L'ED se termine sans encombre. L'interne qui nous fait cours n'a pas arrêté de regarder Emilyne et chaque fois que je lui demandais pourquoi, elle ne me répondait pas. En réalité, je lui demande, mais je sais très bien pourquoi. Je sais pourquoi il la regarde ainsi. Tout le monde se lève et ramasse leurs affaires.
J'enfile mon long manteau noir et mets mes affaires dans mon tote bag à l'effigie de cette "magnifique" faculté. Un tote bag que j'ai depuis l'année dernière, signant ma bravoure pour avoir passé haut la main la première année de médecine.
Je sors de la salle en laissant à l'interne mon regard le plus noir. Nous quittons mes amis et moi la pièce et je leur fais signe de partir devant moi pour prendre un café. Je fis mine d'avoir oublié quelque chose dans la salle d'ED et rentre de nouveau dedans. Je ferme la porte d'un coup de pied pour me retrouver en tête à tête avec Alan.
- Alors comme ça, maintenant, tu donnes des cours ?
- Lâche-moi la grappe toi.
Je sors de ma poche un paquet de cigarettes et en mets une entre mes lèvres. J'ouvre une fenêtre et allume ma cigarette. Je prends une grande inspiration avant de lui cracher la fumée au visage.
- Tu es encore en colère ?
- Moi ? Encore en colère parce que j'ai perdu l'intégralité de mes privilèges, pouvoirs et que je dois vivre dans ce foutu monde ? Non pas du tout.
- Bon bah ça va alors
- C'était ironique.
Il semble être agacé. Ses veines ressortent sur son front et il serre les bras si fort qu'ils deviennent rouges. Je souris, je dois l'avouer, cela m'amuse beaucoup. Je m'assois sur une des tables ridicules de la salle et continue de savourer ma cigarette. Il me fusille du regard. Je lui crache de nouveau la fumée au visage. Il grogne et j'en ris.
- Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais déjà écrasé.
- Oui, mais ça ne dépend pas de toi, donc tu vas rester gentil et rien faire du tout.
- Je te hais toi et les autres. Casse toi maintenant.
Je me lève de ma table et jette ma cigarette entamée par la fenêtre. Il faut que j'arrive à l'intimider si je veux obtenir ce que je veux de lui. Je m'approche de lui et posa ma main sur le bureau. Je penche la tête sur le côté et fronce les sourcils en grimaçant.
- Je comprends. Cela doit être terrible pour toi de vivre cela. Mais tu sais, tu peux t'attirer ses grâces à présent. Si tu es sage, peut-être que tu redeviendras ce que tu étais.
- Si tu crois que je vais y croire
- Crois-moi.
Je recule et lui sourit. Je lui dis au revoir de la main et sort de la salle tout en gardant ce sourire enfantin que je hais moi-même. Je sors un chewing-gum à la menthe et le mâche pour camoufler l'odeur de la cigarette.
Je me dépêche de descendre les escaliers pour rejoindre Emi et David qui doivent sûrement se demander ce que je fiche. Ils sont assis contre un mur, au niveau des amphithéâtres. Je vais à la machine à café et prends un chocolat intense.
Je pars les rejoindre après avoir pris une touillette et m'assieds. Emi nous raconte comment elle a mal fini hier à cette soirée. Je bois mon chocolat tout en la regardant. Je pense qu'elle ne s'est douté de rien et tant mieux. Je regarde David et comme à son habitude il ne dit rien. Il rigole parfois, mais c'est tout.
Conversation banale et mon chocolat intense n'a rien d'intense. Aucune différence avec un chocolat normal, je suis un peu déçue. Je me lève en ramassant les cadavres de gobelet de mes amis et les jette à la poubelle.
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J'y croyais
Художественная прозаEt si simplement y croire nous ouvrait toutes les portes ? Suivez l'histoire d'Emi, une jeune étudiante en médecine qui, parce qu'elle y a cru, a ouvert la porte vers un monde qu'elle ne soupçonnait pas : L'enfer. Un roman de fantaisie sur le dével...