27/ Issue

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Elle restait là, assise, les mains jointes entre ses cuisses serrées, après les révélations que je venais de lui faire. Je me tenais debout devant elle, j'étais tellement désolé, je me sentais tellement mal. Je n'arrivais pas à déchiffrer l'expression de son regard. Elle ne pleurait plus. Elle ne parlait pas. Ce silence m'assourdissait, ne le supportant plus, j'ajoutais :
-Dis quelque chose.... S'il te plait....
-Tu prends souvent de la drogue ? dit-elle, braquant ses yeux dans les miens.
Surpris par cette question, je bredouillai :
-Non... en fait ça faisait des années que je n'en avais pas pris. Après le décès de mon père, il y a eu une période où j'en prenais souvent, jusqu'à ce que Tristan me secoue et me ramène à la raison.
-Pourquoi t'as replongé alors ? continua-t-elle.
-J'ai jamais été accro, j'ai pas de réelle dépendance. Mais c'est le meilleur moyen que je connaisse pour oublier la douleur, j'oublie tout, plus rien n'a d'importance.
-Va falloir trouver un autre moyen....
-Y'a le sexe aussi... risquai-je.
-Justement, ce genre d'orgie, ça fait partie de tes habitudes ? J'veux dire, je sais que tu aimes le sexe, mais c'est ça qui t'excite, le faire à plusieurs?
-J'ai souvent pratiqué à trois, mais plus, c'est très rare. C'est excitant, c'est sur, mais ce n'est pas ce que je préfère.
-Et c'est quoi ce que tu préfères ?
-Me sentir en harmonie, en osmose, comme avec toi...
Ne relevant pas ma dernière remarque, elle se leva, croisant ses bras sur sa poitrine, et se planta devant moi, enchainant avec un calme surprenant :
-Comment je peux te faire confiance maintenant ?
-J'aurais pu te cacher tout ça, j'aurais peut-être dû..... Mais j'ai préféré tout te dire, parce que s'il y a une chance, une toute petite chance pour que tu me pardonnes...et puis je t'ai promis que je ne te mentirai jamais...
-Je ne veux pas être une autre de tes conquêtes, si j'accepte de te pardonner, tu n'auras pas droit à une autre chance....prévint-elle.
L'espoir renaissait, elle envisageait de m'accorder l'absolution ?
-Tu...Tu... Tu veux dire que... tu serais prête à... bafouillai-je lamentablement.
-Je comprends pourquoi tu as fait ce que tu as fait, même si je constate que quand tu fais une connerie, tu ne la fais pas à moitié... Tu pensais que je te rejetais, c'est un peu ma faute aussi, j'aurais dû prendre le temps de t'expliquer pourquoi j'avais besoin de faire le point. Mais quand même, sur un malentendu, tu fais une orgie... Tu comprends que c'est dur pour moi d'encaisser que t'as fini ta nuit avec toutes ces femmes...
-Je te promets.... Plus jamais.... S'il te plait, j'étais désespéré, je voulais effacer les images des mains de l'autre se promenant sur ton corps, j'ai fait n'importe quoi...tu dois comprendre que je n'aurais jamais fait ça si je n'étais pas persuadé que tout était fini entre nous, que j'étais fou de chagrin, que je voulais simplement stopper cette douleur dans ma poitrine qui me comprimait le coeur... pardonne-moi, implorai-je.
Je me rapprochai d'elle avec le fol espoir que tout n'était pas perdu. Elle n'avait pas hurlé, n'avait pas balancé la vaisselle à travers la pièce, ne m'avait pas jeté les bibelots à la figure comme je m'y étais attendu. Elle était restée posée, analysant le pourquoi de la situation. Elle me sidérait et je ne l'en aimais que davantage.
-Lola...
Nos corps se touchaient à présent, je lui saisis le menton délicatement entre le pouce et l'index, l'obligeant à relever la tête. Mon cœur battait la chamade. Mon regard inquiet plongea dans ses yeux verts et les mots que je n'avais jamais dit à une femme franchirent enfin mes lèvres dans un souffle :
-Je t'aime.
J'approchais ma bouche de la sienne et y déposai un baiser léger. Comme elle ne se dérobait pas, je recommençais jusqu'à ce qu'elle entrouvre ses lèvres et que sa langue vienne à la rencontre de la mienne. Je revivais, sentir le goût de ses lèvres, la chaleur de son corps contre le mien, c'était tellement bon...
Après ce long baiser délicat et sensuel, elle se recula et ajouta :
-Tu penses ce que tu viens de dire, ce n'est pas pour faire passer la pilule?
-Je n'ai jamais été plus sincère.
Elle scruta mon regard pour lire les émotions que je ne cherchais plus à cacher. J'avais ouvert mon coeur et le lui offrais sur un beau plateau en argent.
-Ca ne veut pas dire que tout est oublié... Mais je te donne une autre chance... , annonça-t-elle.
Je souriais, fou de joie. Cette femme était vraiment incroyable !

Les yeux de Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant