Quand je suis arrivée devant le garage à vélos, près du banc où nous nous étions installés la veille, je n'ai vu personne. Il devait avoir un peu de retard. J'ai décidé d'envoyer un message à ma mère pour lui dire que je ne prenais pas le bus ce soir-là et pour lui demander de venir me chercher. Mais une fois mon message envoyé, j'ai soudain paniqué. Et si c'était un mauvais plan ? Après tout, je ne le connaissais que depuis la veille et il s'était déjà battu et il était évident qu'il me cachait des choses et...
C'est alors que j'ai senti deux mains sur mes hanches. J'ai sursauté.
- Bouh ! Je t'ai eue ! s'est écrié Elias en éclatant de rire.
- Tu m'as fait peur, imbécile, ai-je dit en riant mais cependant toujours sous le choc. Ne refais plus jamais ça, c'est bien compris ?
- Oui madame, a-t-il répondu en baissant la tête d'un air faussement honteux.
Nous nous sommes assis sur le petit banc en bois qui se trouvait contre le mur en briques orangées. Les feuilles des platanes bordant la route projetaient de l'ombre, nous abritant ainsi des doux rayons de soleil du mois de septembre. Me sentant étrangement sereine, j'ai fermé les yeux et pris une grande inspiration.
- Je t'avoue que bosser les maths est ma dernière envie à cet instant précis, ai-je dit au bout d'un moment en ouvrant un œil pour regarder Elias.
Il fixait ses chaussures, l'air pensif. Il s'est redressé et m'a regardée.
- Pourtant il va bien falloir, je culpabiliserais si tu sortais de cette interro avec un quatre.
- Oh, faut pas. J'ai toujours été plus ou moins nulle en maths.
- C'est sûr que si tu pars avec cette idée en tête... commença-t-il en fronçant les sourcils. Bref, assez bavardé, dis-moi donc sur quoi porte ta leçon.
- Les fonctions, ai-je répondu en sortant un bloc-notes et un crayon, pas très sûre de savoir ce qu'était une fonction.
- Ça va, c'est pas le plus dur, dit Elias en prenant mon crayon.
Une heure plus tard, j'avais la sensation d'avoir compris plus de choses durant ce laps de temps que pendant toute ma scolarité. Comment ça j'exagère ? A peine, je vous jure.
- Merci beaucoup, ai-je dit une fois mes affaires rangées.
- C'est rien, ça m'a fait plaisir, a répondu Elias en me regardant dans les yeux.
J'ai senti mes joues s'empourprer. Pourvu que l'obscurité du soir parvienne à cacher cette faiblesse, ai-je espéré en baissant les yeux. Mais qu'est-ce qu'il t'arrive Justine ? Ressaisis-toi, bon sang. Je n'arrivais pas à soutenir son regard et je commençais à trouver ce moment de plus en plus gênant quand le téléphone d'Elias posé sur le banc s'est mis à vibrer. Une première fois, puis une deuxième. Et une, troisième, une quatrième... Elias a détourné le regard pour jeter un œil à son écran. En me penchant légèrement, j'ai pu apercevoir le nom d'Antoine s'afficher, mais je ne parvenais pas à lire les messages. Antoine ? Pourquoi ce nom me dit quelque chose ? Puis soudain, l'image d'Adam au téléphone ce matin m'a frappé l'esprit de plein fouet. Serait-ce le même Antoine dont il parlait ? C'est peu probable, il y en a peut-être une dizaine rien que dans ce lycée. Alors qu'Elias fronçait les sourcils en fixant l'écran de son portable, semblant avoir totalement oublié ma présence, j'ai vu la voiture de ma mère tourner au bout de la rue.
- Je vais y aller, ma mère est là, dis-je simplement en me levant.
Semblant enfin se rappeler que j'existais, Elias a levé les yeux sur moi. Je pouvais y discerner un mélange d'inquiétude, d'affolement et d'incompréhension. Il n'a rien répondu.
- Tout va bien ? me suis-je tout de même enquise le voyant dans cet état.
- Oui, a-t-il fini par dire avec son éternel grand sourire, parfaitement bien.
Il a jugé bon d'accompagner sa réponse d'un petit rire mais il était évident qu'il n'était pas naturel. Mais ce soir-là, je n'avais pas la force de chercher à comprendre. J'étais fatiguée de cette journée et de cette heure supplémentaire de maths. Et surtout, je n'avais aucune envie de me donner en spectacle devant ma mère qui attendait déjà garée au bord de la route, la vitre baissée. J'ai levé les yeux au ciel. Ella allait encore me faire croire qu' elle « voulait aérer un peu ». Elle me fait le coup à chaque fois qu'elle m'attend alors que je traine avec un garçon. Parfois, je me demande si c'est bien ma mère ou un agent du FBI.
- Très bien. A demain alors, ai-je dit avec un petit sourire.
- A demain, Justine.
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𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒
Roman d'amourÀ la rentrée de mon année de seconde, mon objectif était de profiter sans me prendre la tête. Je m'étais cependant fixée une seule et unique contrainte que je m'étais jurée de garder en tête tout au long de l'année : ne plus jamais aimer. La raison...