41 : Jeu qui dégénère

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Naomie, Maya et moi nous sommes installés sur le tapis du salon, rapidement rejointes par Gab, Adam et Cloé ayant monopolisé le canapé. J'ai lancé à la pétasse un regard de dégoût. Certes, elle n'était pas au courant qu'Adam et moi étions ensemble – d'ailleurs, personne ne l'était à part Naomie –, mais cela ne justifiait pas son comportement. Elle savait très bien qu'Adam et moi étions proches depuis le début de l'année et si elle agissait de la sorte, c'était définitivement pour me contrarier. Mais la seule question que je me posais vraiment à ce moment-là était : pourquoi Adam la laisse faire ? J'allais devoir découvrir ça par moi-même. Finalement, ce jeu ne tombe pas si mal.

- La reine de la soirée commence ! s'est exclamée Maya en tendant le bras vers Naomie, assise entre les jambes de Gabriel qui avait passé ses bras autour d'elle.

- Action ou vérité ? a-t-elle demandé avec un petit sourire en relevant la tête vers son copain.

- Vérité. J'ai vraiment pas envie de bouger, on est trop bien là, a-t-il répondu avec un sourire narquois.

- Qu'est-ce que tu aimes chez moi ?

J'ai entendu de vagues « oooh ! » ou « c'est mignon » s'élever de l'assemblée. Et c'est vrai que ces deux-là étaient quand même sacrément adorables.

- Eh bien, ton rire, ton intelligence, ton autodérision, ta façon de t'en foutre de ce que les gens peuvent penser de toi et l'odeur de tes cheveux.

Il a aussitôt enfoui son visage dans la chevelure de sa bien-aimée, fermant les yeux.

- C'est tout ? a rétorqué Naomie avec une pointe d'ironie dans la voix.

- Disons qu'il y aurait bien autre chose mais je pense que tout le monde n'a pas besoin de savoir ça.

Naomie a instantanément rougi d'une manière adorable. Tout le monde a éclaté de rire, alors que Cloé levait les yeux au ciel. C'était à présent au tour de Gabriel de poser une question. Son choix s'est rapidement porté sur Adam.

- Action ou vérité ?

- Action, a-t-il répondu sans l'ombre d'une hésitation.

- Bois ce verre cul sec, a dit Gabriel en désignant un gobelet posé sur la table basse.

- C'est quoi ?

- Vodka.

Adam a haussé les épaules. Putain, merci Gab. C'était loin d'être son premier verre de la soirée et je ne souhaitais pas rencontrer le Adam bourré ce soir. En deux gorgées, il a vidé le contenu de son verre puis s'est rassis, comme si c'était de l'eau. Bon. Ça, c'est fait.

- Justine. Action ou vérité ?

Tiens donc.

- Vérité.

Après tout, à part ma relation avec Adam, qu'est-ce que j'avais à cacher ? Oh merde, j'ai beaucoup trop de choses à cacher. Mais de toute façon, Adam n'allait pas me poser de question indiscrète, surtout s'il avait déjà la réponse.

- Tu trouves que je joue bien de la guitare ? a-t-il fini par dire avec un petit sourire en coin.

Attends... quoi ? Il se foutait de ma gueule. Il avait flirté toute la soirée avec l'autre connasse et maintenant, il osait me taquiner et faire allusion à notre aventure chez Maya ? Il n'allait pas être déçu du voyage.

- Absolument pas. T'es nul à chier, ai-je répondu du tac-au-tac sur un ton glacial.

La stupeur se lisait sur son visage. Dans tes dents, bouffon. Maintenant, c'était à moi de poser une question et j'allais faire bon usage de cette opportunité.

- Cloé, ai-je dit en lui adressant un sourire aussi faux que sa poitrine. Action ou v...

- Action, m'a-t-elle coupée, affichant un air angélique.

- Montre-moi tes contacts.

- Pardon ?!

- Tu as très bien entendu. Allez, ai-je insisté en tendant la main vers elle.

Résignée, elle a sorti son téléphone de sa poche, l'a déverrouillé et me l'a tendu. Je n'ai pas eu besoin de beaucoup de temps pour trouver ce que je cherchais. Tout en haut de sa liste de contacts, figurait le prénom d'Adam. Je me suis efforcée de garder la tête haute et une expression neutre sur le visage mais mes doutes se confirmaient. Il se tramait quelque chose entre eux deux et j'étais déterminée à trouver quoi. Je n'ai même pas pris la peine de remettre son téléphone à Cloé en main propre, je lui ai simplement jeté dessus.

- Contente ? T'as trouvé ce que tu cherchais ?

Je me suis contentée d'un sourire hypocrite.

- A moi ! s'est-elle écriée en tapant dans ses mains comme une idiote.

Elle a fait semblant de réfléchir à la personne qu'elle allait désigner alors qu'elle comme moi savions d'ores et déjà sur qui son choix allait se porter.

- Adam, a-t-elle dit en se collant encore un peu plus à lui. Action ou vérité ?

Tu peux juste éloigner ta bouche siliconée de celle de mon mec, si ça t'ennuie pas trop ?

- Encore ?

- Y'a une règle qui interdit d'interroger deux fois la même personne dans une partie ?

- Bon, action, a-t-il soupiré.

- Eh, tu l'as déjà dit la dernière fois.

- Y'a une règle qui interdit de dire deux fois action ? a-t-il rétorqué avec un sourire fier.

Ok, bien joué sur ce coup. Cloé a grogné quelque chose d'inaudible mais a rapidement retrouvé son assurance.

- Non, tu as raison. Pas de problème.

Euh... Pourquoi est-ce qu'elle semble aussi sûre d'elle ? Merde, c'est pas bon ça.

- Embrasse-moi.

Je me suis étranglée avec mon Coca. Quoi ?! J'avais une soudaine envie de mettre le feu à ses cheveux – pour de vrai, cette fois – puis de les lui faire avaler. J'ai jeté un œil à Naomie à côté de moi : elle avait la bouche entrouverte, incrédule. Ce qui me rassurait un minimum c'est qu'Adam semblait aussi choqué que nous et n'avait pas l'air d'avoir envie de s'exécuter. Malheureusement, quelque chose me disait que Cloé n'est pas le genre à abandonner pour si peu.

- Certainement pas, a lâché Adam.

Soudain, le regard de Cloé s'est assombri.

- T'es sûr ?

J'ai vu Adam déglutir lentement et baisser les yeux, changeant radicalement de comportement, comme si elle avait exercé sur lui un pouvoir surnaturel ou je ne sais quoi d'autre que les sorcières de son genre utilisent pour manipuler les gens.

- Je réitère. Embrasse-moi.

Adam m'a lancé un regard désolé. Putain, mais rien ne te force à le faire ! avais-je envie de lui crier. T'es un grand garçon, tu vas pas laisser cette salope te mener par le bout du nez ! Eh bien... apparemment si, puisque je l'ai vu poser sa bouche sur celle de la fille que je détestais le plus, à ce moment précis. C'en était trop pour moi. Ma gorge s'est soudain serrée, mon vendre se tordait douloureusement. Je me suis levée précipitamment et j'ai foncé vers la salle de bains.


𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant