Encore coincé dans ce foutu hôpital. Qu'est-ce qui m'a pris sur Terre de choisir une voie aussi chiante. J'attrape le petit mobilier sur roulettes qui se dresse sur mon chemin et le balance un peu plus loin. Un pari sur l'avenir, mon cul oui. Me voilà coincé à écouter les gens, me faire engueuler et les soigner pour un salaire de misère. Vraiment, faites médecine.
Mon chef d'internat m'interpelle et je roule des yeux. Suivons-le, je n'ai pas le choix. En marchant, je prends soin de nettoyer mes mains avec du gel hydroalcoolique. C'est important. Dans 20 ou 30 ans il n'y en aura plus.
Il me confie une patiente. Protocole basique, je dois lire sur la tablette son dossier pour la présenter au médecin.
- Elise Osmond, 25 ans, se plaint de douleurs oculaires, maux de tête et d'une fièvre.
- Alan, qu'est-ce que tu recommandes alors ?
Je soupire. C'est barbant comme métier.
- Un scanner, s'il y a rien, une ponction.
- Pourquoi ?
Je fronce les sourcils. Il me prend pour un idiot.
- Pour vérifier que ce n'est pas une méningite.
- Alors, je t'en prie, tu t'en occupe ? Tu connais la procédure ?
- Oui.
Mon chef d'internat s'en va le sourire aux lèvres. J'ai envie de l'égorger tellement il est niais. Je regarde la jeune femme sur son lit. Son visage est crispé de douleur. Ses yeux sont comme soudés, elle doit vraiment avoir mal.
J'imbibe une serviette d'eau froide et lui pose sur les yeux, elle sursaute.
- Pas de panique, je suis le médecin. Enfin l'interne. Mais cela devrait vous soulager un peu.
- Merci.. Vous allez vous occuper de moi ?
J'acquiesce d'un "hum" avant de monter les barrières de son lit et de la sortir de la chambre. Je traverse les couloirs de l'hôpital en l'amenant jusqu'à la salle de scanner. J'en ai marre d'être entouré de malades et de gens au bord de la mort. C'est déprimant. Je me perds dans mes pensées puis y sors très vite en entendant le corps sur le lit que je pousse me parler.
- Vous êtes en quelle année ?
- 6 ème madame.
- Vous avez passé 2 concours que vous avez réussis et pourtant à vous semblez très grincheux, c'est pas vraiment une attitude de médecin, vous savez ?
Je serre les dents et mes poings contre les rambardes de son lit.
- Parfois, on n'a pas vraiment le choix et puis c'est tout.
- Pas le choix ? Vous êtes adulte, si vous n'aviez pas envie de les passer ses concours, vous auriez pu faire autre chose de moins prenant et de plus rentable, vous savez. C'est bête de gâcher sa vie à faire quelque chose dont on n'a pas envie. En plus, dans votre métier, vous avez des vies entre les mains, c'est pas forcément rassurant, haha.
- Et vous ? Vous faites quoi pour me donner des leçons madame ?
- Dernière année d'études avant d'être avocate.
- Je comprends pourquoi vous parlez autant. C'est une passion.
Elle ne me voit pas mais réussir à me taper le bras.
- Rho ! Mais non, je veux défendre les gens.
Je me contiens de lui dire quoi que ce soit pour sa tapette et soupire longuement. Cette discussion m'ennuie déjà. C'est pire qu'avec les vieux.

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J'y croyais
General FictionEt si simplement y croire nous ouvrait toutes les portes ? Suivez l'histoire d'Emi, une jeune étudiante en médecine qui, parce qu'elle y a cru, a ouvert la porte vers un monde qu'elle ne soupçonnait pas : L'enfer. Un roman de fantaisie sur le dével...