20 : Explications riches en émotions

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Quand on est arrivés dans notre repère, Elias, Adam et le troisième garçon de la dernière fois étaient assis là, un air grave sur le visage. Elias s'est immédiatement levé alors qu'Adam est resté assis, la tête baissée, à côté de son ami. Maya s'est volatilisée sans même que je m'en rende compte. Où était-elle partie ? J'ai lancé un regard interrogateur à Naomie qui a haussé les épaules.

- Je vais pas te faire perdre ton temps ai-je dit à l'attention d'Elias. J'exige juste quelques explications.

- Très bien.

Il a pris une grande inspiration, comme pour essayer de se calmer.

- Ton père est un véritable connard. Tu le sais ça, hein ? Ne me fais pas croire que tu ignores ça aussi.

- O...oui, ai-je dit me sentant pâlir.

En quoi mon père était responsable du fait que les garçons m'en veuillent ? Je ne comprenais rien et je n'attendais qu'une chose : savoir enfin. Alors j'ai attendu sans rien dire qu'il continue son récit. Adam avait la tête tournée vers la vitre, je ne voyais donc pas son visage.

- Il y a quelque temps, le père d'Adam est tombé malade. Ton père et lui étant amis de longue date, il lui a demandé de lui prêter de l'argent pour se soigner. Le problème, c'est que ton père exige que...

Il s'est soudain interrompu, me regardant avec des yeux inquiets. Je me sentais pâlir de plus en plus et la tête me tournait. Je ne savais plus comment respirer.

- Ça va ? a-t-il demandé.

J'ai hoché la tête en m'asseyant sur le rebord en face d'Adam et de l'autre garçon.

- Youssef c'est... ton père ? demandai-je à Adam dans un souffle.

Il a relevé la tête vers moi. Il avait les yeux rouges et un teint pâle.

- Je connais l'histoire mais je ne savais pas qu'il s'agissait de toi, ai-je continué.

J'ai jeté un regard à Naomie. Elle avait l'air perdue. Je lui avais déjà parlé de mon père mais pas de la confidence que ma mère m'avait faite au sujet du père d'Adam.

- Il le menace, est soudain intervenu le troisième garçon. Ton père le menace lui, mais aussi son fils et ses amis. C'est-à-dire nous, a-t-il ajouté en plantant ses yeux sombres dans les miens.

Je suffoquais. Comment mon père pouvait être une ordure pareille ? Et comment n'avais-je pas fait le rapprochement avec Adam ? Je m'en voulais terriblement de ne pas avoir compris.

- Il a même envoyé des gamins du lycée nous casser la gueule, a repris Elias. C'est contre eux que je me suis battu le jour de la rentrée. Tu t'en souviens ?

Évidemment que je m'en souvenais et tout à coup, tout a pris son sens. Je comprenais enfin. J'ai senti une larme rouler sur ma joue.

- Je ne suis pas comme lui, suis-je parvenue à articuler.

J'ai essayé de reprendre une contenance.

- Vous n'avez pas le droit de me détester pour les actions de mon père. Je n'ai rien à voir avec lui.

A présent, je n'étais plus triste mais en colère. Contre mon père mais aussi contre eux, pour m'avoir comparée à lui et pour avoir pensé que pourrais être de son côté. Je n'ai pas réussi à retenir le flot de larmes qui menaçait de couler depuis un moment déjà. Et alors que je m'effondrais en sanglots, j'ai vu Adam se lever pour venir s'asseoir à côté de moi et me prendre dans ses bras.

- Je suis désolé, a-t-il soufflé dans mon cou. Désolé d'avoir pu croire que tu approuves ce qu'il fait. Désolé de ne pas t'avoir fait confiance en t'en parlant plus tôt.

Ses mots et son étreintem'ont instantanément rassurée. Les battements de mon cœur ont ralenti et j'aifermé les yeux, m'abandonnant à la chaleur de ses bras réconfortants.

𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant