28/ Paternité

326 24 0
                                    


Quelques jours plus tard, Laëtitia m'envoya un message :
-On est en route pour l'hôpital, c'est le grand jour !
J'étais au travail quand je le reçus mais moins d'une heure plus tard je filais directement en direction de la maternité. Je mis Lola au courant, lui demandant de me rejoindre.
Elle arriva presqu'en courant dans les couloirs de l'hôpital, alors que j'attendais patiemment assis sur une chaise.
-Le bébé est déjà arrivé ?
-Non, non, mais ça ne saurait tarder, d'après ce que les sages femmes ont dit, elle était presque complètement dilatée à l'arrivée.
- Tu ne veux pas être présent pour l'accouchement ?
-Je te l'ai dit, cet enfant, ce sera comme un neveu ou une nièce, pas plus.... Je n'ai pas assisté à l'accouchement de Cathy...dis-je avec un sourire amusé.
On avait beaucoup parlé de ce bébé. Lola était toujours sceptique sur ma capacité à me détacher de lui et à ne pas être réellement le père, à ne pas m'impliquer comme tel. Mais dans mon esprit, c'était très clair et pour les mamans aussi. Je ne le reconnaitrais pas, n'aurai aucun droit, aucune responsabilité, aucun devoir mais je ferais partie de sa vie comme un tonton. De plus, la coparentalité donnait à Laëtitia les mêmes droits que ceux d'une mère sans devoir passer par l'adoption.
Cela faisait quasiment deux heures que nous attendions dans les couloirs de la maternité, tantôt assis, les jambes remuant nerveusement, tantôt marchant de long en large tel un lion dans sa cage, quand Laëtitia s'approcha de nous avec un sourire triomphant sur le visage :
-C'est un magnifique petit garçon !
-Tout s'est bien passé ? Et Déborah ? questionnai-je.
-Oui, oui, tout va bien, ils vont bien tous les deux, dit-elle en m'enlaçant.
-Merci, c'est grâce à toi, ajouta-t-elle alors qu'une larme de joie roulait sur sa joue.
-On peut les voir ? demandai-je, impatient.
Elle nous guida jusqu'à la chambre qui avait été attribuée à Déborah. Elle nous précéda et ouvrit la porte doucement.
-Regarde qui je ramène ? dit-elle.
-Matt, Lola !
Déborah était étendue sur un lit, son bébé dans les bras. Elle semblait fatiguée, ses cheveux étaient en bataille, elle n'était pas maquillée mais le sourire qu'elle affichait et son regard pétillant de bonheur la rendait magnifique.
Nous nous approchions lentement d'elle. Mon regard se porta immédiatement sur ce petit être. Il semblait si fragile, si paisible.
-Vous avez choisi un prénom ? demanda Lola.
-Après beaucoup d'hésitations, nous avons choisi Nolan. Vous aimez ?
Sans répondre, je demandais :
-Je peux le prendre ?
Je sentis trois paires d'yeux me dévisager.
-Ben quoi ? , dis-je indigné, je ne vais pas le laisser tomber, j'ai déjà pris Léo dans mes bras !
Déborah me tendit précautionneusement le bébé.
Une fois bien installé dans mes bras, je regardais cette petite âme .Il était adorable, vraiment mignon, ses yeux bleus bien ouverts me regardaient.
-Salut Nolan...
Je souriais bêtement malgré moi, admirant ce miracle vivant. Sa petite main potelée agrippa mon doigt et une bouffée d'amour m'envahit. Cet enfant venait de provoquer une immense émotion qui inonda mon âme.
Il est beau mon fils...
Puis, je le tendis vers Laëtitia qui le prit en le couvant du regard.
-C'est VOTRE fils, vous avez intérêt à prendre soin de lui...
Et voilà, c'était fait, je venais d'abandonner cet enfant pour le confier à ses deux mamans. Je mentirais en disant que cela ne me rendait pas triste, néanmoins lire le bonheur sur leurs visages et savoir que je verrais grandir le petit Nolan m'apporta tout le réconfort dont j'avais besoin.
Lola, qui était restée en retrait, vint se serrer dans mes bras. Elles paraissaient toutes soulagées, apaisées, l'atmosphère se détendit d'un coup, comme si elles reprennaient leur respiration normale et en un éclair je compris le malaise de tout à l'heure. Elles n'avaient pas eu peur que je tienne mal Nolan ou que je le fasse tomber, non, elles avaient toutes craint que je change d'avis et revendique mes droits de père craquant devant cet adorable bout de chou et mettant le bazar dans nos vies à tous.
Avoir tenu ce bébé dans mes bras sachant que je partageais mon ADN avec lui était un peu étrange, cela avait réveillé un désir dont je n'avais pas conscience, un désir qui me surprenait. Je me rendais compte que, peut-être, après tout, il était possible, qu'éventuellement, à moyen terme, je sois prêt à devenir père...

Les yeux de Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant