Quand la sonnerie a enfin retenti après ces cinquante-cinq minutes interminables, j'ai réalisé que l'année allait être très compliquée en maths. Et que ce prof perché n'allait pas arranger les choses. La récréation était la bienvenue. Alors que je venais de sortir de la salle, j'ai senti quelqu'un me taper sur l'épaule. Je me suis retournée et j'ai face à une Naomie éberluée. J'ai suivi son regard, puis j'ai porté une main à ma bouche. Deux garçons étaient en train de se taper dessus au fond du couloir. D'où j'étais, je ne pouvais voir le visage d'aucun des deux. Le combat était violent, des insultes fusaient et des coups de poings étaient dégainés toutes les cinq secondes. « Il faut le faire pour s'embrouiller avec quelqu'un au point de se battre avec lui le jour de la rentrée. » je me suis dit. On a donc décidé de se joindre à l'attroupement qui s'était formé autour d'eux. Un groupe de garçons – sûrement de terminale – étaient juste devant nous et nous cachait la vue.
- Monte sur mon dos, a dit Naomie.
- T'es folle ?
- Fais pas la meuf et grouille toi.
La curiosité l'emportant sur le risque d'être ridicule, j'ai sauté sur son dos. Maintenant à la bonne hauteur, je surplombais tout le monde et je pouvais à présent parfaitement distinguer le visage ensanglanté de... Elias ? Mon dieu, que s'était-il passé ? Paniquée, j'ai fait signe à Naomie de me lâcher.
- Alors ?
- C'est... c'est Elias.
- Quoi ? Le pote d'Adam ?
J'ai hoché la tête. Soudain, une voix rauque retentit dans le couloir, couvrant les cris des élèves qui encourageaient ceux qui se battaient.
- C'est quoi ce bazar ?
C'était Matt, le hipster qui nous avait fait entrer dans la classe le matin même. Il s'est interposé entre les deux garçons et, grâce à sa grande carrure, n'a eu aucun mal à les séparer.
- Vous deux, vous venez avec moi.
Alors qu'ils s'éloignaient dans le couloir, Elias a levé la tête. Sa lèvre saignait, ses pommettes étaient rouges et son œil droit, mi-clos, avait pris une couleur noirâtre. Il faisait peur à voir. Il semblait chercher quelqu'un dans la foule, puis son regard s'est posé sur moi. Il a porté une main à son oreille et mima un téléphone, me faisant signe de l'appeler, avant de disparaître à l'angle du couloir, entraîné par Matt.
Troublée, je cherchai Naomie du regard. Elle était en train de discuter avec Gabriel, un peu plus loin. La discussion semblait animée : elle devait sûrement lui raconter ce qu'il se passait. Mais c'est alors que mon regard s'est posé sur un garçon qui arrivait en courant : Adam. Il est arrivé devant moi essoufflé.
- Justine, t'as pas vu Elias ?
- Tu t'es décidé à m'adresser la parole convenablement, apparemment.
- C'est pas le moment. Tu l'as vu ou pas ?
- C'est jamais le moment, à ce que je vois, marmonnai-je. Il vient de partir avec un surveillant.
- Et merde, a-t-il soufflé avant de s'éloigner en trottinant.
Pas même un merci. Charmant, ce garçon. Décidément, l'image que je commençais à me faire de lui se confirmait. Naomie avait raison, ce n'était qu'un idiot prétentieux. Je l'ai rejointe, elle et Gab.
- Quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe, là ? ai-je dit espérant qu'ils en sachent un peu plus que moi.
- Je crois qu'on est tombés dans un lycée de tarés, a soupiré Naomie.
Gab a hoché la tête, l'air pensif.
On est retournés en cours quand la fin de la récréation a sonné. Quand on s'est installés, j'ai jeté un rapide coup d'œil à la classe et j'ai vite remarqué qu'Adam n'était pas là. Ça t'étonne, Justine ? Dix minutes plus tard, on entendit frapper à la porte. Naomie et moi nous sommes regardées d'un air complice.
- Oh, mais qui voilà ? a-t-elle chuchoté en voyant Adam entrer dans la classe.
Son visage était fermé, on ne pouvait y discerner aucune émotion. Après avoir donné un billet de retard au professeur, celui-ci lui a fait signe de s'installer. Il nous a regardées, Nao et moi, puis Gabriel assis derrière nous, avant de relever la tête et de marcher en direction du fond de la salle.
- Connard, ai-je entendu Gabriel marmonner.
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𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒
RomanceÀ la rentrée de mon année de seconde, mon objectif était de profiter sans me prendre la tête. Je m'étais cependant fixée une seule et unique contrainte que je m'étais jurée de garder en tête tout au long de l'année : ne plus jamais aimer. La raison...