30. Emilyne

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Comme un gouffre sans fond. Mes yeux sont voilés de noir. Je ne sens plus rien. Aucune odeur, aucune sensation. J'ai l'impression de ne plus exister. Non pas d'être morte, mais bien de ne plus exister. Je perçois, au loin, un bruit que je n'arrive pas à déchiffrer. Je mets toute mon énergie dans les paupières pour les ouvrir. En vain. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas crier. J'ai l'impression d'être coincé dans un cauchemar.

- Emilyne !

J'entends un semblant de bruit audible. Mais je n'arrive pas à le déchiffrer correctement. Celui-ci se répète et j'arrive à comprendre après plusieurs fois que c'est mon nom qui est crié. Qui le crie ? D'où il vient ? Je ne sais pas.

- Emilyne !

Je l'entends en boucle et plus il est prononcé plus j'arrive à comprendre les différentes intonations. J'essaie de répondre mais ma gorge est nouée. Je n'ai pas le droit à la parole. Je sursaute intérieurement. Je sens quelque chose presser mon bras. Je recouvre petit à petit chacune des sensations humaines. Une grande main rugueuse agrippe mon bras, une autre ma jambe. La voix qui m'appelle est féminine. L'odeur ambiante est assez étrange, si je devais la décrire, je dirais que cela sent l'encens.

- Emilyne !

La prononciation de trop. Ou bien la prononciation qu'il me fallait je présume. J'ouvre enfin les yeux pour redécouvrir la lumière et celle-ci est anormalement rougeâtre. Mes yeux découvrent la pièce où je suis. A première vue, on dirait une chambre. Mais une chambre qui ne me semble pas familière. La personne qui me porte semble être un homme, et je devine par un grognement que c'est Alan. Je tourne la tête de l'autre côté et croise Tania, qui n'en a visiblement rien à faire que je suis réveillé.

L'ambiance autour de moi semble étrange et le filtre rougeâtre me fait questionner sur la santé de mes yeux. 

- On est où ?

- Chez nous, dit Tania.

- Comment ça "chez nous" ? 

- Oh bordel ça va être long. Alan pose là, tu vas finir par chopper une crampe.

Alan réagit à ses ordres et me dépose sur le seul lit de la pièce. Il part plaquer son dos contre un mur et croise les bras. Tania est assise sur une chaise qui roule et s'avance vers mon lit pour être plus proche. Elle est assise à l'envers, posant ses bras sur le haut du dossier de la chaise. Elle pose son menton aussi et soupire un grand coup. Elle marmonne.

- On avait dit que cela serait à Jake de s'occuper de ce genre de chose. Mais évidemment il n'est jamais là quand on a besoin de lui.

- D'ailleurs, où est Jake ? dis-je.

Tania roule des yeux puis se gratte ceux-ci. J'ai l'impression de la saouler. Alan finit par prendre la parole.

- On ne te suffit pas nous ?

- Si ! Si ! Mais c'est lui.. Qui me disait que s'il m'arrivait quelque chose, il me sauverait..

- Eh bah ? Tu avais Tania, il n'allait pas venir pour rien

- Oui mais.. Pourquoi c'est toi qui est venu ?

Je crois que je l'ai énervé.

- Mais dit le si je fais chier ! Putain. Ça m'apprendra à vouloir être sympa. J'aurai dû vous laisser vous faire chopper par les Trônes. 

Il frappe la commode avec son pied et Tania lui crie dessus. Elle fronce les sourcils en haussant la voix et il finit par se calmer. Elle remet son attention sur moi.

J'y croyaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant