Chapitre 37

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Après qu'elle se soit confiée, j'ai proposé à Cath' une soirée ciné-glace afin de la remettre d'aplomb. Honnêtement, j'en ai besoin aussi, car la situation avec Tristan ne s'est pas vraiment arrangée, et nous sommes plus ou moins en froid. Cela me serre le cœur, et il me manque énormément, même si je ne l'ai pas vraiment perdu. Notre relation s'est dégradée plus rapidement que je ne l'aurait cru. La désillusion me frappe de plein fouet et me rappelle que nous ne sommes que des adolescents, qui se cherchent encore. Je devrai néanmoins contrôler ma consommation de crèmes glacées, les championnats de France ayant lieu samedi prochain. Ce n'est pas vraiment le moment de m'empiffrer.

En fin d'après-midi, je me rends donc à pieds chez Cath', qui habite à une demi-heure de marche de chez moi environ. Je sors actuellement de quatre heures d'entraînement intensif, et ai à peine eu le temps de repasser chez moi pour prendre une douche et emporter quelques affaires pour ce soir. En marchant sur la piste cyclable qui longe la rivière, j'inspire à fond l'air pur de la montagne et sens avec satisfaction les muscles ankylosés de mes jambes s'étirer. Après un redoux, les températures ont de nouveau chuté, et une brise fraîche me fait frissonner. J'allonge le pas en resserrant ma veste en jean autour de moi. En arrivant devant son chalet divisé en trois appartements, je sonne à l'interphone et elle me répond presque immédiatement.

Je monte donc l'escalier quatre à quatre jusqu'au deuxième étage, et la trouve en train de m'attendre sur le pas de sa porte. Elle se décale pour me laisser rentrer et nous nous dirigeons immédiatement vers sa chambre. Il est déjà dix-neuf heures passées, donc je lui propose de nous mettre en pyjama dès maintenant pour que nous n'ayons pas à le faire plus tard. Alors que je sors le mien de mon sac, je la vois soulever son oreiller et attraper le t-shirt plié en dessous. Cependant, ma curiosité s'éveille brusquement lorsque, me jetant un coup d'œil furtif, elle le remet à sa place rapidement et se lève pour ouvrir le tiroir de sa commode.

Je hausse les sourcils, intriguée, en la voyant sortir un autre pyjama du meuble de rangement, l'air de rien.

« C'était quoi, ça? » je lui demande en désignant du menton le vêtement que j'aperçois encore malgré le coussin reposé dessus à la va-vite.

Les joues de Cath' prennent une légère teinte rosée et elle se mordille nerveusement la lèvre inférieure en se rasseyant sur son lit.

« Quoi, ça? » riposte-t-elle, hésitante.

Je lève les yeux au ciel et me redresse pour attraper le t-shirt vainement dissimulé. Elle tente de m'en empêcher, mais n'est pas assez rapide. J'observe le haut pendant quelques secondes en le tenant à bout de bras, avant de relever un regard inquisiteur vers elle. Je sais très bien à qui appartient ce t-shirt. Et ce n'est pas à Catherine.

« Sérieusement? » je demande, exaspérée.

Elle détourne le regard et passe sa main dans ses cheveux auburn avec nervosité.

« Hum... je ne vois pas de quoi tu parles...

- Me prends pas pour une pomme de terre, Cath'. » l'avertis-je.

Du coin de l'œil, elle me jette un regard contrit. Les sourcils froncés, je foudroie mon amie de mes prunelles claires.

« Oui, ok. Je sais, c'est débile. capitule-t-elle, étonnement rapidement.

- Quand je t'ai conseillé de prendre tes distances, explique moi comment tu as compris "dors avec son t-shirt", s'il te plaît. Éclaire ma lanterne.

- Il l'avait juste oublié chez moi. Il est confortable, donc je m'en sers comme pyjama. se justifie-t-elle.

- Et tu ne t'es jamais dit "tiens, je devrais lui rendre"? »

Elle se mord la lèvre à nouveau, et relève timidement les yeux vers moi, avant de secouer la tête.

SnowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant