Peu de temps après l'incident du métro 13
- Mais ça va pas Nergal* ! C'est quoi ton but au juste ?! Tu veux que tout le monde sache pour ici ?
- Elle doit rentrer. C'est la procédure.
- Mais je me fiche de la procédure ! C'est qui qui t'a dit d'envoyer tes troupes pour saccager le métro sur Terre hein ?
- Eh, je suis chef de la police secrète, je me permets ce qui me plaît.
Il prit une pause dans ses paroles.
- Mais c'est Baal* qui m'a dit de le faire. Ordre de Lucifer*.
Je grince des dents. Encore un coup de ce type aux cheveux de serpent. Je regarde Nergal d'un mauvais oeil. S'il pense que c'est son imposante taille et ses cornes aiguisées sur le haut du crâne qui vont me faire sourciller, il se trompe. Je lui fais signe de partir au plus vite. Je regarde mes avants bras, en sang. Son armée de diablotin ne s'est pas gênée pour me griffer de partout. Je tourne sur moi-même en réfléchissant à comment je vais faire pour cacher cela sur Terre. Je dois me concentrer et trouver une solution. Si je mets des bandages, on ne me laissera pas intervenir auprès des patients à cause de la procédure de stérilisation.
Je soupire avant de m'asseoir par terre, faute de trouver un rocher dans ce désert qu'est le Pays des Larmes. Je fixe de nouveau mes bras ensanglantés. Je n'ai pas le choix, je vais devoir dire à ma cheffe de service que je ne peux pas venir pendant quelques jours, le temps que cela cicatrise. Heureusement que ces diablotins n'avaient pas de griffes empoisonnées, sinon j'aurai bien eu l'air bête. Je ferme les yeux et me téléporte dans le grand château du Pays des Flammes.
Ce château est la demeure de Satan en personne, le grand chef de l'Enfer. J'atterris dans la grande salle des portails. L'un mène à la Terre, l'autre, barricadé par des chaînes et des cadenas, mène au Paradis. Je m'apprêtais à passer le portail puis je fis demi-tour. Je dois toucher deux mots à mon chef. Si on peut appeler cela un chef. Je traverse les grands couloirs rouge et noir du château. Les murs sont ornés de tableaux représentant les grands dirigeants de ce monde. Lorsque je passe sur celui de Baal, je ne me retiens pas de lever mon majeur pour le saluer lui et sa tête de troll. J'ai toujours trouvé que son nez ressemblait à un phallus. Je ris à ma propre remarque puis m'avance toujours dans ce couloir sans fin. Je croise aussi les tableaux des 3 princes de ce monde : Léviathan*, Bélial* et Lucifer*. Je salue Léviathan* ainsi que Bélial* puis je me retiens de déchirer le portrait de Lucifer. Je déteste son air arrogant et ses serpents en guise de cheveux.
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Après avoir fini de déambuler dans le couloir infernal, je toque à l'immense porte en marbre noir du bureau de Satan lui-même. J'entends un "Entrez" assez grave et je ne me fais pas prier. Je referme la porte et il se tourne vers moi. Il est assis sur une chaise de bureau et porte un costume. Il reste néanmoins imposant et la couleur rouge de sa peau, qui semble immuable, impose le respect. Il croise ses doigts sur le bureau devant lui et je me demande comme fait-il pour ne pas se blesser avec des griffes aussi longues. Il m'invite à m'asseoir et je m'exécute.
- Que puis-je faire pour toi, Jake ?
- Je viens me plaindre de votre fils, majesté
- Lequel ?
- Lucifer, majesté, grinçait-je.
Il soupire, mais ne semblait pas surpris. Il fit un tour de chaise avant de me regarder de nouveau.
- Qu'a fait encore cet abruti ?
- Il envoie des troupes sur Terre pour venir récupérer.. Vous savez..
Il comprend et me demande de me taire. Je ne dis pas un mot de plus. Il se passe une main sur le visage et râle. Pour le seigneur tout-puissant de ce monde, il ne semble pas au courant de beaucoup de choses. Il se lève, d'un coup et me tourne le dos. Il croise les mains dans son dos et regarde la fenêtre teintée de son bureau.
