Quand je me suis défaite de son étreinte, ses yeux mi-clos étaient brillants et ses lèvres rosies. Il me dévisageait avec une lueur d'inquiétude dans le regard. Je pouvais voir danser dans son esprit toutes les questions qu'il se posait. Qu'avais-je pensé de ce baiser ? Comment allais-je réagir à présent ? Allais-je le fuir ou rester auprès de lui ? Mais la vérité c'est que je n'avais moi-même pas la réponse à toutes ces questions. Aucun de nous n'osait dire un mot. On s'est regardés avec de grands yeux interloqués pendant plusieurs secondes – ou minutes ? – avant que je me décide enfin à esquisser un mouvement.
Comme s'il avait reçu un électrochoc, il s'est écarté de moi en vitesse. Je me suis passée la main dans les cheveux, gênée, et j'ai sauté du rebord de la vasque où j'étais toujours assise. Il s'est écarté pour me laisser passer et j'ai posé ma main sur la poignée de la porte, m'apprêtant à l'ouvrir. J'ai jeté un dernier coup d'œil discret derrière moi et j'ai vu qu'Adam avait la tête baissée. J'ai alors ouvert la porte sans un mot et je suis sortie.
De retour dans la chambre, j'ai aperçu Naomie et Maya allongés sur le lit, un ordinateur devant elles.
- T'en as mis du temps ! s'est exclamée Naomie.
- Oui, désolée, je, euh, je m'étais perdue en route.
- C'est vrai que la maison est grande, mais t'as quand même mis dix bonnes minutes, a renchéri Maya.
- Mon sens de l'orientation n'a jamais été incroyable, ai-je répondu avec un petit sourire pour tenter de cacher mon malaise.
J'ai vu dans le regard de Naomie qu'elle ne me croyait pas le moins du monde mais, heureusement, elle s'est abstenue de tout commentaire. J'avais compris qu'elle s'était rendue compte que quelque chose clochait, mais elle ne savait pas encore quoi.
- Bon, ai-je continué pour changer de sujet, elle va commencer quand cette soirée entre filles.
- De suite, chef ! a répondu Maya avec un grand sourire, sortant de son armoire des paquets de sucreries diverses et variées.
Naomie a branché son téléphone sur l'enceinte et a lancé une chanson Ruel, son chanteur préféré. Une soirée sans entendre la voix son idole était pour elle impossible ! Assise sur la chaise de bureau de Maya, je me demandais ce que ce baiser avec Adam voulait dire. Pourquoi étais-je partie sans un mot ? Oh, mon dieu. Je venais de réaliser. L'avoir laissé comme ça sans réponses était digne d'un comportement de salope. Je suis partie sans rien dire, il devait être à présent aussi perdu que moi, si ce n'est plus. Quelle conne, Justine. Je devais absolument réparer ça, et au plus vite. Mais comment faire s je ne sais même pas ce que ce baiser signifiait ? C'est alors que je me suis attardée sur les paroles de la chanson que diffusait l'enceinte.
Cause you're my painkiller
When my brain gets bitter
You keep me close
When I've been miserable
And it takes forever
To let my brain get better
You keep me close
You keep me close
Adam était mon antidouleur. Il m'aidait à aller mieux. Je m'étais refusée d'aimer à nouveau, par peur de finir par encore être blessée. Mais la vérité c'est que, quand j'étais avec Adam, j'oubliais tout : le passé, les erreurs, le chagrin. Avec lui je me sentais en sécurité mais je refusais que notre relation soit une relation pansement. Je ne pouvais pas lui faire ça.
A cet instant, je mourais d'envie d'aller lui dire tout ce que j'avais sur le cœur mais je ne pouvais simplement pas. J'avais promis à Maya qu'on rattraperait ensemble sa fête d'anniversaire qui avait mal tourné alors, pour elle mais aussi pour moi, je devais oublier tout ça, au moins le temps d'une soirée.
- Justine ? Ça va ? m'a soudain demandé Naomie, me tirant de mes pensées.
- Oh, oui, pardon. Je, je réfléchissais, ai-je répondu avec un sourire que j'ai voulu décontracté.
- Tu t'amuses pas ? Ça fait un moment que t'es assise sur cette chaise, a dit Maya.
- Bien sûr que si, ma chérie. C'est la meilleure fête de rattrapage d'anniversaire de tous les temps ! me suis-je alors exclamée en me levant, brandissant mon verre de Coca et en me jetant sur l'enceinte pour augmenter le volume de la musique.
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𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒
RomanceÀ la rentrée de mon année de seconde, mon objectif était de profiter sans me prendre la tête. Je m'étais cependant fixée une seule et unique contrainte que je m'étais jurée de garder en tête tout au long de l'année : ne plus jamais aimer. La raison...