5/ Le dîner

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Tristan et Cathy étaient déjà arrivés, ils m'aidaient à finir de mettre la table quand Fred et Mélissa frappèrent à la porte. Après les salutations d'usage, Tristan commença à servir l'apéritif, disant :
-Maintenant que tout le monde est là, apéro !
-Non, il manque Lola, le contredis-je.
Tous se regardèrent, étonnés.
-Lola vient ? demanda Fred.
On frappa à la porte. Sans lui répondre, j'allais ouvrir.
Sans surprise, Lola se tenait devant moi. Et pourtant, je mis quelques secondes à me remettre de ma vision. Sous son manteau, elle portait une robe portefeuille noire qui mettait en valeur sa poitrine, sa taille fine et ses longues jambes recouvertes d'un voile noir. Des escarpins allongeaient sa silhouette. Elle était maquillée légèrement et ses cheveux étaient relevés en un chignon lâche. Je la trouvais splendide.
-Tu me laisses entrer ? me taquina-t-elle, alors que je restais silencieux depuis de longues secondes.
-Euh...bien sur !! bredouillai-je.
Les gars vinrent l'accueillir et la présenter aux filles. Au passage, Tristan me donna un petit coup de coude et me chuchota :
-Ferme la bouche, mec, tu baves...
A cet instant, je devais ressembler au loup de Tex Avery, avec la mâchoire par terre et les yeux exorbités. A chaque fois que je la voyais, ce que je ressentais était d'une rare violence. Cette sensation nouvelle me paralysait et commençait à m'inquiéter. Je respirai profondément pour rassembler mes esprits.
Et pour calmer les battements fous de mon cœur.
La soirée était agréable, chaleureuse. Nous riions, racontant des anecdotes sur nos enfances et des souvenirs de jeunesse. Lola nous parla un peu plus d'elle. Elle travaillait dans une banque comme conseillère et venait d'être mutée sur Bordeaux. Elle était fille unique et ses parents vivaient dans la région paloise. Malgré le fait qu'elle ait quitté la demeure familiale à ses 18 ans aussitôt son Bac en poche, elle restait très proche de sa famille passant des heures au téléphone avec sa mère.
Sa vie sentimentale avait été assez chaotique. Elle ne semblait pas avoir eu beaucoup d'amants et restait assez réservée sur ce sujet. La plupart des hommes qu'elle avait fréquenté s'était révélé être des abrutis ou des menteurs, parfois les deux, et ces relations passées lui laissaient un arrière goût amer.
Avec un tel passif, il n'était pas étonnant qu'elle considère les hommes comme des salops.
Je me rendais compte que pour elle, je ne devais pas faire exception à la règle. Les femmes, même si je les respectais, étaient pour moi des objets de plaisir et de désir. Je pensais que parce que les choses étaient bien établies dès le départ, personne ne souffrait. Mais j'avais peut-être tort. J'avais peut-être blessé certaines des femmes avec qui j'avais eu une liaison sans m'en rendre compte.
Le sexe sans sentiment était facile, naturel pour moi. C'était la seule façon de fonctionner que je connaissais. Quand j'étais plus jeune et qu'une copine voulait me présenter à ses parents, rendant la relation officielle, je m'enfuyais, rompant sans ménagement. Je refusais de me laisser emprisonner le cœur, l'âme et surtout le corps. Je ne concevais pas de ne coucher qu'avec une seule femme pour le reste de ma vie et parallèlement à cela, je me refusais à trahir mes partenaires. Cette réflexion m'avait poussé à n'avoir que des relations assez superficielles avec la gent féminine et cela me convenait parfaitement.
Mais ce n'était pas le cas de tout le monde et Lola ne partageait pas ma vision du sexe et de l'amour. Je craignais sa réponse à ma proposition maintenant que je la connaissais mieux.
Alors que j'étais à la cuisine occupé à préparer les cafés. Cathy, ma belle-sœur, vint m'aider et en profita pour me  sonder :
-Donc, voilà la fameuse Lola...
-Comment ça, fameuse ?
-Tristan m'a dit qu'elle te plaisait.
-Il peut pas tenir sa langue celui-là ! grognai-je.
-De toute façon, c'est visible comme le nez au milieu de la figure !
-Comment ça ?
-J'ai bien vu comment tu la regardes avec tes yeux de merlans frits !
-A ce point-là ?
-T'as l'air bien atteint, oui. Mais à quel point ? Le grand tombeur serait-il amoureux ? risqua-t-elle.
-Non... J'en sais rien...elle me plait....beaucoup.
Tu parles qu'elle me plait !
Je la trouvais belle, merveilleuse et en sa présence, un sourire resté collé à mes lèvres. Mon corps parlait pour moi. Mon cœur s'emballait dès que je la voyais, dès que je pensais à elle, ce qui arrivait...plus souvent que je ne voulais l'admettre.
Mais mon cerveau n'arrivait pas à comprendre tous ses signaux. Je la désirais, oui, ça c'était très clair, mais pourquoi ses yeux me donnaient l'impression de transpercer mon âme ? Pourquoi je me sentais si vulnérable et désarmé par son sourire ?
En sa présence, je me sentais à la fois fort et faible, en même temps en feu et apaisé... Mes sentiments étaient très déconcertants et confus et je n'arrivais pas à analyser ce phénomène.
Je la regardais sourire, parler avec mes proches et je ne rêvais que de la prendre dans mes bras, l'embrasser, la toucher, la sentir, la ressentir.

La soirée  se termina tranquillement. Alors que les deux couples prenaient congés, Lola trainait, m'aidait à débarrasser, à ranger.
-C'est gentil de m'aider, Lola, mais je terminerais demain.
-En fait, je voulais aussi te parler, sans les autres....
Elle paraissait gênée, ennuyée. C'était l'heure de vérité...
-Tu n'es pas intéressée par ma proposition... Je me trompe ?
-Je ne pense pas pouvoir dissocier le sexe et les sentiments. Je suis vraiment désolée. Je ne veux plus souffrir. Mais je crois qu'on pourrait être amis. J'ai vraiment aimé notre balade en roller, discuter avec toi. Et ce soir, c'était vraiment bien, vous êtes tous si gentils. Ca te convient ? Amis ?
Après un instant d'hésitation, j'acquiesçai :
-Ami.
Même si je ne le montrais pas, j'étais déçu, très déçu. Mais je préférais rester son ami et rester dans sa vie. C'était mieux que rien. Et puis, je comprenais son choix, elle voulait se protéger d'une nouvelle déception.
Il fallait juste que je me sorte de la tête la vision de son corps nu, bandant, convulsant sous un orgasme.
Facile...

Les yeux de Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant