𝐉𝐄 𝐍'𝐀𝐈𝐌𝐄𝐑𝐀𝐈 𝐏𝐋𝐔𝐒 𝐉𝐀𝐌𝐀𝐈𝐒

37 : Grillée

- Justine, réveille-toi ! m'a chuchoté Adam en me secouant l'épaule.

J'ai grogné quelque chose d'incompréhensible, le visage enfoui dans mon oreiller. Il a ouvert des stores et la lumière du jour a éclairé la chambre à travers les immenses baies vitrées.

- Putain, mais c'est huit heures, Adam.

- Justement. Ils vont bientôt se réveiller, faut que tu retournes dans la chambre de Maya.

- Je suis crevée, laisse-moi dormir.

Il m'a attrapée par les épaules et m'a retournée sur le dos.

- T'as envie que nos potes sachent qu'on a baisé dans leur baraque ?!

- Non...

- Alors tu bouges ton joli cul et tu descends, a-t-il dit sur un ton bien trop autoritaire.

Je me suis redressée en me frottant les yeux. La nuit avait été courte et je n'avais qu'une envie : me recoucher. Et si possible dans les bras de mon prince charmant. Adam a ramassé mon débardeur qui gisait sur le sol et me l'a lancé à la figure. Ok, pour le prince charmant on repassera. Je l'enfile en vitesse ainsi que mon short et je lui donne un denier baiser.

- Tu vas faire quoi toi ? ai-je dit en caressant ses joues avec mes pouces.

- Moi, je vais me barrer en douce. Antoine croira que je suis parti juste après avoir quitté sa chambre, hier soir. Toi, tu descends discrétos et tu vas te coucher comme si de rien était. Pigé ?

- Oui, chef.

Il m'a donné un dernier baiser et a quitté la pièce. Il me manquait déjà, putain. Lui, sa voix, son odeur, ses... Ok, ta gueule Justine. Je devais me dépêcher d'aller rejoindre les filles dans la chambre de Maya, et discrètement.

J'ai descendu les escaliers le plus silencieusement possible et, arrivée devant la chambre, j'ai poussé légèrement la porte. Naomie et Maya étaient endormies sur le lit. Pour ne pas les réveiller, je me suis installée sur le petit canapé – pas très confortable, d'ailleurs – qui se trouvait dans un coin de la chambre.

Quelques minutes plus tard, j'ai entendu de l'agitation dans la chambre. Maya s'est levée et a quitté la pièce pour nous laisser dormir, Nao et moi. Sauf que, à peine la porte refermée, Naomie s'est redressée.

- Allez, ouvre tes yeux, Justine Picot. On doit causer.

Oh merde... Je grommelle pour lui faire croire que je viens de me réveiller mais c'est peine perdue.

- Arrête ton cinéma. Tu crois que je t'ai pas entendue arriver y'a cinq minutes ?

- Je, euh, j'étais aux toilettes.

- Et t'es redescendue à quelle heure exactement hier soir ?

- Je sais plus trop... tu dormais en tout cas.

- J'adore être prise pour une conne, ma chérie.

- Mais... quoi ?

- Donc toi aussi t'as entendu ces bruits suspects à l'étage ?

Ma gorge a commencé à se serrer.

- Quels bruits suspects ?

- Genre des bruits d'un lit qui tape contre un mur, tu vois ce que je veux dire ?

- Euh...

- Je savais pas qu'Adam et Antoine étaient gays.

- Hein ?!

Bordel de...quoi ? Putain, j peux pas la laisser croire ça.

- Non, non, c'était pas eux, je...

- Dis-moi la vérité, Justine.

- J'ai... Ok, j'ai couché avec Adam.

- J'en étais sûre.

Naomie a froncé les sourcils et m'a regardée d'un air mauvais. Pourquoi a-t-elle l'air si énervée ? Soudain, son regard se radoucit et un immense sourire vient éclairer son visage.

- Je suis si fière de toi ! Mais la prochaine fois, tu me dis la vérité, c'est bien compris ? Pourquoi me cacher un truc pareil, sérieux ?

J'étais rouge comme une tomate.

- Je, je suis pas sûre que Maya et Antoine seraient contents s'ils apprenaient qu'on a fait ça sous leur toit... ai-je dit d'une petite voix.

Naomie a semblé réfléchir un instant.

- Ouais, t'as raison.

- Surtout qu'hier soir c'était tendu entre eux parce qu'Antoine voulait jouer aux jeux vidéo mais Adam voulait faire de la guitare. 'Fin, ça c'était avant que je débarque. Donc s'il apprend qu'Adam s'est barré pour en fait dormir avec moi dans une chambre en face de celle de son pote...

Naomie a grimacé.

- Je vois.

- Donc c'était mieux pour tout le monde qu'Adam parte ce matin. Antoine croira qu'il s'est barré hier soir après leur engueulade.

Elle hoche la tête, pensive.

- Alors ça y est. Vous avez enfin sauté le pas, putain. Il était temps.

- Comment ça ?

- Depuis le début de l'année, vous êtes in love l'un de l'autre. Ça crève les yeux, ma chérie.

- Quoi ? Alors là, n'importe quoi.

Naomie a levé les yeux au ciel mais elle n'a pas eu le temps d'ouvrir la bouche puisqu'on a entendu des cris dans la maison.

- Les filles, réveillez-vous ! Elias est là !