29 : Retrouvailles

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Adam m'a ramenée chez moi en parfait gentleman, m'a ouvert la portière et m'a accompagnée jusqu'à ma porte d'entrée où il m'a prise dans ses bras après avoir un peu hésité. Il pensait peut-être que j'ai oublié les confidences de Maya au sujet de l'implication d'Adam dans un trafic de drogue. Il espérait sûrement avoir échappé à des reproches et un interrogatoire. Mais j'attendais juste le bon moment pour en parler avec lui. Durant cette soirée, mon cerveau et mes émotions ont été mis à rude épreuve et j'étais perdue. Je ne savais plus quoi penser de qui. C'est pourquoi je n'ai pas évoqué le sujet avec Adam, mais je comptais bien le faire dès que j'aurais les idées plus claires. J'allais donc profiter de mon dimanche pour ça : me poser les bonnes questions et éclaircir mes pensées

Le lendemain matin, quand je suis arrivée au lycée, Naomie et Maya semblaient en grande discussion.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? ai-je dit en voyant Maya écarquiller les yeux.

- T'es pas sérieuse ?! s'est exclamée cette dernière à l'adresse de Naomie, m'ignorant royalement.

Naomie a eu un sourire gêné. Ouh là... ça ne lui ressemble pas d'être gênée. Qu'est-ce qui avait bien pu mettre Maya-La-Dure-A-Cuire dans un tel état ?

- Eh oh, je suis là. Nao ?

Naomie s'est tournée vers moi, les joues roses.

- Après la soirée, Gab a voulu me ramener mais... bon, je sais pas trop comment... il a fini par rester dormir.

- Attends... quoi ? Mais vous n'avez fait que dormir, n'est-ce pas ?

- Eh bien... pas tout à fait en fait.

Une fois la stupeur passée, je pousse un cri de joie et la prends dans mes bras.

- Je suis si heureuse pour toi ma chérie ! Je suis si heureuse pour vous.

J'ai alors remarqué que le regard de Maya était ailleurs. J'ai tourné la tête et j'ai compris. Adam et Antoine marchaient vers nous. En scrutant plus attentivement le visage de Maya, j'ai remarqué que ses traits étaient tirés et qu'elle avait d'énormes cernes sous les yeux. Il semblait qu'elle n'ait pas beaucoup dormi depuis la soirée.

- Et... avec ton frère, Maya, c'en est où ? me suis-je risquée.

Elle a reporté son attention sur moi et un petit sourire est venu éclairer son visage jusqu'alors fermé.

- Tout va bien. J'ai enfin compris que j'avais joué à la petite sœur protectrice et stupide. J'ai peur pour lui, certes, mais je ne suis pas en mesure de lui dicter ce qu'il doit faire de sa vie. En plus, il fait ça pour une cause honorable. Mais les flics ne comprendraient pas ça, alors je n'ai plus qu'à espérer qu'il ne se fasse pas attraper, a-t-elle conclu avec un haussement d'épaules. Ni lui, ni Adam ni...

Ses yeux se sont subitement assombris. Elias. Evidemment, malgré sa lourdeur, il nous manquait à tous. Mais Maya affichait un air vraiment abattu.

- Je sais, on espère tous qu'il s'en sortira au plus vite, a dit Naomie en posant sa main sur l'épaule de Maya.

- Vous comprenez pas, a-t-elle répondu en secouant la tête. Depuis toute petite, j'ai toujours apprécié Elias. Il a toujours été comme un deuxième grand frère pour moi, mais je ne me suis rendue compte que récemment que j'avais des sentiments pour lui. Ça me brise littéralement le cœur de le voir dans cet état. Et malgré ton message, j'ai passé la journée d'hier à l'hôpital, espérant qu'on m'annonce par miracle que je pourrais lui rendre visite.

- Oh, Maya, ai-je dit en la serrant dans mes bras.

Une voix nous a alors interrompues :

- Oh, tu m'as tellement manqué ma chérie d'amour que j'aime ! Une journée sans te voir, c'était l'enfeeeer.

C'était Antoine, accompagné d'Adam, qui était en train de nous imiter.

- Bouffon, a dit Maya en lui donnant un coup de poing dans l'épaule.

- Ouh, mais c'est qu'elle a des griffes la tigresse ! s'est-il exclamé en éclatant de rire.

Adam a fait de même. Ah, ce rire. Il m'avait tant manqué. Je me suis rendue compte que je souriais comme une idiote, les yeux dans le vague, lorsqu'il a posé les siens sur moi.

- Qu'y a-t-il, Juju Fitcats ? Le son de ma voix te ferait-il de l'effet ? me demande-t-il avec un sourire en coin.

- De... quoi ? Non mais tu déconnes j'espère ? Je réfléchissais juste à la manière dont j'allais si tuer si tu continues à me faire chier. Maintenant bouge, ai-je dit en lui donnant un coup d'épaule avant de m'éloigner vers notre classe.

- Bah, qu'est-ce qu'elle a ? l'ai-je entendu dire derrière moi.

Je m'en voulais d'être aussi vulnérable, de sourire à chacun de ses moindres faits et gestes. Non mais sérieux, Justine, qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ? Je te rappelle que tu es censée être énervée contre lui pour le fait qu'il vende de la drogue, pauvre cruche !


𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant