10/ Conséquences

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Déborah et Laëtitia m'avait invité un soir en semaine, juste pour un repas, m'avaient-elles précisé.
Je sentais l'ambiance électrique, survoltée et au moment de trinquer avec un verre de vin, j'avais demandé pourquoi Déborah n'avait que du jus de fruit. Elle m'avait répondu par un sourire resplendissant, Laëtitia avait rajouté qu'elle ne boirait plus d'alcool pendant encore plusieurs mois. Ma bouche s'était ouverte de surprise et j'avais crié « t'es enceinte ? ». Elles avaient acquiescé et nous nous étions enlacés tous les trois. Cette nouvelle venant de n'importe quelle autre de mes maitresses m'aurait fait paniquer. Mais là, j'étais sincèrement heureux pour elles.
Cela faisait quelques années maintenant, que Déborah et Laëtitia voulaient un enfant. Elles s'étaient pacsées deux ans plus tôt et la suite logique était un bébé pour sceller leur union.
Au début, elles avaient pensé faire une FIV avec un donneur anonyme. Elles avaient tenté toutes les deux, sans succès. La procédure était longue, pénible, fastidieuse. En effet, pour pouvoir prélever plusieurs ovocytes fécondables, il fallait se faire des injections d'hormones tous les jours. Ce traitement hormonal était couplé à des échographies pour vérifier la maturation, puis ensuite venait la ponction folliculaire visant à récolter ces ovocytes en vue de la fécondation. Le transfert embryonnaire ne se faisait que deux jours plus tard. Tout ce protocole avait lieu à la clinique. C'était terriblement contraignant, éprouvant, autant physiquement que psychologiquement.
Un soir, lors d'un repas, Déborah m'avait fait part de leur désir d'enfants et des difficultés qu'elles rencontraient. La décision était venue de moi. Je voulais leur faire ce cadeau. Sur le coup, elles étaient restées perplexes devant l'étrangeté de la situation, moi, devenir le père de leur enfant...mais après en avoir longuement parlé, nous avions tous convenu que c'était sans doute la meilleure solution.
J'avais fait un test de dépistage pour m'assurer que tout allait bien. Malgré les nombreuses maîtresses que j'avais eues, je n'avais pas eu peur du résultat. En effet, je m'étais toujours protégé et le test était venu confirmer ce que je savais déjà.
Depuis lors, nous avions laissé faire la nature, ne nous protégeant pas lors de nos rencontres, cela faisait environ 6 mois maintenant.
Même si j'étais le géniteur de cet enfant, nous avions décidé que je ne le reconnaitrais pas à sa naissance. Je ne serais pas son père, n'aurais aucun droit ou devoir envers cet enfant d'un point de vue légal.  Malgré tout, je serais plus assimilé à un oncle bienveillant et cela m'allait très bien. Voir grandir cet enfant, l'aimer, le couvrir de bisous et de cadeaux, oui, l'éduquer, en être responsable, le soigner quand il serait malade, non. Je n'étais pas encore prêt à assumer un enfant.
Bien sûr, je n'en avais parlé à personne. Pas même à Tristan.

Les yeux de Lola Où les histoires vivent. Découvrez maintenant