Après le départ précipité de Tania, je me suis retrouvée seule avec David. Lui qui ne parle pas vraiment d'habitude, je dois l'avouer, a réussi à faire la discussion tout du long.
- Eh, ça te dit d'aller au -4 ?
- Parce qu'il y a un -4 ?!
Le 4ème sous-sol, ce mythe de notre faculté. Il paraît que les premières années ayant des prépas se réunissaient là-bas afin de pratiquer des rituels spirituels sur leurs polycopiés pour s'assurer de passer en deuxième année. Je pensais qu'il n'existait que dans les légendes urbaines de l'université. Néanmoins, s'il m'en parle, c'est qu'il existe.
Il acquiesce et j'acquiesce également. Nous nous levons ensemble tout en ramassant nos affaires et je le suis dans la cage d'escalier. C'est assez drôle, je crois qu'appart pour aller à la bibliothèque, nous ne sommes jamais allés nulle part qu'en tête à tête.
Il a toujours était très spécial. Il est grand mais pas bien musclé. Assez gringalet finalement. Il a toujours une tête de gentil, mais semble souvent perdu.
Nous descendons les escaliers jusqu'au - 2. Jusque-là, je connais, c'est l'étage de la cafétéria et du local du Tutorat, l'association qui s'occupe des étudiants. Il se dirige vers une petite porte et l'ouvre.
Il m'invite à y entrer et je ne me fais pas prier. Il fait tout d'un coup froid et la pièce est lugubre. Les murs et le sol sont bleus et poussiéreux. Un bruit sourd se fait entendre suivit du claquement de la porte. Nous descendons des escaliers pour arriver au - 3.
Je constate, dans un coin, des feuilles de cours. Je m'approche et baisse la tête. Ce sont des cours sur le toucher rectal. Charmant. Plus loin des cadavres de Capri-sun et enfin des traces de pas formées par la poussière des lieux.
Il fait de plus en plus froid et il descend avec hâte les derniers escaliers et je le suis pour ne pas le perdre. Un 4 est affiché au mur. Nous voilà donc dans le fameux - 4 de l'université.
Je tourne autour de moi pour inspecter les lieux. C'est une simple salle, carrée et assez petite. Pas de feuille ou de capri-sun. Simplement un mégot au sol et de la poussière, encore.
Je lève la tête et David me regarde. Je le regarde à mon tour. Son regard vide de sens et son sourire qui ne veut rien dire m'effraie quelque peu. Il pose son sac au sol en soupirant puis me regarde de nouveau.
- Alors tu ne sais rien ?
- Comment ça, je ne sais rien ?
Il se déplace en fermant les yeux et part s'asseoir derrière moi, sur les dernières marches d'escalier. Je me retourne pour lui faire face en fronçant les sourcils. Il reste nonchalant.
- Tu ne sais pas ce que je suis ?
- Ce que tu es ?
- Et tu ne sais pas ce que tu es ?
- Ce que je suis ?
- Tu vas tout répéter ?
Il se met à rire. Rire, cela, il sait le faire. Je fronce davantage les sourcils et le fixe. Il continue de rire et tape sur ses deux genoux. Décidément, je ne sais pas ce qui le fait hurler à ce point, mais j'espère ne pas tarder à le savoir.
Il se lève de ses marches et bascule de droite à gauche en ayant les mains dans les poches. Il retient un sourire et ne me regarde pas dans les yeux.
- Bon David, tu joues à quoi ?!
- A rien, à rien. Mais tu sais vraiment pas ?
- De quoi je ne sais pas ?!
VOUS LISEZ
J'y croyais
Fiksi UmumEt si simplement y croire nous ouvrait toutes les portes ? Suivez l'histoire d'Emi, une jeune étudiante en médecine qui, parce qu'elle y a cru, a ouvert la porte vers un monde qu'elle ne soupçonnait pas : L'enfer. Un roman de fantaisie sur le dével...