Le lendemain, je me suis foulée la cheville en descendant du bus. J'ai compris à cet instant que ma journée n'allait pas être des plus agréables. Je n'ai dormi qu'une poignée d'heures – voire minutes, tournant dans mon lit, changeant de position toutes les deux minutes. Je ressassais sans cesse les paroles cinglantes d'Elias et dès que je fermais les yeux, le visage et le regard assassin d'Adam faisaient irruption dans mon esprit.
Cela faisait à peine quelques jours que j'étais arrivée dans ce lycée et déjà les insomnies faisaient leur apparition. Rappelle-toi la règle, Justine, la seule putain de règle, ne cessais-je de me répéter en boucle. Pourquoi l'idée qu'Adam puisse m'en vouloir me rendait malade ? Après tout, il n'avait qu'à me détester. Pourquoi l'image qu'il se faisait de moi m'importait autant ?
La seule bonne nouvelle de la journée d'hier n'avait même pas réussi à me remonter le moral un seul instant. J'avais obtenu un quinze à l'interro de maths – la meilleure note que je n'ai jamais obtenue dans cette matière – et ça, grâce à Elias. Mais à quoi bon m'en réjouir s'il ne partage pas ça avec moi ?
J'ai traîné des pieds jusqu'au bâtiment de lettres. Les deux étages que j'avais à monter me paraissaient interminables. Quand je suis arrivée dans le couloir, Naomie et Gabriel étaient dos à moi. C'est donc Maya qui m'a vue la première. Quand cette dernière a ouvert de grands yeux pleins de surprise, les deux tourtereaux se sont retournés en même temps.
- Ma pauvre ! Mais c'est quoi cette tronche ? a dit Gabriel en riant.
- Tu t'es passé du charbon sous les yeux ou quoi ? s'est offusquée Maya en sortant de son sac un flacon d'anticernes.
- J'ai juste peu dormi.
- Peu ou pas ? m'a interrogée Nao en haussant un sourcil.
- Me dit pas que la raison de cette tête de zombie est...
Maya s'est arrêtée au milieu de sa phrase, ses yeux fixant un point derrière moi. Naomie et moi nous sommes retournées, et la scène à laquelle nous assistions nous laissa de marbre.
A l'autre bout du couloir, notre professeure principale, Madame Lagarde, faisaient de grands gestes avec ses bras et était rouge de colère. On l'entendait crier, sans pour autant comprendre ce qu'elle disait aux trois élèves en face d'elle.
On s'est alors rapprochés pour assister à la scène et c'est sans grande surprise que j'ai reconnu les visages d'Adam et Elias. Cependant, la troisième personne m'était inconnue.
- C'est qui lui ? a demandé Gabriel avec un signe de la tête en direction de l'inconnu.
- J'en sais rien, ai-je répondu en même temps que Naomie.
Nous nous sommes alors tournées vers Maya. Son visage était livide.
- Maya ?
- Aucune idée, a-t-elle dit d'une voix blanche.
Notre prof principale n'était à présent plus énervée. Elle paraissait plutôt sceptique.
- Madame, s'il vous plaît, a dit Elias.
- Essayez de comprendre, a continué le troisième garçon.
Adam, quant à lui, avait les yeux rivés sur ses chaussures et ne disait pas un mot. Madame Lagarde a soupiré, à contrecœur.
- Bon d'accord. Mais c'est la dernière fois.
Les trois garçons ont aussitôt décampé et la prof nous a fait entrer dans la classe sans perdre une minute de plus.
VOUS LISEZ
𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒
RomanceÀ la rentrée de mon année de seconde, mon objectif était de profiter sans me prendre la tête. Je m'étais cependant fixée une seule et unique contrainte que je m'étais jurée de garder en tête tout au long de l'année : ne plus jamais aimer. La raison...