- Tu n'es pas sans savoir que Lucifer attend avec impatience le retour de notre cher Princesse, encore.
- Je ne le sais que trop bien. Mais étant chargé de sa protection, s'il vient à me mettre des bâtons dans les roues, je finirai par l'éliminer.
Il se tourne vers moi et éclate de rire. Je serre la mâchoire pour ne pas m'énerver. Était-il même au courant que sans moi, une centaine d'humains seraient blessés et auraient appris l'existence de notre monde ? Il ne s'arrête pas de rire et je quitte son bureau sans rien dire, tout en claquant la porte. Je refais le chemin inverse, traversant de nouveau ce couloir beaucoup trop long tout en marmonnant.
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J'arrive enfin de nouveau à la salle des portails. Celui vers la Terre émet une lumière violacée mélangée de particules noires. Je le traverse et atterris dans l'armoire de ma chambre. J'ouvre la porte et en sortis. Il faut dire que j'ai choisi un endroit assez caché pour mon portail, mais tant que je ne l'active pas, il peut me servir de véritable penderie. J'appelle ma responsable pour lui faire part de mes prochaines absences. Je risque de reprendre le travail en même temps que les deuxièmes années reprennent leur rentrée. Je devrais lui demander de me transférer directement à l'hôpital affilié. Puis après ce coup de fil, j'irai bander mes bras, cela m'évitera de tâcher le parquet de ma chambre.
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Jour de la rentrée des deuxièmes années
Mon affectation a été validée avec succès. Me voilà externe à l'hôpital près de la fac de notre cher Princesse. Je passe la grille de la faculté tout en la regardant avec dégoût. De mémoire, l'architecture française est de toute beauté. Pourquoi ici et seulement ici, tout semble.. fade ? Je sors de l'établissement par une porte automatique pour rejoindre le parking de l'hôpital. Je m'arrête soudain sur une statue au milieu de la cour. Qu'est-ce que cela peut bien représenter. Une mitochondrie ? Un tas ? J'opterai pour de l'art abstrait sans doute. Je reprends ma marche et arrive à l'hôpital. Je me présente au personnel puis me précipite aux vestiaires pour me mettre en tenue. J'en sors un peu pressé avant de rentrer dans quelque chose. Ce quelque chose semble bien être ce que je pense : la Princesse. Elle ne sait que dire, moi non plus. Je m'excuse et laisse glisser un "Princesse" qui m'échappe. Je me mords l'intérieur de la joue en la dépassant.
C'est la deuxième fois que je fais la gourde de le dire, elle va finir par me prendre pour un fou. Je monte à l'étage pour observer mon premier patient dans cet hôpital qui ne présage rien de bon. J'ai cru apercevoir un rat tout à l'heure. J'entre dans une chambre et une vieille dame est allongée sur un lit. Des perfusions plein les bras, elle me regarde avec un petit sourire. Je lui souris chaleureusement en retour et commence à m'occuper d'elle.
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Après plusieurs examens, lorsque je me hâte au branchement d'une nouvelle poche pour sa perfusion, je vois par la fenêtre une lumière violacée sortant directement d'une ambulance et un homme. L'homme disparaît avec la lumière et je sens de la sueur perlée sur mon front. Il y a d'autres démons ici ? Sont-ils envoyés par Lucifer encore une fois ou sont-ils simplement des voyageurs de monde ? Je ne suis pas en sécurité ici. Mais elle non plus, n'est pas en sécurité. Oh my Satan !
*Nergal : Chef de la police secrète de l'empire infernale
*Baal : Général en chef de toutes les armées de l'empire infernale
*Lucifer : Prince des enfers aux cheveux de serpent
*Léviathan : Prince des enfers à l'apparence de serpent aquatique
*Bélial : Prince des enfers à l'apparence humanoïde

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J'y croyais
Fiksi UmumEt si simplement y croire nous ouvrait toutes les portes ? Suivez l'histoire d'Emi, une jeune étudiante en médecine qui, parce qu'elle y a cru, a ouvert la porte vers un monde qu'elle ne soupçonnait pas : L'enfer. Un roman de fantaisie sur le dével...