16 : Petite chieuse égoïste

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Le lendemain matin, je suis arrivée au lycée toute excitée. Je commençais la journée avec mon premier cours d'anglais et j'étais impatiente de découvrir mon prof.

- Hello, dear students, I'm Miss Brown nous a dit une femme d'âge mûr une fois que nous nous étions installés. J'espère que vous vous êtes faits à ce nouvel environnement et que vous vous plaisez dans ce lycée. Mais j'espère surtout que vous aimez l'anglais, parce que nous sommes là pour ça, a-t-elle dit en prenant un air faussement sérieux.

Elle parlait avec un léger accent britannique qui ajoutait à son charme. Sa voix douce tranchait avec le ton autoritaire qu'elle employait. Cette prof me plaisait bien.

Quelques minutes après le début du cours, j'ai remarqué un bruit répétitif provenant de derrière moi. J'ai alors jeté un regard par-dessus mon épaule et découvert un Adam particulièrement agité. Il secouait frénétiquement sa jambe sous la table et tapait avec son stylo sur son cahier. En croisant mon regard, ses yeux m'ont semblé lancer des éclairs. Son regard était empreint d'une telle colère que j'avais l'impression qu'il était capable d'exploser à tout moment. Alors que les battements de mon cœur s'accéléraient, je me suis retournée pour fuir ses yeux soudain devenus bien plus sombre que je ne les connaissais. Pourquoi tu me regardes comme ça ? Qu'est-ce que je t'ai fait putain ? Arrête de m'en vouloir comme ça, j'y suis pour rien moi ! avais-je envie de hurler.

Quand je suis sortie de la salle à la fin du cours, j'ai jeté un œil à mon téléphone pour vérifier si j'avais reçu des messages. En le déverrouillant, j'ai écarquillé les yeux.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? m'a demandé Maya en voyant ma mine déconfite.

- Sept... sept appels en absence. Mais...

- De qui ? s'est empressée de demander Nao.

- Elias.

- C'est sûrement pas très grave... a tenté de me rassurer Maya.

- Sept appels, Maya !

Elle a baissé la tête et regardé ses chaussures, ne sachant pas quoi répondre.

- Rappelle-le, non ? a dit Nao.

Je me suis mise à l'écart en soupirant. J'avais les mains moites et mon col roulé semblait soudain trop serré. Pourquoi tu stresses comme ça, Justine ? Maya a raison, c'est certainement rien de grave. J'ai lancé l'appel en retenant ma respiration.

- Putain, enfin tu décroches, répondit Elias d'un ton sec après la deuxième sonnerie.

- J'étais en cours, ça pouvait pas attendre ?

- Crois-moi, ça ne pouvait vraiment pas attendre, non.

- T'es énervé ?

Il n'a rien répondu. J'entendais sa respiration forte et irrégulière dans le combiné.

- ...Elias ?

- Merde ! cracha-t-il. Pourquoi tu me l'as pas dit ? Pourquoi, bordel ?!

- Je... de quoi tu parles ?

- T'es qu'une petite chieuse égoïste, Justine Picot.

Et il a raccroché instantanément. La manière qu'il a eue de prononcer mon nom m'a donné la chair de poule. J'ai levé la tête vers les filles qui me fixaient quelques mètres plus loin. En voyant mon regard perdu, Nao s'est précipitée vers moi.

- Eh, qu'est-ce qu'il s'est passé ? m'a demandé calmement Maya qui nous avait rejointes.

- Il... j'ai rien compris. Il me reproche de ne pas lui avoir dit quelque chose mais... (J'ai levé des yeux remplis d'incompréhension vers Maya) Je n'ai aucune idée de ce dont il parle.

C'est alors que j'ai vu Adam sortir de la classe, suivi de la prof d'anglais qui ferma la porte derrière eux. Ils s'étaient visiblement entretenus à la fin du cours. Miss Brown affichait un air grave, ce qui m'a paru étrange compte tenu de l'énergie et de la joie qu'elle avait mis dans son cours. Mais ce qui m'a profondément anéantie, c'est le regard empreint de haine et de déception que m'a jeté Adam.

Mon corps s'est alorsmis à trembler de plus en plus fort. Des larmes coulaient sur mes joues sans mêmeque je ne m'en rende compte et mon souffle s'est accéléré. J'avais l'impressionde manquer d'air, j'étouffais. Les filles portaient sur moi des regards affoléset je voyais bien qu'elles n'avaient aucune idée de la conduite à adopter. Maisil n'y avait qu'une seule chose à faire lorsque j'étais atteinte d'une crised'angoisse : me mettre dans un endroit calme et extérioriser mes émotions aumaximum, en pleurant tout simplement.

𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant