-Mais c'est quoi ton putain de problème Alice? il crie à son tour en se massant le crâne.

-Mon problème c'est que je ne peux pas faire ça! Pas maintenant! Je ne suis pas prête et si tu ne comprends pas ça, c'est ton problème !

-Et après tu te demandes pourquoi je suis allé voir ailleurs ? »

J'écarquille les yeux, sentant les larmes monter, et détourne le regard. Du coin de l'œil, je le vois se mordre la lèvre et se gratter la nuque.

« Non, je ne voulais pas dire ça...Alice, s'il te plaît... »

Je ne le regarde pas, les mâchoires serrées, ravalant mes larmes.

« Et puis merde Alice, tu sais quoi? Je retire pas ce que j'ai dit! Tu n'es pas prête ? Tant pis pour toi, tu n'as qu'à attendre jusqu'à tes quarante ans si ça te chante, mais je ne compte pas patienter aussi longtemps, juste pour toi! Je ne vais pas passer je ne sais combien de temps avec une vierge effarouchée juste parce que tu es jolie et que mes potes m'ont défié de te mettre dans mon lit! »

Mon regard se fixe sur lui, alors que le choc envahit tout mon être. Pardon? Un sourire moqueur et amer se dessine sur son visage et il secoue légèrement la tête.

« J'y crois pas, tu pensais vraiment que j'étais fou amoureux de toi? Je veux dire, t'es jolie, t'es sympa, mais ça s'arrête là, t'es pas exceptionnelle. Je t'aimais bien quand on sortait ensemble, je t'ai trompée, on a rompu, et puis mes potes m'ont lancé un défi, c'est tout. Mais franchement flemme j'ai pas que ça à faire. T'es vraiment désespérée à ce point? »

Je lutte vraiment contre les larmes, à présent. Cependant, je me bas de toutes mes forces: je ne lui donnerai pas ce plaisir, c'est hors de question. Et pourtant j'ai si mal. Tout mon monde s'écroule autour de moi, car, au fur et à mesure qu'il me parle sans que je ne l'écoute plus, je me rend compte qu'en me rapprochant à nouveau de lui, je me suis peu à peu éloignée de ceux qui comptaient vraiment, ceux qui voulaient mon bien et seulement mon bien, à savoir mes amis. Ceux-là même qui me mettaient en garde contre Marc depuis le début, ceux-là même que j'aurais du écouter pour ne pas me retrouver avec le cœur en miettes. En scrutant le visage de Marc alors qu'il continue à me balancer des horreurs, je me demande comment, il y a quelques minutes à peine, je pouvais être en train d'admirer ses traits, car à cet instant, il me paraît hideux. Je ne l'écoute plus, mais je repense à ce qu'il vient de dire, et les larmes montent de nouveau. « T'es pas exceptionnelle. » « T'es vraiment désespérée à ce point? » Une petite voix dans ma tête vient en rajouter une couche: Hein Alice, t'es tellement naïve ! Tu fais pitié vraiment! Les larmes continuent à s'accumuler derrière mes paupières, et je vois tout flou à présent. Ne pleure pas Alice, juste, ne pleure pas je t'en supplie!

SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant