Les yeux de Lola

7/ Révélation

Le lendemain soir, Cathy avait décidé de profiter d'une de ses soirées négociée lors du weekend au ski et de sortir en boîte avec des amies laissant le soin à Tristan de veiller sur Léo. Joignant l'utile à l'agréable, il avait invité des renforts pour éviter de passer sa soirée tout seul planté devant la télé. C'est ainsi que nous avions improvisé une soirée poker. Fred avait répondu présent ainsi que deux amis de Tristan, Loïc et Nicolas.
Il avait préparé des petites choses simples à grignoter et le frigo était rempli de bières, il fallait bien ça pour abreuver cinq assoiffés. Léo était déjà couché, ce n'était pas bien compliqué de s'occuper de lui. On prévoyait une soirée tranquille entre gars à jouer, rire et parler. Nous misions de l'argent réel pour rendre la partie plus intéressante, néanmoins vu que les jetons étaient des pièces de 5, 10 et 20 centimes, les sommes engagées restaient très modestes. Nous voulions passer un moment agréable entre nous et surtout pas entrainer une quelconque rancœur due à une perte d'argent trop importante. Ces soirées servaient de prétexte à des bavardages et des taquineries entre potes.
On commençait tranquillement à s'installer pendant que Cathy, Mélissa et Léna, l'amie de Nicolas, finissaient de se pomponner. Elles n'allaient pas tarder à partir quand quelqu'un frappa à la porte. Cathy alla ouvrir et accueillit Lola qui apparemment se joignait à elles. Quand je vis sa tenue, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Elle avait une mini jupe moulante noire qui lui arrivait à mi-cuisse et un tee shirt blanc ample. Il était court et quand elle levait les bras, il remontait, dévoilant son ventre. Ses jambes étaient recouvertes d'un collant opaque et se terminaient par des escarpins. Seul un manteau couvrait l'ensemble et rendait sa tenue plus sage mais à l'intérieur de la boîte où elles allaient, l'ambiance serait chaude et bien sur elle ne le garderait pas, mettant en évidence sa silhouette parfaite aux yeux de tous...
De plus, ses cheveux relevés laissaient voir sa nuque gracile où se perdaient quelques mèches de cheveux rendant le tout encore plus sensuel. Elle n'avait pas trop forcé sur le maquillage optant plutôt pour du naturel, seuls ses yeux de chat si désarmants étaient sublimés.
Elle était superbe, très sexy... trop sexy !
Elle allait sortir en boîte dans cette tenue ? C'était quoi le message ?
Après avoir passé le choc initial de surprise et m'être remis des émotions suscitées par sa vision, je bouillonnais de colère, j'aurais voulu lui interdire de sortir comme ça. Mais je ne pouvais pas.
En fait, si je l'avais croisée ainsi vêtue lors d'une soirée, j'aurais tout fait pour la draguer, pour la mettre dans mon lit et abuser de son corps. D'ailleurs, sa simple vision avait sérieusement réchauffé mon bas ventre. Mais ce soir, je n'etais pas le prédateur. D'autres hommes allaient essayer de la posséder et je craignais qu'ils y parviennent. Au naturel elle était déjà sublime mais là, elle ressemblait à une bombe atomique et allait sans doute faire autant de dégâts que cette arme sur la raison des mâles qui croiseraient son chemin.
Elle fit à peine un geste de salut et elles partirent s'amuser sans un regard en arrière.
Après réflexion, elles étaient toutes très sexy ce soir.  Curieux, je questionnais les gars :
-Ca ne vous perturbe pas les tenues de vos femmes ?
-Parce que tu crois qu'on a notre mot à dire ? rigola Fred.
-Et puis, tu sais, c'est une histoire de confiance. Cathy peut s'habiller comme elle veut. Je me fous que des mecs la regarde et aient envie d'elle, tant que je suis le seul à abuser de son corps, ajouta Tristan.
Oui, la confiance... Mais eux étaient un couple officiel. Lola ne me devait rien, je n'avais aucun droit sur elle, elle était libre.
Je n'avais jamais été jaloux, pas même quand j'aurais dû. Parfois, il m'était arrivé de partager mes copines avec des potes. Je n'avais pas eu de problème à les voir jouir sous d'autres caresses que les miennes. Cela m'avait même excité de les voir prendre du plaisir pilonnées par une queue tout en me suçant, ou l'inverse.
Mais, décidément, mes réactions me surprenaient en ce qui concernait Lola. La savoir à la merci d'autres mâles en rut dans cette tenue sexy, provocante, aguichante me rendait jaloux. Cela me mettait carrément hors de moi et je peinais à faire bonne figure devant les autres.
Je devais me rendre à l'évidence, ce que je ressentais pour elle était fort, très fort.
La soirée se poursuivait, la colère que j'éprouvais fermait mon visage, faisant de moi un redoutable joueur de poker. Et ce soir, la chance était avec moi, une fois n'est pas coutume, j'avais de bonnes mains.
La chance du cocu, pensais-je amèrement. Je ne l'étais pas dans les faits, bien sûr, mais c'était l'effet que ça me faisait.
-Dites, les gars, comment vous avez su que vous étiez amoureux ? hasardai-je après quelques bières.
Fred et Tristan qui me connaissaient bien, me regardèrent intensément. Ils devaient comprendre à demi-mots les questions qui tourmentaient mon esprit.
C'est Tristan qui se lança le premier :
-Avant de sortir avec Cathy, elle était ma meilleure amie, on s'entendait bien. Mais en plus, je la désirais, elle m'attirait. C'est d'ailleurs toujours le cas... Mais ce n'est pas qu'une histoire de sexe... Quand elle n'est pas là, elle me manque. Elle est la première personne à qui je veux parler quand il m'arrive quelque chose, de bien comme de mal. Et puis... je sais pas, je me sens heureux avec elle, tout simplement.
Les autres acquiesçaient, semblaient comprendre ce dont il parlait.
Fred enchaina :
-Je me sens bien avec Mel, pleinement moi-même. C'est dur à expliquer. T'es bien placé pour savoir qu'avant j'étais comme toi un électron libre. Mais avec elle, je n'ai plus envie de courir après les meufs, de batifoler à tout va. Elle me comble. Ca ne m'empêche pas de regarder d'autres femmes et d'apprécier leurs courbes mais au final, je reviens vers elle, elles ne lui arrivent pas à la cheville.
Je les remerciais de leur sincérité, ils ne s'étaient pas foutu de moi, sans doute que le ton de ma voix et mon visage incitait au sérieux et non à la moquerie. Je méditais sur ces confidences. Il était rare que l'on parle de nos sentiments, encore plus que j'amorce ce genre de discussion, mais j'avais besoin de mettre un mot sur ce que j'éprouvais.
Je la désirais, j'aimais être en sa compagnie, je pensais à elle très souvent... Et ce soir, la jalousie qui m'avait étreint le cœur...Pas de doute, je le soupçonnais depuis un moment sans accepter de me l'avouer mais là, je devais me rendre à l'évidence : j'étais amoureux de Lola, raide dingue amoureux. Maintenant que j'en avais pris conscience et que je savais que je ne pouvais pas lutter, j'allais devoir lui dire ou au moins lui faire comprendre.